Mardi 5 décembre 2017 – ACTUALITÉS & OPINIONS FORMATION MÉDICALE CONTINUE Actualités & Opinions – Dr Isabelle Catala avec Marlène Busko – AUTEURS ET DÉCLARATIONS 4 décembre 2017
Boston, États-Unis — Jusqu’à présent toutes les études validant les bénéfices de l’activité physique chez les sujets âgés étaient fondées sur l’analyse d’auto-questionnaires mais il est désormais possible d’affiner la notion d’activité physique grâce au port d’un accéléromètre. Tel était l’objet du travail du Dr I-Min Lee (Brigham and Women’s hospital, Boston) au sein de la population des jeunes sexagénaires de la Women’s Health Study (WHS) et qui est publié dans Circulation[1].
Chez ces femmes âgées de 70 ans et plus, c’est l’activité physique la plus intense, comme la marche rapide qui impacte le plus la survie, avec une réduction du risque de mortalité de 65%.
« Ce bénéfice est supérieur à celui lié à l’arrêt du tabac (50%), a souligné l’investigatrice interrogée par Medscape.
Selon les recommandations américaines, 150 mn d’activité physique modérée à intense par semaine permettent de réduire de 10 à 30 % le risque de décès à court terme. « Il nous a paru intéressant de pouvoir préciser l’amplitude de la réduction en fonction du type d’exercice » commente le Dr Lee.
En revanche, dans ce travail, l’activité physique légère et la baisse de la sédentarité n’influent pas sur la mortalité des plus de 70 ans à 2-3 ans. « Ce résultat peut avoir été biaisé par la sélection d’une population de femmes volontaires en bonne forme physique pour lesquelles un faible niveau d’activité physique n’influe pas sur le devenir » avance l’investigatrice.
Quelle définition ?
Comment définir chez un sujet âgé la notion d’activité physique intense à modérée ? « Une activité qui accélère modérément la fréquence cardiaque, comme une marche rapide, et qui provoque une légère sudation pourrait être l’exemple type » répond le Dr Lee.
Mesure d’activité durant une semaine
Pour apprécier l’impact de toutes les activités physiques sur la mortalité, un accéléromètre en trois dimensions (ActiGraph GT3X+) a été adressé entre 2011 et 2015 aux 18 289 femmes volontaires, parmi les 29 494 femmes toujours en vie de la WHS et âgées de plus de 70 ans.
L’appareil détecte et analyse tous les mouvements effectués par une personne dans 3 dimensions.
Elles avaient pour consigne de l’accrocher à la ceinture pendant 7 jours d’affilée et de le porter au moins 10 h par jour. L’analyse a pu être effectuée sur 15 741 données en individualisant l’exercice physique total, l’exercice modéré à intense, l’exercice léger et la sédentarité.
Les auteurs ont eu aussi accès aux dossiers médicaux de ces patients et, le cas échéant, à leur certificat de décès.
Activité intense médiane de 28 minutes par jour
Les femmes volontaires, plus jeunes et en meilleure forme physique que le reste des femmes de la cohorte, étaient âgées en moyenne de 72 ans à l’inclusion. Elles ont porté le dispositif pendant 15 h par jour.
L’activité physique modérée à intense médiane quotidienne s’est établie à 28 minutes, l’activité légère à 351 minutes et la sédentarité à 503 minutes.
L’analyse globale montre que le risque de décès est abaissé proportionnellement au volume global de l’activité physique. Mais ce qui fait toute la différence, c’est l’activité modérée à intense puisque les chiffres de baisse obtenue sont particulièrement élevés (moins 60 à 70 % chez les 25 % de femmes qui pratiquent de telles activités). A noter que la réduction reste significative après ajustement sur l’âge, le tabagisme, les antécédents personnels et familiaux (IDM, cancers), la qualité du régime alimentaire incluant les apports en graisses saturés.
L’augmentation de l’activité physique légère ou la baisse de la sédentarité n’influent pas sur le risque de décès mais les auteurs estiment que cette donnée pourrait être biaisée par le fait que seules 70 % des femmes – vraisemblablement les plus actives – ont accepté de porter l’accéléromètre et que le suivi des participantes était particulièrement court.
Néanmoins, le grand nombre de participantes inclues et l’impact particulièrement marqué des résultats devraient conduire à prendre en compte la notion d’intensité dans l’élaboration de recommandations sur l’activité physique.
Le risque de décès est abaissé proportionnellement au volume global de l’activité physique.
Liens
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Citer cet article: Dr Isabelle Catala. L’intensité de l’activité physique au-delà de 70 ans influe sur le bénéfice de survie – Medscape – 4 déc 2017.