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Mitchel L. Zoler AUTEURS ET DÉCLARATIONS  – 14 mai 2021

Virtuel — Près d’un adulte américain hypertendu sur cinq se voit prescrire un médicament connu pour augmenter la tension, d’après les données de l’enquête National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES).

Sur plus de 27 000 participants, près de la moitié avaient une hypertension, et dans ce sous-groupe, 18,5% ont déclaré avoir reçu la prescription d’un médicament connu pour accroitre la pression artérielle.

Parmi ces traitements « hypertensifs », les plus prescrits étaient les antidépresseurs, utilisés par 8,7% des participants; suivis des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) utilisés par 6,5% d’entre eux; les corticoïdes (1,9%) et les oestrogènes (1,7%).

Plusieurs autres médicaments étaient utilisés chacun par moins de 1% de la cohorte de l’étude, a indiqué le Dr John Vitarello (Beth Israel Deaconess Medical Center, Boston), lors d’un point presse virtuel du congrès annuel de l’American College of Cardiology (ACC)[1].

Selon les chercheurs, cette utilisation de médicaments connus pour augmenter la pression artérielle pourrait être ce qui empêche quelque 560 000-2,2 millions d’Américains de contrôler leur hypertension.

Pourtant, dans la moitié des cas, ces traitements pourraient être arrêtés et remplacés par d’autres traitements, note le Dr Vitarello.

Il précise aussi que l’étude n’a évalué que les médicaments sur ordonnance et pas la consommation de médicaments en vente libre qui peut, elle aussi être problématique, notamment en ce qui concerne les AINS.

« Les médecins devraient revoir les ordonnances mais aussi la consommation des médicaments en vente libre des patients hypertendus et envisager d’arrêter les médicaments qui augmentent la pression artérielle ou de trouver des alternatives » neutres sur le plan tensionnel, a souligné le Dr Vitarello lors du point presse.

Selon lui, le maintien de ces traitements chez des patients hypertendus peut entraîner des «cascades de prescription». La prise de médicaments qui augmentent la pression artérielle entraînant l’intensification du traitement antihypertenseur.

Penser aux alternatives aux AINS

« Cette étude, espérons-le, sensibilise au fait qu’il y a une très forte utilisation de médicaments qui augmentent la pression artérielle et l’utilisation des médicaments en vente libre pourrait encore augmenter ce taux », a indiqué le Dr Eugene Yang, cardiologue et codirecteur du programme de bien-être et de prévention cardiovasculaire de l’Université de Washington à Seattle.

Le remplacement de certains traitements antidépresseurs n’est souvent pas envisageable, mais il est possible de réduire l’utilisation des AINS, une classe thérapeutique aussi liée à un risque accru de saignements et à d’autres effets indésirables, a souligné le Dr Yang. Limiter l’utilisation des AINS, y compris l’ibuprofène et le naproxène « est à réfléchir ».

« L’effet des AINS sur la pression artérielle n’est pas bien étudié et peut varier d’une personne à l’autre », a précisé le Dr Vitarello, qui a ajouté que des doses élevées d’AINS et une utilisation prolongée augmentent probablement le risque d’accroitre de la pression artérielle.

Une option raisonnable consiste à encourager les patients à utiliser une autre classe d’analgésiques comme le paracétamol.

Discerner l’impact de chacun des différents AINS sur la pression artérielle et leurs effets indésirables cardiovasculaires reste « un défi », a souligné le Dr Yang. Les résultats d’études sont contradictoires.

« Nous devons être très prudents en utilisant les AINS car, en moyenne, ils augmentent la pression artérielle d’environ 3 mm Hg. Nous devons être attentifs à essayer de prescrire des traitements alternatifs, comme le paracétamol ».

Une décennie de données : détail de l’étude

L’analyse menée par Vitarello et coll. a porté sur les données de 27 599 adultes américains inclus dans l’enquête NHANES entre 2009 et 2018, et s’est concentrée sur les 44% qui avaient une mesure moyenne de la pression artérielle d’au moins 130/80 mm Hg ou qui ont déclaré avoir déjà été informés par un médecin qu’ils étaient hypertendus.

Les investigations ont porté sur les médicaments prescrits à chaque participant.

La prévalence d’au moins une prescription de médicament connu pour augmenter la tension artérielle était de 24% chez les femmes et de 14% chez les hommes, et 4% des personnes souffrant d’hypertension prenaient au moins deux produits augmentant la pression artérielle.

Ces médicaments ont été identifiés à partir de la liste figurant dans les recommandations de 2017 sur la prise en charge de l’hypertension artérielle de l’American College of Cardiology et de l’American Heart Association.

A noter que cette liste précise que les antidépresseurs qui élèvent la pression artérielle sont les inhibiteurs de la monoamine oxydase, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline et les antidépresseurs tricycliques.

Vitarello et Yang n’ont aucun lien d’intérêt en rapport avec le sujet.

Cet article a été initialement publié sur MDedge.com du réseau Medscape. Traduit/adapté par Aude Lecrubier

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Citer cet article: L’hypertension aggravée par des médicaments communément prescrits – Medscape – 14 mai 2021.