Sophie Coisne | 22.03.2019

omsLe Quotidien du Médecin

Crédit Photo : AFPZoom

Suite à la naissance de bébés manipulés génétiquement en Chine en novembre dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place un comité consultatif d’experts afin de travailler sur l’encadrement de l’édition du génome humain. Celui-ci a rendu mardi un premier avis : il propose notamment la mise en place d’un registre international des recherches menées dans ce domaine.

En novembre 2018, l’OMS et la communauté scientifique ont été mises devant le fait accompli : un généticien peu scrupuleux avait pris l’initiative de modifier le génome d’embryons humains afin de leur conférer une protection contre le VIH. Un scandale que l’organisation mondiale souhaite désormais éviter.

Destiné à travailler pendant deux ans sur la question, le comité consultatif réunit des spécialistes internationaux de la science et de l’éthique. On compte parmi ses rangs le neurologue français Hervé Chneiweiss, directeur du comité d’éthique de l’Inserm – et qui s’était exprimé dans nos pages sur le rôle du scientifique face à des manipulations de ce genre – ou encore Margaret Hamburg, ex-commissaire de la FDA.

« Il est irresponsable à ce stade pour quiconque de procéder à des applications cliniques de l’édition du génome des cellules germinales », a expliqué le comité dans un communiqué. Margaret Hamburg, sa coprésidente, refuse toutefois de parler de moratoire sur l’édition du génome des cellules germinales, comme l’on fait 18 scientifiques – dont certains découvreurs de l’outil d’édition CRISPR-Cas9 – dans « Nature » la semaine dernière.

Dans la mesure où « l’édition du génome a un potentiel considérable pour la santé », selon les mots du directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, il est nécessaire pour l’organisme international non pas d’interdire toute recherche sur le sujet mais d’organiser sa gouvernance et de l’inscrire dans un cadre. Le comité promet sur ces points des propositions concrètes.

« Nous proposons que toutes les recherches en la matière soient enregistrées, explique Margaret Hamburg. Il faut également réfléchir à la façon de demander aux financeurs de conditionner le financement des recherches sur l’édition du génome humain à leur enregistrement dans ce registre. »

Source : Lequotidiendumedecin.fr