Damien Coulomb | 16.05.2018

Les perturbations du rythme circadien sont associées à des troubles mentaux et de l’humeur. Cela avait déjà été suggéré dans des études rétrospectives ou basées sur des questionnaires, mais aucune équipe n’était allée aussi loin que les chercheurs de l’université de Glasgow, dirigés par les Drs Laura Lyall et Cathy Wyse. Dans un article publié dans « Lancet Psychiatry », ils apportent la première preuve directe de cette relation.

Les chercheurs ont en effet mesuré précisément l’impact des perturbations du rythme circadien sur la santé mentale et les troubles de l’humeur, à l’aide des données de plus de 91 000 personnes, de 37 à 73 ans, équipées d’accéléromètre. Ces participants, inscrits dans la banque de données UK Biobank, avaient donné leur accord pour porter un accéléromètre au poignet pendant 7 jours. C’est cet outil qui a permis de mesurer l’activité tout au long de la journée et d’en déduire les éventuelles perturbations du rythme circadien.

Amplitude relative de l’activité

Les chercheurs ont calculé l’amplitude relative de chaque participant, c’est-à-dire la différence d’activité entre les 10 heures les plus actives de la journée et les 5 heures les moins actives. Plus cette amplitude, comprise entre 0 et 1, est faible, moins la distinction entre période de repos et d’activité est marquée, et plus le rythme circadien est perturbé. L’amplitude relative moyenne des participants de l’étude est de 0,87. Les chercheurs ont réparti les participants en 5 quintiles en fonction de leur amplitude, de la plus faible à la plus forte. Chaque participant devait répondre à un questionnaire sur les variations de leur humeur et leur santé mentale.

En comparant les participants d’un quintile donné à ceux d’un quintile supérieur (ayant un meilleur rythme circadien), les auteurs ont constaté une hausse significative de 6 % du risque de dépression majeure au cours de leur vie. Le risque de trouble bipolaire est quant à lui augmenté de 11 %, et celui d’instabilité de l’humeur est augmenté de 2 %. Un rythme circadien plus dégradé est en outre associé à un score de névrosisme (émotionalité négative) plus élevé, à un sentiment de solitude plus fréquent, une moins bonne qualité de vie et de santé ainsi qu’un temps de réactions plus élevé.

« À notre connaissance, il s’agit de la première preuve directe d’un lien entre les perturbations du rythme circadien et les troubles du comportement et de névrose », notent les auteurs, qui voient dans leurs résultats une démonstration de l’intérêt des accéléromètres, facile à utiliser et peu coûteux, dans l’identification des patients à risque de trouble bipolaire.

L’impact du rythme circadien sur les troubles de l’humeur et la santé mentale est un nouvel élément de l’importance de l’horloge biologique dont la description a valu le prix Nobel de médecine 2007 à Jeffrey C. Hall, Michael Rosbash et Michael W. Young.

Source : Lequotidiendumedecin.fr