mardi 1 décembre 2020
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Lisa Rapaport – AUTEURS ET DÉCLARATIONS 1er décembre 2020
Etats-Unis – Chez les adultes avec antécédent d’infarctus du myocarde, le fait d’avoir eu un ou des traumatismes psychologiques importants pendant l’enfance est associé à un risque plus élevé d’être victime d’un nouvel événement cardiovasculaire, suggère une étude présentée lors du congrès annuel de l’ American Heart Association (AHA) et publiée dans le JAMA Cardiology[1].
Dans ce travail, des chercheurs américains ont examiné les données de 300 patients âgés de 18 à 60 ans (âge moyen 51 ans) qui avaient des antécédents d’infarctus du myocarde (IDM) au cours des 8 derniers mois. Tous les participants ont rempli le formulaire abrégé d’auto-évaluation de des traumatismes psychologiques précoces (Early Trauma Inventory Self Report-Short Form / ETISR-SF), avec une note de 0 (aucun traumatisme) à 27 (traumatisme maximum).
Dans l’ensemble, 154 personnes (51%) avaient un score de traumatisme de 7 ou plus, que les chercheurs ont utilisé comme seuil.
Après trois ans de suivi, 59 événements cardiovasculaires indésirables, y compris un infarctus du myocarde récurrent, un accident vasculaire cérébral, une hospitalisation pour insuffisance cardiaque et un décès d’origine cardiovasculaire sont survenus.
Les participants ayant au moins une certaine exposition à un traumatisme au début de la vie avaient un risque plus que doublé d’événements cardiovasculaires indésirables (rapport de risque de 2,3) par rapport à ceux qui avaient peu ou pas d’exposition à un traumatisme au début de leur vie.
Chaque augmentation de 4 points du score de traumatisme était associée à une augmentation du risque de 30% d’événements cardiovasculaires (HR 1,3).
Alors que plusieurs études avaient déjà fait le lien entre le traumatisme dans l’enfance et un risque accru de maladie cardiovasculaire, restait à savoir si l’exposition au traumatisme était un facteur de risque CV chez les personnes atteintes de maladie coronarienne et les patients ayant des antécédents récents d’infarctus du myocarde, a déclaré auteure principale de l’étude actuelle, le Dr Viola Vaccarino de la Rollins School of Public Health de l’Université Emory à Atlanta (Etats-Unis).
Plus de femmes, afro-américaines et plus d’inflammation
« Nous avons constaté que l’exposition à des événements de vie négatifs tôt dans la vie est très répandue dans la population post-IDM, en particulier dans les groupes de patients jeunes et d’âge moyen avec une forte représentation des femmes et de populations défavorisées », a indiqué le Dr Vaccarino par email. « Ceux qui signalent ces événements courent un risque considérablement accru d’événements cardiaques récurrents et de mortalité. »
La moitié des participants de l’étude étaient des femmes (50%) et la plupart étaient afro-américaines (66%).
En examinant les marqueurs de l’inflammation, les auteurs ont constaté que, par rapport aux participants avec un IDM et un score de traumatisme inférieur à 7, ceux avec un score de 7 ou plus avaient des niveaux plus élevés d’interleukine 6 et de protéine C-réactive au départ.
Les limites de l’étude
L’une des limites de l’étude est sa petite taille, notent les chercheurs.
Une autre limite est le manque de données sur les patients de plus de 60 ans avec IDM, ce qui limite la généralisation des résultats.
En pratique
L’étude montre que les patients qui ont survécu à un IDM et qui ont eu un traumatisme précoce peuvent avoir un risque plus élevé d’événements cardiovasculaires ultérieurs après avoir tenu compte des facteurs de risque classiques, de la santé mentale et de l’inflammation systémique, a déclaré Frederick Ho, chercheur à l’Université de Glasgow qui n’était pas impliqué dans l’étude.
« Les personnes qui ont des antécédents d’infarctus du myocarde sont souvent classées comme étant déjà à haut risque d’événements cardiovasculaires futurs », a indiqué Ho par email.
« Aussi, outre les facteurs de risque classiques tels que l’hypercholestérolémie et le tabagisme, les cliniciens devrait aussi faire attention à des facteurs comme la dépression et l’inflammation chronique. »
Cet article a été publié initialement sur medscape.com sous le titre Early Life Trauma Tied to Increased CVD Risk With MI History by Middle Age. Traduit par Aude Lecrubier
LIENS
- Le bonheur, nouvel objectif en cardiologie
- Déclin cognitif plus important chez les patients coronariens soumis à un stress psychologique
- Références
https://bit.ly/3kYfuCl JAMA Cardiology, online November 13, 2020. AHA 2020
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Citer cet article: Les traumatismes dans l’enfance sont liés à un risque CV accru chez les adultes avec antécédents d’IDM – Medscape – 1er déc 2020.