60 millions consommateursLe Quotidien du PharmacienCharlotte Demarti | 09.11.2018 Phanie Zoom

Somnifères sur ordonnance, en vente libre, mélatonine… Dans son nouveau hors-série « Bien dormir, mode d’emploi », « 60 millions de consommateurs » a enquêté sur ces spécialités qui aident à dormir, trop utilisées et à risque d’effets indésirables méconnus du public.

Trop de somnifères, pris trop longtemps. Tel est le constat que dresse « 60 millions de consommateurs » dans son hors-série du mois de décembre intitulé « Bien dormir, mode d’emploi ». Le magazine passe notamment en revue les diverses catégories de médicaments utilisés pour retrouver le sommeil, disponibles sur prescription ou non, ainsi que certains compléments alimentaires à base de mélatonine.

Dans ce numéro spécial, la revue dresse également le portait de 8 médicaments en vente libre. Deux sont « à privilégier »c’est-à-dire ayant un rapport bénéfice/risque favorable, même si des risques subsistent : Donormyl 15 mg et Lidène 15 mg, qui renferment tous les deux de la doxylamine. « Leur rapport bénéfice/risque est favorable mais ils ne devraient pas être pris plus de 5 jours, en raison de leurs nombreux effets indésirables (somnolence diurne, constipation, troubles visuels, palpitations, etc.) », avance « 60 millions de consommateurs ».

Trois sont classés comme « faute de mieux », leur efficacité est jugée faible mais ils présentent peu d’effets secondaires : Granions de lithium, Omezelis, ou encore Sympathyl. Ces trois médicaments renferment des substances qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité dans les troubles du sommeil.

Enfin, trois spécialités sont « à proscrire », leur rapport bénéfice/risque étant qualifié de défavorable. Calcibronat 2 g : en effet, les dérivés du brome ne sont plus indiqués dans les troubles du sommeil : « Ils ne sont pas efficaces et peuvent entraîner une perte de l’appétit et des épisodes de confusion », indique la revue. Ensuite, Phénergan 25 mg (prométhazine), antihistaminique pourvu de nombreux effets secondaires. Enfin, Toplexil : son usage détourné par certains parents pour faire dormir leur enfant « peut engendrer une dépendance et se révéler dangereux si l’enfant souffre de troubles respiratoires », précise le magazine.

Par ailleurs, « 60 millions de consommateurs » analyse 8 compléments renfermant de la mélatonine, disponibles en vente libre. Au final, aucun n’est à privilégier. « Faute de mieux », on pourra utiliser L-Noxéam Sommeil, Novanuit triple action, ou encore Somniphyt 30’ mélatonine spray buccal. Les cinq autres sont « à proscrire » : Chronodorm mélatonine, C’zen nuit mélatonine, Forténuit 8h, Granions Somdor+ douce nuit et Super mélatonine, notamment, car certains sont fortement dosés en mélatonine (1,9 mg), ou parce que la durée de traitement n’est pas indiquée, « ce qui pose problème pour des produits proposés en vente libre ».

Source : Lequotidiendupharmacien.fr –  ECRIT PAR Charlotte Demarti

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« 60 millions de consommateurs » alerte sur les dangers des somnifères

https://cdn7.lequotidiendumedecin.fr/sites/qdm/files/public/styles/image_principale/public/images/862640/79378_IMG_41015_HR.jpg https://cdn4.lequotidiendumedecin.fr/sites/qdm/themes/custom/qdm/logo.pngDr Irène Drogou | 08.11.2018 Crédit Photo : PHANIE Zoom

Qu’ils soient disponibles sur ordonnance, en vente libre ou au rayon des compléments alimentaires comme la mélatonine, les somnifères de consommation courante sont « loin d’être anodins », met en garde « 60 millions de consommateurs » dans son hors-série « Bien dormir » décembre 2018-janvier 2019, sorti en kiosque ce jour.

Durées de prise trop longues

Le travail de sensibilisation est salutaire car 10 millions de Français consomment des hypnotiques. Alors que « 4 semaines suffisent pour créer une dépendance (physique et psychique) », rappelle le magazine de l’Institut national de la consommation, la durée de prise moyenne frise les 7 mois pour les somnifères sur prescription et de 6 mois pour ceux en vente libre. Le sevrage qui s’en suit peut-être laborieux et émaillé d’un rebond des insomnies avec cauchemars et terreurs nocturnes.

Somnolence, troubles de la concentration et de la mémoire, prise de poids… si ces effets secondaires sont connus des médecins, ils le sont moins du grand public. Le risque aggravant de l’alcool, souvent négligé ou oublié, est rappelé dans le hors-série. Le magazine insiste sur le fait que la notion de vente libre est souvent comprise à tort comme « pas dangereux », certains consommateurs doublant les doses recommandées.

Risque d’hétéro et autoagressivité

Plus rare, le risque d’actes violents (hétéro ou autoagressivité) pour les benzodiazépines est moins connu, un effet secondaire que la prise d’alcool multiplierait d’un facteur 10 selon « 60 millions ». Faisant valoir que « ces anxiolytiques favorisent la plupart des 200 000 tentatives de suicides et autolyses » et que ces passages à l’acte sont plus fréquents qu’imaginé, l’association d’aide aux victimes des accidents et maladies liés aux médicaments (AAA-VAM) a saisi la Haute Autorité de santé (HAS) en juillet 2016 en déplorant l’absence de prévention des autorités sanitaires. La HAS et l’Agence du médicament (ANSM) ont soumis un plan d’action sur le bon usage des benzodiazépines destiné aux professionnels de santé et au grand public… toujours sur le bureau du ministère de la Santé.

La mélatonine, prudence

Concernant la mélatonine, seul le Circadin (2 mg) a le statut de médicament, les autres spécialités étant considérées comme des compléments alimentaires, parfois associées à des plantes, voire… du chocolat !  « 60 millions de consommateurs » rappelle que l’efficacité n’a été démontrée qu’après 55 ans. Conclusion : peu d’efficacité pour des risques possibles, le magazine indiquant que la mélatonine peut dérégler les cycles de sommeil à des taux de 0,5 mg/jour. L’ANSES en 2018 avait mis en garde et recommandé que la mélatonine ne soit pas administrée aux femmes enceintes, aux enfants, aux patients épileptiques, asthmatiques ou ayant des troubles de l’humeur et du comportement.

Le hors-série fait état de méthodes non médicamenteuses pour mieux dormir : relaxation, phytothérapie (valériane notamment reconnue par l’ANSM pour ses propriétés sédative), alimentation, d’accessoires parfois utiles, des applis. Des pistes intéressantes mais pas de solution idéale. Si les thérapies cognitivo-comportementales donnent de bons résultats, le recours est limité par leur coût et l’accès non garanti sur l’ensemble du territoire.

Source : Lequotidiendumedecin.fr