Charlène Catalifaud | 22.05.2019
Crédit Photo : PHANIE Zoom
Selon une étude parue dans « Andrology », 62 % des jeunes Suisses ont au moins un des trois paramètres spermatiques, que sont la quantité de spermatozoïdes, leur mobilité et leur morphologie, qui se situe en dessous des seuils de références de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Les tendances observées ces dernières décennies montrent une nette diminution de la quantité spermatique à l’échelle mondiale, indiquent au « Quotidien » Rita Rahban et Serge Nef, co-auteurs de l’étude. Notre étude est la première à avoir analysé la qualité spermatique à l’échelle de tout un pays. »
Au total, 2 523 hommes âgés de 18 à 22 ans ont participé à l’étude ; ils ont été recrutés par le biais du service militaire, obligatoire en Suisse. « Ce dispositif nous a permis d’obtenir un échantillon d’hommes d’une même tranche d’âge représentatif de la population générale », soulignent les deux auteurs.
Un cinquième des hommes ont moins de 15 millions de spermatozoïdes/ml
L’étude de la qualité du sperme, basée sur l’analyse du volume et la concentration de sperme, la mobilité des spermatozoïdes et leur morphologie, a permis de dresser plusieurs constats :
• 17 % des hommes ont une concentration inférieure à 15 millions/ml (seuil de référence établie par l’OMS sur la base des valeurs spermatiques d’hommes fertiles),
• 25 % ont moins de 40 % de spermatozoïdes mobiles,
• 43 % ont moins de 4 % de formes de spermatozoïdes normales,
• seuls 38 % ont des valeurs au-dessus des seuils de l’OMS pour les différents paramètres étudiés,
• 5 % ont des seuils inférieurs à ceux de l’OMS pour l’ensemble des paramètres,
• la concentration spermatique médiane de la population étudiée est de 47 millions de spermatozoïdes/ml ; en Europe, les concentrations vont de 41 à 67 millions selon les pays.
Une faible qualité spermatique est associée à un risque accru d’infertilité. « En dessous de 40 millions/ml, le temps pour parvenir à la conception d’un bébé augmente significativement », relèvent les auteurs.
Le tabagisme in utero, un facteur de risque important
Les jeunes hommes ont aussi été invités à répondre à un questionnaire portant notamment sur leurs antécédents médicaux et leur mode de vie. Leurs mères ont également répondu à des questions sur la période allant de la conception à la naissance des participants. Ces données ont montré que 18 % des hommes présentant une concentration spermatique inférieure à 15 millions/ml avaient été exposés in utero au tabagisme maternel (contre 11 % des hommes ayant des concentrations supérieures à 40 millions).
Par ailleurs, les auteurs ont mis en évidence, à partir des données de registres régionaux, une augmentation de l’incidence du cancer du testicule entre 1980 et 2014, qui est passée de 7,6 cas pour 100 000 à 10,4. « Nous pensons que l’environnement et le style de vie peuvent affecter in utero le développement testiculaire, ce qui peut avoir des conséquences à l’âge adulte sur la qualité spermatique ou le développement de cancer », avancent les auteurs.
Si plusieurs facteurs de risque sont suspectés, à la fois in utero et à l’âge adulte (obésité, tabagisme, perturbateurs endocriniens…), « il est nécessaire de continuer à faire de la recherche pour identifier les causes », concluent les auteurs.
Source : Lequotidiendumedecin.fr
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Les Britanniques ont moins d’activité sexuelle qu’il y a 40 ans
Par Pr Philippe Chanson le 23-05-2019
Plusieurs pays développés ont récemment rapporté une diminution des rapports sexuels, avec une diminution dans la proportion des personnes qui ont une activité sexuelle et parmi ceux qui ont une activité sexuelle, dans la fréquence des rapports sexuels.
On disposait de peu de données jusqu’à maintenant en Grande-Bretagne de même qu’on ne connaissait pas les facteurs liés au style de vie qui étaient associés à la fréquence des rapports sexuels. Ceci a donc conduit une équipe d’épidémiologistes britanniques à analyser les variations, au cours du temps, de la fréquence des rapports sexuels rapportés et à évaluer les associations entre la fréquence des rapports sexuels et un certain nombre de variables sélectionnées.
Ils ont utilisé pour cela des enquêtes répétées, transversales, de population, menées en 1991, en 2001 et en 2012.
Chez les femmes, le nombre médian d’occasions d’activité sexuelle dans le mois précédent était de 4 dans la première enquête de 1991 ainsi que dans celle de 2001 et de 3 dans l’enquête de 2012. Chez les hommes, elle était de 3 dans l’enquête de 1991, dans celle de 2001 et dans celle de 2012. La proportion des patients qui ont rapporté ne pas avoir eu de rapports sexuels dans le mois précédent est tombée entre 1991 et 2001 de 28.5 % à 23 % chez les femmes et de 30.9 % à 26 % chez les hommes mais elle est remontée significativement dans l’enquête de 2012 à 29.3 % chez les femmes et à 29.2 % chez les hommes. La proportion de ceux qui ont rapporté avoir plus de 10 actes sexuels dans le mois précédent a augmenté entre l’enquête de 1991 et celle de 2001, passant de 18.4 % à 20.6 % chez les femmes et de 19.9 % à 20.2 % chez les hommes mais a diminué dans l’enquête de 2012, passant à 13.2 % chez les femmes et 14.4 % chez les hommes.
