Actualités – publiée le 13/10/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Medicine and Science in Sports and Exercise
L’exercice dans des conditions de restriction du flux sanguin modeste (BFR : Blood Flow–restricted Exercise) ou « entraînement ischémique » a souvent été évoqué comme permettant d’améliorer l’adaptation des muscles squelettiques. Cette nouvelle étude de l’Université de l’Ohio a regardé comment, dans le cas particulier de la lombalgie, ce type d’exercice, en particulier le « Kaatsu », peut permettre de soulager des douleurs non spécifiques du bas du dos. Les conclusions présentées dans la revue Medicine and Science in Sports and Exercise, permettent de faire un point sur l’exercice « BFR » mais, dans l’attente de nouvelles preuves scientifiques, remettent en question l’efficacité de ce principe pour soulager les douleurs lombaires.
Car l’étude menée par Brian Clark, Ph.D. a porté spécifiquement sur un type d’exercice avec restriction du flux, breveté sous le nom de Kaatsu. La littérature suggère globalement que l’exercice avec BFR caractérisé par une compression afin de réduire l’apport sanguin à un ensemble de muscles au cours de l’entrainement, améliore les effets de l’exercice sur la taille et la force des muscles. La restriction du flux sanguin favorise la synthèse des protéines musculaires et accélère la croissance musculaire en dépit de l’utilisation de charges faibles.
Des avantages suggérés mais à valider en contexte clinique
L’exercice avec BFR, une pratique de plus en plus populaire : il y a plus de 25 ans, une étude scientifique* suggérait que l’exercice dans des conditions de restriction du flux sanguin modeste permettait d’optimiser l’adaptation des muscles squelettiques par rapport à l’exercice standard. Au cours des dernières décennies, on s’est intéressé de plus en plus au potentiel de ces exercices BFR à faible charge : un certain nombre d’études ont montré que ces exercices BFR à faible charge pouvaient constituer un puissant stimulant pour une augmentation de la taille, de la force et de l’endurance musculaires. Cette pratique a donc progressivement gagné en popularité.
Un effet systémique y compris sur les muscles non sollicités ? Outre ces effets d’augmentation de la taille, de la force et de l’endurance des muscles, il a été prouvé que l’exercice BFR permettait de favoriser la croissance de muscles qui ne sont pas soumis à l’exercice dans des conditions « traditionnelles » : Cet effet d’« hypertrophie systémique » a été documenté par plusieurs études. L’une d’entre elles a ainsi signalé une augmentation de 12% de la taille des muscles fléchisseurs du coude après 10 semaines d’exercice de résistance des jambes, mais pas des bras ! C’est ce que les experts appellent un « transfert croisé d’effet », et cet effet est bien confirmé par plusieurs études. Quelle explication ? Cet effet systématique a trouvé une explication via l’augmentation des facteurs de croissance endocriniens après l’exercice BFR. Cependant, cette explication scientifique a ensuite été remise en question par des données suggérant l’absence d’influence hormonale systémique sur la croissance et le gain de force musculaires.
Un tel effet croisé vaut-il pour les muscles du dos ? Ici, l’équipe est justement à la recherche d’un tel phénomène dans le contexte de la musculature du tronc en cas de lombalgie. Ce transfert croisé des effets de l’exercice dans des conditions de restriction du flux sanguin sur les muscles du tronc pourrait bien évidement être bénéfique dans la lombalgie. Car si la pathogenèse de la lombalgie reste encore mal comprise, la faiblesse et la fatigabilité des muscles extenseurs du tronc permettent de prédire le risque et les premiers épisodes de lombalgie, ainsi que ses récidives. Alors que la grande majorité des exercices destinés à la rééducation dans la lombalgie non spécifique sont effectués à faible charge, l’équipe a regardé si l’exercice BFR pouvait contribuer à renforcer les muscles extenseurs du tronc, chez 30 jeunes adultes. Mais cette petite étude n’identifie aucune différence significative après pratique de cet exercice, un résultat qui, reconnaissent les chercheurs est en contradiction avec les données positives rapportées par de précédentes études.
Alors efficace ou pas dans la prise en charge du mal de dos ? L’auteur principal confirme : « Notre constatation est en contradiction avec la grande majorité de la littérature mais cela ne m’a pas surpris du tout ». Pourquoi ? L’étude actuelle aurait mis en œuvre une méthodologie plus rigoureuse que les recherches précédentes. Cependant, le débat n’est pas clos. Car l’échantillon, en particulier était très modeste.
Si ces résultats ne répondent pas à la question posée, ilds incitent néanmoins à explorer davantage les avantages de la restriction du flux sanguin sanguine dans l’exercice, dans de plus larges études, dans des situations cliniques données et sur un plus long terme.
Source: Medicine and Science in Sports and Exercise September 2019 DOI : 10.1249/MSS.0000000000001984 Blood Flow–restricted Exercise Does Not Induce a Cross-Transfer of Effect (Visuel Kinesport)
* Acta Physiol Scand. 1993 Effects of ischaemic training on local aerobic muscle performance in man
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