SÉNOLOGIE Date de publication : 6 avril 2018
Par le Pr Florence Dalenc (Institut Claudius Regaud – Toulouse) [Déclaration de liens d’intérêts]
Article commenté :
Molecular characterization and mortality from Breast Cancer in men.
Massarweh SA, Sledge GW, Miller DP et al.
J Clin Oncol. 2018 Mar 27 : JCO2017768861.
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Très peu de publications sont consacrées au cancer du sein chez l’homme, du fait d’une incidence limitée (1% des cancers du sein surviennent chez un homme, représentant environ 2600 nouveaux cas par an aux EU).
Une mutation germinale BRCA2 est identifiée chez 6 à 16% des hommes ayant un cancer du sein. Elle est souvent associée à un âge jeune au diagnostic et à un grade tumoral plus élevé. Dans 95% des cancers du sein infiltrants survenant chez l’homme, une expression du RE est retrouvée.
Les auteurs rapportent dans cet article les données histologiques et le Recurrence Score (RS) de 3.806 et 571.115 cancers du sein RE+, survenus respectivement chez un homme et une femme entre 2004 et 2013, ainsi que les données de survie spécifique liée au cancer du sein à 5 ans chez 322 hommes et 55.842 femmes.
La médiane d’âge au diagnostic est de 64,2 ans chez les hommes versus 59,1 ans chez les femmes (p<0.001). Conformément aux données de la littérature, les hommes ont le plus souvent :
– un carcinome infiltrant de type non spécifique soit canalaire (87,6 versus 81,3%, p<0.001) ;
– plus rarement que les femmes un carcinome de type lobulaire (1,2 versus 8,2%, p<0.001) ;
et sans que l’on ait d’explication, plus de forme papillaire (4,4 versus 0,7%, p<0.001).
Plus d’hommes que de femmes ont une tumeur avec un RS élevé (> 31) : 12,4 versus 7,4% (p<0.001) et très souvent, ils ont dans ce cas un âge < à 40 ans, à la différence des femmes qui peuvent avoir une tumeur avec un RS >31 quel que soit leur âge. On ne sait si cela est à relier aux mutations BRCA2.
De plus, davantage d’hommes ont un RS très bas (<11) voire nul, dès qu’ils ont un âge > à 40 ans au diagnostic. Les hommes qui ont un cancer du sein à un âge < 50 ans, ont une faible expression des gènes en lien avec la voie du RE, ce qui suggère que la physiopathologie des cancers du sein RE+ chez l’homme n’est pas la même selon leur âge au diagnostic.
Enfin, dans cette série les données de Survie Spécifique à 5 ans sont moins bonnes chez les hommes que chez les femmes avec des taux à 5 ans de 99% (IC95% : 99.3-99.9), 95,9% (IC95% : 87.6-98.7) et 81% (IC95% : 53.3-93.2) chez les hommes ayant une tumeur avec un RS < 18, entre 18-31 et > 31 respectivement ; alors que les taux chez les femmes sont de 99,5% (IC95% : 99.4-99.6), 98,6% (IC95% : 98.4-98.8) et 94,9% (IC95% : 93.9-95.7).
Toutefois, ces chiffres sont à prendre avec précaution car l’intervalle de confiance est nettement moins satisfaisant chez les hommes.
C’est aussi l’occasion de rappeler que l’hormonothérapie adjuvante de référence chez les hommes reste le tamoxifène et non les anti-aromatases qui ont montré une infériorité en adjuvant
(Eggeman et al., BRCT 2013).