Publié le 12/11/2020

Bien que les recommandations internationales préconisent de recourir à une hypothermie thérapeutique chez les patients qui sont dans le coma au décours d’un arrêt cardiaque, cette technique reste peu utilisée et les résultats des essais cliniques randomisés qui ont évalué son efficacité sont contradictoires.

C’est ce qui a poussé Rout et coll. à réaliser une méta-analyse afin de préciser les effets de l’hypothermie thérapeutique chez les patients ayant présenté un arrêt cardiaque.

L’étude a été réalisée à partir d’informations informatisées, issues des essais cliniques randomisés qui avaient comparé, chez des patients dans le coma au décours d’un arrêt cardiaque prolongé, les effets de l’hypothermie thérapeutique (température cible : 32° à 34°Celsius) à ceux de la normothermie ou d’une température ≥ 36°Celsius [groupe contrôle]).

L’analyse a finalement porté sur 8 essais cliniques randomisés regroupant 2 026 patients (hypothermie thérapeutique : n = 1 025 ; groupe contrôle : n = 1 001).

Moindre risque d’évolution neurologique défavorable

Quel qu’ait été le rythme cardiaque initial, l’hypothermie thérapeutique s’est trouvée associée à une diminution significative des cas d’évolution neurologique défavorable (rapport de risques [RR] 0,87 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 0,77 à 0,98 ; p = 0,02) sans toutefois modifier la mortalité (RR 0,94 ; IC 95 % : 0,85 à 1,03 ; p = 0,17).

Chez les patients dont le trouble du rythme initial (tachycardie ou fibrillation ventriculaire) avait pu être contrôlé par un choc électrique, l’hypothermie thérapeutique (comparée au groupe contrôle) a diminué tout à la fois la mortalité (RR 0,85 ; IC 95 % : 0,73 à 0,99 ; p = 0,04) et le risque d’évolution neurologique défavorable (RR 0,81 ; IC 95 % : 0,67 à 0,99 ; p = 0,04).

En contraste, chez les patients dont le trouble du rythme initial ne s’était pas amendé à la faveur d’un choc électrique (en raison notamment de la présence initiale d’une asystolie [tracé ECG plat]), l’hypothermie thérapeutique (comparé au groupe contrôle) a seulement diminué le nombre de cas d’évolution neurologique défavorable (RR 0,95 ; IC 95% : 0,91 à 1,00; p = 0,05).

Ainsi, après un arrêt cardiaque prolongé, l’hypothermie thérapeutique est associée, dans tous les cas, à une diminution de la fréquence des évolutions neurologiques défavorables ; mais elle ne réduit la mortalité que chez les seuls patients qui présentaient initialement un trouble du rythme cardiaque susceptible d’avoir été contrôlés par un choc électrique.

Dr Robert Haïat

RÉFÉRENCE: Rout A et coll. : Meta-Analysis of the Usefulness of Therapeutic Hypothermia After Cardiac Arrest. Am J Cardiol., 2020 ; 133 : 48-53.

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Arrêt cardiaque non choquable : un (mince) espoir avec l’hypothermie modérée