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PAR CHARLÈNE CATALIFAUD – PUBLIÉ LE 30/08/2019
Crédit photo : PHANIE
Selon les travaux d’une équipe française (Institut Pasteur de Lille/Université de Lille/CNRS), les gènes liés à l’obésité commune n’agissent pas au niveau de la régulation de la faim, mais font intervenir des mécanismes liés à l’addiction et à la récompense. Leur étude, publiée dans « International Journal of Obesity », apporte un nouvel éclairage sur la prise en charge des patients.
Contrairement aux formes monogéniques qui font intervenir des gènes de régulation de l’appétit, l’obésité commune résulte d’un ensemble de facteurs génétiques. « La corpulence est un trait génétique héritable à 70 % », précise au « Quotidien » le Pr Philippe Froguel, co-auteur de l’étude.
106 gènes étudiés
Des études d’association pangénomique (GWAS) ont permis d’identifier plus de 250 loci ayant un rôle dans la prise de poids. Grâce à la connaissance de ces variants, des scores de risque permettent de prédire le risque d’obésité. « Une question restait toutefois sans réponse : où sont exprimés ces gènes de susceptibilité ? », interroge le Pr Froguel.
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont eu recours à la technologie Nanostring. Cette méthode leur a permis de quantifier l’ARN – et donc l’expression génique – dans un grand nombre d’échantillons de tissus humains (tissus cardiaques, adipeux, pancréatiques, cérébraux…).
Au total, 106 gènes de susceptibilité ont été étudiés. La plupart d’entre eux étaient fortement exprimés dans le cerveau. « Nous nous attendions à ce résultat, toutefois, nous sommes les premiers à avoir mis en évidence une forte expression en particulier dans deux zones impliquées dans les mécanismes d’addiction et de récompense : la substance noire et l’insula », souligne le Pr Froguel. En revanche, les gènes n’étaient pas exprimés dans l’hypothalamus, zone qui régule l’appétit.
Une prise en charge comportementale
« Les causes de l’obésité commune sont complètement différentes de l’obésité monogénique. Alors que la forme monogénique entraîne la faim, la forme commune est associée à un besoin de manger pour gérer un stress, des émotions… », résume le Pr Froguel.
Cette découverte a des conséquences directes sur la prise en charge des patients. « Celle-ci doit passer par une prise en charge comportementale pour lutter contre l’addiction et non par un régime qui va créer un sentiment de manque », estime le Pr Froguel.
Source : lequotidiendumedecin.fr