ACTUALITÉ À LA HUNE CHAMPIONNAT DU MONDE
C’est de loin l’événement de l’année pour le millier d’athlètes rêvant des Jeux de Tokyo. À Aarhus (Danemark), du 2 au 12 août, et comme tous les quatre ans, le championnat du monde va réunir en même temps les dix séries olympiques. Donc toute l’élite mondiale. Le sommet d’Aarhus va permettra aussi d’attribuer 40 % des sésames pour les prochains JO. État des lieux.
Publié le : 01/08/2018 par Didier Ravon
Plus de 1 400 concurrents issus de 90 nations (tout ce qui se fait de mieux en voile légère) et autant d’accompagnants (entraîneurs, comités de course, arbitres, staff, etc). Près de 1 100 bateaux régatant simultanément sur les huit ronds de course de part et d’autre du Dispositif de Séparation de Trafic. Sans oublier plus de 800 bénévoles : le Hempel Sailing World Championship, ou si vous préférez le championnat du monde, est clairement le clou de l’année 2018. À Aahrus, seconde ville du Danemark dans la région du Jutland, ses 40 000 étudiants sur 340 000 habitants, ses pistes cyclables et espaces verts à n’en plus finir, son architecture moderne et sa sublime marina, ce n’est rien de dire qu’on aime la voile.
Au pays du légendaire Paul Elvstrøm, quadruple champion olympique, et des voiliers de course-croisière racés X-Yachts signés par Jeppesen, la régate a toujours mobilisé une importante population de «voileux». Aarhus, qui a organisé nombre de championnats du monde et d’Europe et également le «test event» l’an dernier, se définit à juste titre comme «la cité des voiles et la baie des champions».
Situé par 56 degrés Nord, Aarhus – qui a vu les sept bateaux de la Volvo Ocean Race virer une bouée au fond du port fin juin devant un public en délire – est sous l’influence des perturbations atlantiques qui circulent sur le Nord de l’Europe quand l’anticyclone des Açores est plutôt Sud. «Dans ce cas, on a un temps très -breton- et frais avec des vents de terre qui soufflent du Sud-Ouest au Nord-Ouest entre 15 et 25 nœuds» précise David Lanier, le météorologue de l’équipe de France, sur place depuis plusieurs jours. Depuis quelques mois, Monsieur Météo a engrangé un maximum de données et préparé une sorte de «road-book» à l’adresse des «bleus». Mais comme on a pu le voir, l’Europe suffoque depuis quelques semaines, et le Danemark, guère habitué à des températures de 30 degrés et plus, n’est pas en reste.
«En revanche, s’il fait très beau sous l’influence d’un anticyclone centré sur la Scandinavie, comme c’est le cas en ce moment, les vents sont de secteur Sud-Est modérés entre 5 et 15 nœuds. Aarhus est un plan d’eau difficile car encerclé de terres, avec pas mal de courant et des passages nuageux modifiant la force et la direction des vents. Enfin d’un jour à l’autre, l’on peut avoir des conditions totalement différentes» ajoute Lanier, qui chaque matin envoie par mail ou sms un bulletin complet aux 22 athlètes de l’équipe de France.
Qualifier huit séries sur dix pour Tokyo
Guillaume Chiellino, directeur de l’équipe de France, ne s’en cache pas: «Aarhus est le point d’orgue de la saison. L’objectif avoué est de qualifier huit séries sur dix et de remporter deux ou trois médailles». La spécificité de l’épreuve est d’attribuer 40 % des quotas pour Tokyo. Il n’est pas encore temps de parler de sélection d’athlètes mais bien des séries. À Santander (Espagne) il y a quatre ans, l’équipe de France avait réussi la remarquable performance de qualifier les dix séries du premier coup.
«Tout le monde sait que ce va être très difficile, poursuit Chiellino. Le CIO a réduit de 380 à 350 le nombre de sélectionnés pour Tokyo dans deux ans. En 470, 49er, Finn ou Nacra 17 par exemple, il faudra finir dans les huit premiers pour obtenir son ticket. Et tous les meilleurs régatiers du monde ont la même idée en tête». C’est peu en effet !
Après avoir disputé la Volvo Ocean Race respectivement sur Team Brunel et Mapfre, les Néozélandais Peter Burling et Blair Tuke ont décidé de zapper Aarhus et sont restés chez eux, à Auckland. Il se murmure qu’ils profitent de ce break pour apporter leur «grain de génie» sur le futur monocoque de la 36e Coupe de l’America. Mais les médaillés d’or de Rio en 49er ont annoncé la semaine dernière sur leur page Facebook qu’ils comptaient remettre leur titre olympique en jeu à Tokyo… avant de défendre également la Coupe de l’America chez eux un an plus tard. Disons que, pour leurs adversaires, leur absence au Danemark est un peu une aubaine, l’équipage kiwi n’ayant pas perdu une seule grande régate de 49er quatre ans durant.
En revanche, la Brésilienne Martine Soffiatti Grael, qui elle aussi a découvert la course au large en disputant la VOR sur AkzoNobel, repart à l’assaut d’une nouvelle médaille, espérant se rapprocher de son illustre père Torben quintuple médaillé olympique. La championne olympique de Rio est à Aarhus sur son 49er FX.
Quatre titres mondiaux de suite
En revanche, Marie Riou, qui a remporté la Volvo sur Dongfeng avec Charles Caudrelier, a retrouvé «son» barreur, Billy Besson, avec qui elle a gagné quatre titres mondiaux de suite. L’équipage qui découvre le Nacra 17 désormais équipé de foils a préféré faire l’impasse sur Aarhus mais fera sa grande rentrée à l’automne. Ce n’est rien de dire qu’ils sont attendus. Notamment par les Italiens Ruggero Tita et Caterina Marianna Banti, intouchables depuis l’arrivée des foils sur ces engins instables.
Difficile de ne pas imaginer aussi un podium sans les planchistes Pierre Le Coq, Thomas Goyard et Louis Giard, respectivement premier, second et troisième à Hyères puis Marseille lors de la Coupe du Monde. Quant à la championne olympique de RS:X, Charline Picon, ce mondial à Aarhus est son objectif de l’année après sa pause maternité. En 2014, elle avait survolé l’épreuve à Santander. On peut dire la même chose pour les duos Camille Lecointre-Aloïse Retornaz, Kevin Péponnet-Jérémie Mion et Hippolyte Machetti-Sidoine Dantès en 470 ou encore Jean-Baptiste Bernaz en Laser et Jonathan Lobert en Finn.
Après une remarquable saison, les jeunes Lucas Rual et Emile Amoros, enfin pourraient bien créer la surprise en 49er. Comme eux, ils seront plus de 80 filles et garçons non membres de l’équipe de France, mais bien présents au Danemark !
Pour suivre l’épreuve : www.aarhus2018.com
L’équipe de France à Aarhus
470 hommes : Kevin Péponnet et Jérémie Mion, Hippolyte Machetti et Sidoine Dantès
470 femmes : Camille Lecointre et Aloïse Retornaz
Laser hommes : Jean-Baptiste Bernaz
Laser femmes : Mathilde de Kerangat, Marie Barrué
49er hommes : Mathieu Frei et Noé Delpech, Kevin Fischer-Guillou et Yann Jauvin
49er FX femmes : Lili Sebesi et Albane Dubois
Finn hommes : Jonathan Lobert
Nacra 17 mixte : Moana Vaireaux et Amélie Riou
Windsurf RS : X hommes : Pierre Le Coq, Louis Giard, Thomas Goyard
Windsurf RS : X femmes : Charline Picon.
D.R.