Accueil ›  Kiosque ›   Version PDF 18 NOV 2019  Bernard BAUDUCEAU, Paris

Drouin-Chartier JP et al. Diabetes Care 2019 Oct 3. pii: dc190734. doi: 10.2337/dc19-0734.

Depuis des décennies, la question des édulcorants suscite la polémique, les accusant tantôt de tous les maux et parfois les banalisant complètement. Chez les patients diabétiques, les édulcorants intenses (aspartame, stévia) offrent l’avantage de ne pas apporter de calories, de ne pas modifier la glycémie et de permettre au sujet de garder le plaisir du goût sucré. Aussi la tendance est-elle de ne pas les interdire et de les préférer aux boissons sucrées.

Cet article apporte de nouveaux éléments qui amènent à s’interroger sur la parfaite innocuité de ces substances édulcorantes et sur les risques de leur consommation dans la survenue d’un diabète de type 2.

Cette étude de suivi s’est attachée à déterminer les conséquences à long terme des modifications de la consommation des boissons sucrées (incluant les jus de fruit) et des boissons édulcorées sur le risque de survenue du diabète de type 2.

L’enquête de suivi a concerné 76 531 femmes de la Nurses’ Health Study (1986-2012), 81 597 femmes de la Nurses’ Health Study II (1991-2013) et 34 224 hommes de la Health Professionals’ Follow-up Study (1986-2012). Les modifications dans la consommation de boissons (en portion de 8 onces par jour soit un peu moins d’un quart de litre) ont été calculées à partir de questionnaires adressés tous les 4 ans. Des modèles de régression multivariés de Cox ont été utilisés pour calculer les relations entre le risque d’apparition d’un diabète et les modifications dans la consommation des différentes boissons. Les résultats des trois cohortes ont été regroupés sous la forme d’une métaanalyse pondérée.

Au cours des 2 783 210 années-personnes de suivi, 11 906 cas de diabète de type 2 ont été documentés. Après ajustement pour l’IMC, les modifications du mode de vie et les habitudes alimentaires, l’augmentation de la consommation de boissons sucrées de plus d’une demi-portion par jour (soit environ 1/8 de litre) sur la période de 4 ans de suivi a été associée à majoration de 16 % du risque d’apparition de diabète.

L’augmentation de la consommation de boissons édulcorées de plus de 0,50 portion par jour était associée à un risque accru de diabète de 18 %. Enfin, le fait de remplacer une portion quotidienne de boisson sucrée par de l’eau, du café ou du thé, en excluant les boissons édulcorées, était associé à une réduction de risque de diabète de 2 à 10 %.

Le risque de favoriser le diabète a déjà été soulevé dans des travaux précédents. Ce travail montre que l’augmentation modérée de la consommation de boissons sucrées ou de boisson édulcorée s’accompagne d’un risque d’incidence du diabète de type 2 voisin mais légèrement plus élevé pour les boissons avec édulcorant. Il est cependant possible que la prise de boissons avec édulcorants relève d’un biais de causalité inverse, les patients les plus à risque de diabète consommant plus fréquemment des boissons édulcorées.

Voici un document de plus à inscrire en défaveur des édulcorants intenses. La suite à la prochaine étude pour alimenter une controverse sans fin.