Publié le 17/01/2019
L’âge de la première grossesse ne fait que reculer. Il est de 28 ans aux Royaume-Unis, 30 ans en France. Il est pourtant commun de considérer qu’à 35 ans une femme est une primipare âgée. L’âge de la mère constituant un facteur de risque – faible- de mort in utero, en particulier à terme, nos voisins anglais proposent un suivi par un obstétricien plutôt que par une sage-femme comme cela est l’usage lors de grossesses à bas risque, ainsi qu’une surveillance échographique plus rapprochée et un déclenchement aux alentours de 39SA pour les patientes de plus de 40 ans.
Les femmes connaissent mal les risques liés aux grossesses tardives. Quelles sont alors les attentes et le vécu de primipares de plus de 35 ans ? Une équipe anglaise a interrogé quinze d’entre elles, âgées de 35 à 44 ans. Elles étaient pour la plupart en couple, avaient effectué des études supérieures et cinq d’entre elles avaient eu recours à une PMA.
Le cœur de leur discours tourne autour du sentiment qu’elles n’auront peut-être pas d’autres opportunités d’avoir un enfant et qu’il y a urgence à fonder une famille, ce qui influence leur désir d’être enceinte, la façon dont elles intègrent la notion de risque médical et de prendre les décisions qui en découlent. Cela d’autant plus fortement qu’elles ont la quarantaine ou qu’elles ont eu recours à la PMA.
Des femmes intranquilles
Certaines regrettent que la maternité soit tardive, d’autres l’ont retardée, préférant voyager ou se consacrer à leur carrière professionnelle. Jusqu’à ce que ces objectifs deviennent secondaires, que la stabilité financière soit établie, que le bon partenaire se présente ou tout simplement qu’elles se sentent prêtes à être un bon parent. Elles sont alors surprises que la grossesse soit difficile à obtenir.
L’inquiétude est le lot commun de ces grossesses tardives, même lorsqu’elles sont normales. Dans les premières semaines, les femmes craignent de perdre l’enfant ou qu’il soit anormal et tentent, en vain, de se rassurer en se tournant vers internet, en particulier lorsqu’elles attendent leur premier rendez-vous avec un professionnel de santé. Elles peuvent mettre la grossesse en suspens, jusqu’au 2ème voire 3ème trimestre et escamotent de leur esprit les difficultés de l’accouchement pour se focaliser sur le moment où elles tiendront leur bébé dans les bras. Pour cela, elles se plient volontiers à la proposition d’un déclenchement.
Ces patientes ont donc besoin de beaucoup de réassurance, ce que les professionnels de santé ont parfois du mal à leur apporter car ils ont également ce sentiment que « c’est maintenant ou jamais ». Pour preuve, d’autres femmes à risque (fumeuses, obèses) ne se voient pas proposer un déclenchement, peut-être parce que ce type grossesse n’est pas vue comme étant la dernière.
Marie Gélébart
RÉFÉRENCE : Southby C, Cooke A, Lavender T : ‘It’s now or never’—nulliparous women’s experiences of pregnancy at advanced maternal age: A Grounded theory study. Midwifery 2019 ; 68 : e1-8.
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