Revue de presse Mediscoop du 10-07-2020
Par Mme Aude Rambaud – Saint-Germain-en-Laye[Déclaration de liens d’intérêts]
L’exposition aux familles de polluants potentiellement cancérigènes ou perturbateurs endocriniens est généralisée dans la population française mais les enfants présentent les taux les plus importants.
L’alimentation ou encore l’utilisation de cosmétiques favorisent l’imprégnation par certains polluants alors qu’une bonne aération du domicile peut être favorable. Ces données issues de la cohorte française Esteban sont parues dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire.
Le volet de biosurveillance de l’étude Esteban montre que les enfants sont plus imprégnés par les substances potentiellement nocives pour la santé ; des cancérogènes ou des perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés.
Cette étude menée en population générale chez des sujest âgés de 6 à 74 ans a permis de mesurer l’imprégnation pour six familles de polluants retrouvés dans les objets du quotidien (cosmétiques, vernis, peintures, solvants, textiles, revêtements adhésifs de poêle, jouets en plastique, etc) : bisphénols A, S et F, phtalates, perfluorés, retardateurs de flamme bromés, éthers de glycol et parabènes.
Les résultats font part d’expositions généralisées avec 100% de l’échantillon analysé imprégné par les bisphénols, le PFOS, le PFOA et les métabolites des phtalates recherchés, mais les niveaux d’imprégnation sont généralement plus élevés chez les enfants de 6 à 17 ans.
Cela pourrait s’expliquer par des contacts cutanés et de type « main bouche » plus fréquents, des expositions plus importantes aux poussières domestiques et un poids corporel plus faible par rapport à leurs apports alimentaires pour la plupart des substances mesurées sauf pour les perfluorés.
Les résultats montrent par ailleurs que l’utilisation de produits cosmétiques et de soins augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol et qu’au contraire, la fréquence d’aération du logement diminue les niveaux d’imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés.
Jusque-là, les biomarqueurs testés n’avaient jamais été dosés dans un si large échantillon avec une représentativité nationale. Il s’agit donc d’une première photographie de l’exposition de la population française à ces familles de polluants.
Référence : Clémence Fillol et al. – Exposition aux polluants du quotidien de la population francaise en 2014-2016 d’après l’étude Esteban.
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 7 juillet 2020, n°18-19
Santé et environnement : données de biosurveillance et études d’imprégnation
[Retrouvez l’abstract en ligne]
Date de publication : 10 juillet 2020