Publié le 27/06/2019
Plus de 50 % des patients qui font des randonnées en haute altitude présentent divers symptômes (céphalée, embarras gastrique, fatigue, insomnie, vertige, lipothymie) réunis sous le terme de mal aigu des montagnes (MAM). Parallèlement, jusqu’à 25 % des sujets qui font des courses à des altitudes modérées (2 000 à 3 000 mètres) peuvent aussi éprouver de tels symptômes. Par ailleurs, il arrive que le MAM évolue vers une pathologie plus grave qui peut mettre en jeu le pronostic vital, comme c’est le cas de la survenue d’un œdème pulmonaire ou d’un œdème cérébral.
Cependant, on ne sait pas précisément pourquoi certains sujets sont plus susceptibles que d’autres au MAM. Des antécédents de MAM, le nombre de jours passés en altitude lors des 2 mois précédents et le nombre d’ascensions effectuées sont des facteurs déterminants de la survenue d’un MAM. Ces facteurs contribuent probablement à l’apparition d’une hypoxémie plus ou moins sévère qui initie ensuite la cascade des événements conduisant au MAM.
Le foramen ovale perméable (FOP) est un résidu embryologique du shunt droit-gauche ; dans la population générale, il est présent chez 18,0 % à 27,3 % des sujets et, selon sa sévérité, il peut être à l’origine d’une hypoxémie. West et coll. ont tenté :
1- de savoir si le FOP est plus fréquent chez les randonneurs en haute altitude qui développent un MAM que chez les randonneurs qui en restent indemnes ;
2- de déterminer si le FOP est ainsi un facteur de risque de survenue d’un MAM.
Quatre fois plus de risque d’avoir un MAM
L’étude a porté sur 137 randonneurs recrutés entre 2016 et 2018 ; tous effectuaient une marche à une altitude supérieure à environ 3 000 mètres. Ils ont été conviés à remplir un questionnaire et ont bénéficié de la recherche systématique d’un FOP par échographie-Doppler avec injection d’une solution saline. Le diagnostic de MAM devait être confirmé par deux médecins.
La prévalence du FOP s’est ainsi révélée significativement plus élevée chez les randonneurs qui présentaient un MAM (15 cas de FOP chez 24 participants soit 63 %) que chez les randonneurs qui en étaient indemnes (44 cas de FOP chez 113 participants soit 39 %) (p = 0,034).
En analyse multivariée, la présence d’un FOP multipliait par plus de 4 le risque de développer un MAM (odds ratio 4,15 ; intervalle de confiance 95 % : 1,14 à 15,05; p = 0,030).
Ainsi, les randonneurs à haute altitude qui ont un FOP ont un risque significativement accru de développer un MAM par rapport aux randonneurs qui en sont indemnes. Les cliniciens devraient donc considérer le FOP comme un facteur de risque potentiel de MAM chez les sujets qui ont l’intention de faire une randonnée en haute altitude.
Dr Robert Haïat
RÉFÉRENCE : West Am J BH et coll. : Relation of Patent Foramen Ovale to Acute Mountain Sickness. Am J Cardiol., 2019; 123: 2022−2025.
Copyright © http://www.jim.fr