Les participants âgés de plus de 25 ans et ceux qui étaient mariés ou vivaient en couple ont eu les diminutions les plus importantes dans la fréquence des rapports sexuels. Parallèlement à ces diminutions dans la fréquence des rapports sexuels, la proportion des sujets rapportant qu’ils auraient préféré avoir des rapports sexuels plus souvent a augmenté. Les odds ratio ajustés en fonction de l’âge montraient que les hommes et les femmes en meilleure santé physique et mentale avaient plus souvent des rapports sexuels de même que ceux qui avaient un emploi et que ceux qui avaient des revenus élevés.
En conclusion, la fréquence des rapports sexuels a diminué récemment en Grande-Bretagne, de manière plus importante chez les sujets jeunes d’âge moyen et ceux qui sont mariés ou vivent en couple. Reste maintenant à expliquer ces observations dans le contexte des modifications technologiques, démographiques et sociales observées en Grande-Bretagne.
Sources :
Wellings K et al. Changes in, and factors associated with, frequency of sex in Britain : evidence from three National Surveys of Sexual Attitudes and Lifestyles (Natsal). BMJ 2019 ; 365 : l1525.
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Les Français plus nombreux que jamais à souffrir de troubles de l’érection
Un couple au lit (Photo d’illustration). – Flickr/CC Commons /tamaralvarez
En France, 61% des hommes ont déjà été victimes de troubles de l’érection, d’après une nouvelle étude de l’Ifop publiée ce mercredi. Un sujet encore majoritairement « tabou » chez la gente masculine, souligne l’étude.
Une étude de l’Ifop pour la plateforme de santé Charles.co, publiée ce mercredi, révèle que les Français n’ont jamais été aussi nombreux à souffrir de problèmes d’érection. Pas moins de 6 hommes sur 10 ont déjà rencontré des troubles érectiles au moins une fois au cours de leur vie: un chiffre en hausse continue ces 15 dernières années.
En 2005, ils n’étaient « que » 44% à en avoir déjà rencontré, contre 61% aujourd’hui.
Et pour bon nombre de ces hommes, il ne s’agit pas d’un souvenir lointain ou d’une vague expérience de jeunesse, dans la mesure où ils sont plus d’un sur trois (38%) à admettre avoir connu une forme de troubles du désir ou de l’érection au cours des 12 derniers mois.
IFOP –
Dépendance aux écrans et baisse de libido
Parmi les variables lourdes qui influent sur ce type de troubles, on trouve l’âge, le stress ainsi que le lieu de résidence. Les hommes habitants en agglomération parisienne (46%) y étant nettement plus sujets que les ruraux (36%).
Pour la toute première fois, cette étude montre aussi que la dépendance aux écrans peut avoir un impact sur la libido masculine. Chez les moins de 35 ans, le nombre d’individus victimes de troubles du désir est nettement supérieure à la moyenne chez les hommes visionnant quotidiennement « des vidéos pornographiques, les réseaux sociaux, les applis d’information ou les films et séries tels su’en offrent des services comme Netflix ».
« Étant happés par le contenu hautement addictif figurant sur leurs écrans, les jeunes auraient moins d’intérêt physique pour leur partenaire au point de relayer le sexe au second plan », explique François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » à l’Ifop.
Un sujet encore tabou
Or, même en 2019, ces troubles génèrent des complexes chez les hommes, qui ont « une vision très phallocentrée du plaisir sexuel ». D’après l’étude, les hommes concernés ne sont pas toujours disposés à parler de ces troubles, que ce soit à leur partenaire ou à un professionnel de santé.
Près de deux tiers d’entre eux (63%) ont déjà eu des complexes sur leur capacité à avoir une érection, et 62% sur le fait de garder leur sexe en érection pendant tout un rapport. Par conséquent, le nombre d’hommes n’ayant jamais consulté de médecin à ce sujet s’élève à 72%, et seul un quart des hommes concernés en ont déjà parlé à quelqu’un.
Un homme sur trois (33%) reconnaît avoir déjà donné à son conjoint uen fausse excuse pour masquer un problème sexuel, la fatigue physique étant de loin l’argument le plus avancé. Par ailleurs, les chiffres montrent que les hommes ayant des troubles de l’érection sont deux fois plus nombreux à être complexés par la taille de leur sexe.
« Une conception pénétrative du plaisir sexuel »
Cette étude révèle que « la gent masculine a encore « une conception très pénétrative du plaisir sexuel masculin ». 56% des hommes, et 64% des hommes de moins de 30 ans, estiment qu' »un rapport sexuel doit impliquer une pénétration pour être pleinement satisfaisant ».
Pour retrouver du désir, la grande part des hommes concernés fait marcher la fabrique à fantasmes. 43% ont recours au porno, et 42% repensent à de précédents rapports sexuels. Mais dans l’ensemble, les Français restent réticents à recourir à des médicaments permettant d’améliorer les problèmes d’érection, même si 56% d’entre eux pourraient l’envisager.
Les jeunes hommes âgés de moins de 30 ans se distinguent de leurs aînés du fait qu’ils recourent davantage aux produits psycho-actifs tels que le Viagra, la forte quantité d’alcool, ou encore la drogue et les produits aphrodisiaques.
Étude IFOP pour Charles.co réalisée en ligne du 19 au 24 avril 2019 auprès d’un échantillon de 1957 personnes, de la population masculine française âgée de 18 ans et plus, résident en France métropolitaine.
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Jeanne Bulant