Damien Coulomb 12.11.2018 Crédit Photo : S. Toubon Zoom
L’obésité au cours de l’adolescent serait associée à un risque de cancer du pancréas multiplié par 4 à l’âge adulte, selon une étude israélienne publiée dans la revue « Cancer ». L’étude indique également un risque de cancer du pancréas significativement augmenté chez les personnes se situant dans la limite haute de la fourchette de poids normal.
Les chercheurs de l’université de Tel Aviv et du centre médical Rabin ont croisé 2 sources : des données sur le poids des adolescents mesuré lors d’une visite médicale obligatoire pour les jeunes Israéliens entre 16 et 19 ans, et celles du registre national israélien du cancer. En tout, ce sont des données de plus d’un million de garçons et de plus de 700 000 jeunes filles, pesés entre 1967 et 2002, qui ont été incluses dans l’analyse.
Risque accru en cas d’IMC élevé
Chaque membre de cette population a été classé, non pas en fonction de son IMC proprement dit, mais du « classement » de son IMC dans la cohorte. Cette dernière a ainsi été divisée en plusieurs catégories : les patients ayant un poids normal entre les 5e et 85e percentiles, eux-mêmes répartis entre la fourchette basse du poids normal (entre les 5e et 75e percentiles) et la fourchette haute (entre les 75e et 85e percentiles), les patents en surpoids (entre les 85e et 95e percentiles) et les patients obèses (au-delà du 95e percentiles).
Au cours d’un suivi médian de plus de 23 ans, 551 nouveaux cas de cancers du pancréas, dont 423 chez les hommes et 128 chez les femmes, ont été recensés. En comparaison aux personnes considérées comme ayant un poids normal, l’obésité est associée à un risque de cancer du pancréas multiplié par 3,67 chez les hommes et par 4,07 chez les femmes.
Chez les hommes, un IMC dans la limite haute de la normalité (entre le 75e et le 85e percentile) est associé à un surrisque de cancer de 49 % tandis que le surpoids (entre le 85e et le 95e percentile) est associé à une augmentation de 97 % du risque de cancer, comparé aux personnes qui ont un IMC dans la fourchette basse de la normalité, c’est-à-dire entre le 5e et le 25em percentile. Selon le Dr Zohar Levi, du département de gastroentérologie du centre médical Rabin, à Petach Tikva, et premier auteur de l’étude, « la part des cancers du pancréas attribuable au surpoids lors de l’adolescence est de 11 % » dans la population de l’étude.
Le rôle déterminant des cellules NK
Cet effet important du surpoids sur le risque de cancer du pancréas serait lié à l’état inflammatoire chronique induit par le surpoids, médié par les cellules NK, comme semble le souligner l’étude publiée dans « Nature Immunology ».
L’équipe du Pr Lydia Lynch, du Trinity College de Dublin, en association avec des chercheurs de l’école médicale de Harvard et de l’hôpital pour femmes de Bringham, a en effet observé, dans un modèle animal, que l’activité anticancéreuse des cellules NK était bloquée par l’obésité.
Les cellules NK reconnaissent toujours les cellules cancéreuses, mais sont désormais incapables de les éliminer. Chez la souris obèse, les récepteurs activés par les proliférateurs de peroxysomes (PPAR) sont fortement activés, ce qui provoque une paralysie complète du métabolisme cellulaire des cellules NK. L’administration d’acides gras et d’agonistes des récepteurs PPAR reproduit les mécanismes observés chez la souris obèse, en inhibant la glycolyse médiée par la voie mTOR, ce qui bloque les mécanismes cytotoxiques au niveau de la synapse entre les cellules NK et la cellule tumorale.
Source : Lequotidiendumedecin.fr