Crédit Photo : PHANIEZoom Dr Irène Drogou | 21.09.2018
- Le travail posté, une désynchronisation dangereuse
- Chronobiologie Cardiologie et pathologies vasculaires
Le travail à des horaires atypiques, travail de nuit ou travail posté, est associé à des risques avérés pour la santé, notamment métabolique et cardiovasculaire. Une nouvelle étude montre dans « Scientific reports »que des modifications plus ténues du rythme circadien ne sont pas non plus anodines.
Selon une équipe de la Duke University, avoir des horaires irréguliers de coucher et de lever expose à une moins bonne santé cardiovasculaire dans une étude chez 1 978 sujets âgés de 68 ans en moyenne (54-98 ans). Un rythme changeant était corrélé à un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire à 10 ans mais aussi d’obésité, d’hypertension, d’hyperglycémie, d’HbA1c élevée et de diabète.
Un cadre de vie stable mais des horaires variables
Pour les auteurs, « les associations entre l’irrégularité du sommeil et le risque cardiométabolique s’étendent, bien au-delà des sujets au planning de travail variable, à la population générale qui a un cadre de travail plus stable et/ou qui a quitté le monde du travail ».
Dans ce travail, les chercheurs valident l’outil récent ayant permis de mesurer l’irrégularité du rythme veille/sommeil, l’index de régularité du sommeil (SRI pour sleep regularity index).
Des étudiants moins bons à la fac
L’outil SRI a été développé en 2017 par une équipe du Brigham and Woman’s Hospital de Boston. Cet indice est novateur car il est capable de détecter des changements infimes de rythme, de l’ordre de la minute (par exemple, un coucher à 22h10 plutôt que 22h).
Les pionniers de Boston avaient montré chez quelques étudiants que des horaires irréguliers étaient associés à une sensation moindre de sommeil réparateur, indépendamment de la durée de sommeil totale. Les étudiants au rythme changeant avaient de moins bons résultats à l’université.
Des sujets âgés plus déprimés
Dans cette nouvelle étude chez les sujets plus âgés, l’équipe de Jessica Lunsford-Avery a également constaté de moins bons indicateurs de santé mentale, les sujets aux horaires irréguliers se déclarant plus stressés et plus déprimés. Ces facteurs psychiatriques étaient directement corrélés à la maladie cardiovasculaire.
Un marqueur pour un dépistage précoce
À ce stade, l’étude ne permet pas vraiment de dire si l’irrégularité du sommeil influe sur la santé ou si c’est l’inverse. « Peut-être que tous ces éléments interagissent les uns avec les autres », avance Jessica Lunsford-Avery, psychiatre et auteur principale.
Il reste que des horaires irréguliers pourraient être utilisés comme marqueur de la santé cardiovasculaire afin d’identifier précocement les sujets à risque cardiovasculaire et mettre en place une prévention adaptée, est-il proposé.
Source : Lequotidiendumedecin.fr