L’essentiel…
le 21-01-2019 – MALADIES ÉMERGENTES
Maladies émergentes, des maladies souvent créées par l’homme
Le monde est ainsi fait qu’il y aura sans doute toujours des maladies qui apparaissent au fur et à mesure que d’autres sont contrôlées, voire éradiquées. Ce constat introduit la notion de maladies émergentes, des maladies nouvelles, inconnues jusqu’alors, comme l’a été le SIDA au début des années 80 ou plus récemment la fièvre Ebola, ou de maladies réemergentes, des maladies connues, pratiquement disparues et qui refont une apparition plus ou moins fracassante pour diverses raisons ; on pourrait actuellement citer la tuberculose qui revient en France du fait des flux migratoires mais aussi de personnes sensibles, notamment toutes celles qui souffrent d’un déficit de leurs défenses immunitaires, par exemple du fait d’une infection à VIH.
La forêt tropicale, réservoir de virus inconnus
Selon les épidémiologistes, une maladie ne peut être qualifiée d’émergente que si elle est nouvelle et d’une certaine importance en raison du nombre de personnes touchées à un moment donné.
Parmi les nouvelles maladies, les plus nombreuses sont les fièvres dites hémorragiques et que l’on décrit principalement en zone tropicale. Du reste, la forêt tropicale est considérée comme un immense réservoir de virus encore inconnus, qui s’équilibrent les uns les autres ; que l’homme vienne bouleverser cette écologie microbienne et le risque de voir surgir de nouvelles maladies explosera. La fièvre Ebola, en partie responsable de la raréfaction des grands singes du continent africain, illustre ce risque. Le virus du SIDA ou virus de l’immunodéficience humaine (VIH) fait également partie de ces nombreux virus qui, avant de s’attaquer à l’homme, étaient responsables de zoonoses, c’est-à-dire d’infections touchant l’animal.
Pour qu’un virus sévissant dans le règne animal puisse s’attaquer à l’homme, il faut généralement qu’il suive un processus d’humanisation, c’est-à-dire d’adaptation à l’homme, ce processus étant facilité par nombre d’activités humaines au contact des animaux infestés. Et c’est là une notion essentielle : les maladies émergentes sont presque toujours liées aux activités humaines, ce qui pour certains est un signal fort pour imposer le respect de la forêt tropicale et de son précieux équilibre.
Maladies émergentes aux États-Unis
Mais nos pays modernes ne sont pas pour autant épargnés. Si on prend la première puissance mondiale, les États-Unis, elle n’a pas été épargnée par des nouvelles maladies, en particulier la légionellose ou la maladie de Lyme. La légionellose, ou maladie du légionnaire, doit son nom à l’épidémie qui frappa aux États-Unis les participants d’un congrès d’anciens légionnaires : nombre d’entre eux furent atteints d’une grave infection pulmonaire avec une lourde mortalité. L’enquête sanitaire permit d’identifier l’agent responsable de la maladie, une bactérie, la légionelle, qui se multiplie particulièrement bien dans les systèmes de climatisation de l’air. Depuis ce constat, une maintenance sanitaire de ces systèmes a été imposée. Mais la légionelle se trouve dans nombre d’autres endroits associant milieu humide et tempéré, à commencer par la douche ; si bien qu’il est recommandé, avant de passer sous la douche, de laisser couler celle-ci quelques secondes, le temps que l’eau élimine les légionelles qui auraient pu s’y multiplier. Quant à la maladie de Lyme, plusieurs explications sont avancées pour expliquer sa rapide progression, en particulier l’extension des zones urbaines aux frontières des forêts, urbanisation responsable d’une fragmentation écologique. Les tiques qui véhiculent l’agent pathogène sont amenées au contact de l’homme par des rongeurs qui vivent dans les forêts mais qui n’hésitent plus guère à envahir les villes frontalières, attirés par les déchets produits par la vie humaine.
Comme la légionelle, le virus du Chikungunya (qui, en swahili signifie marcher courbé) se multiplie dans de l’eau stagnante tiédasse. Que les conditions atmosphériques soient favorables et que l’homme multiplie les réceptacles contenant de l’eau stagnante, ne serait-ce que les soucoupes placées sous les pots de fleur, et le virus prolifère, contamine les moustiques qui infectent l’homme. Mais on ne peut à proprement parler de maladie émergente car ce virus qui a durement frappé l’Ile de la Réunion il y a tout juste deux ans n’est en rien nouveau : il a été décrit en 1953 en Tanzanie !
L’introduction par inadvertance de germes pathogènes dans de nouvelles zones géographiques peut être à l’origine de maladies réémergentes. C’est par exemple le cas du choléra. Son agent pathogène, le Vibrio cholerae, qui a été responsable d’une épidémie dans les États du sud des États-Unis en 1991, serait arrivé après qu’un cargo ait déversé des ballasts d’eau contaminée à proximité des côtés ; et il est probable que l’apparition du choléra en Amérique latine la même année et pour la première fois au cours du 20e siècle, résulte d’une cause similaire.
Exemples de facteurs favorisant l’émergence de maladies nouvelles
- Facteurs environnementaux : réchauffement de la planète, changements dans la biodiversité, urbanisation et déforestation, flux migratoires, mauvaise gestion des eaux…
- Facteurs médicaux : résistances aux antiviraux et aux antibiotiques, transmission nosocomiale…
- Facteurs liés à l’agent pathogène : mutations comme celle du virus de la grippe aviaire provoquant une pandémie grippale…
- Facteurs liés au vecteur de l’agent pathogène : pression de sélection exercée par les insecticides
- Facteurs liés à l’hôte : il peut s’agir aussi bien de traitements provoquant une nouvelle maladie comme la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeld-Jakob, que de comportements (toxicomanies, pratiques sexuelles).