Revue de presse Mediscoop du 03-11-2022
Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]
– Date de publication : 3 novembre 2022
Quelle est la place des antidépresseurs dans la prise en charge symptomatique de l’arthrose ?
Une revue Cochrane montre que l’utilisation des antidépresseurs entraîne un faible soulagement de la douleur à l’échelle d’une cohorte importante de patients souffrant d’arthrose du genou et pour certains de la hanche.
Cependant, certains d’entre eux connaissent une amélioration importante de leur douleur associée à un gain de fonction. La cause de la douleur pourrait être spécifique à ce groupe de « bons répondeurs ».
Une revue Cochrane a évalué l’utilisation des antidépresseurs dans le traitement symptomatique de l’arthrose du genou et de la hanche chez l’adulte.
Les auteurs ont inclus des essais contrôlés randomisés d’adultes comparant l’utilisation d’antidépresseurs à un placebo, avec ou sans anti‐inflammatoires non stéroïdiens, en termes d’efficacité (douleur et fonction) et d’effets indésirables, et avec une durée de 8 à 16 semaines.
Les critères principaux étaient la douleur, le taux de réponse, la fonction physique, la qualité de vie et la proportion de participants ayant interrompu les essais en raison d’événements indésirables ou ayant subi des événements indésirables graves.
Neuf essais incluant 2.122 participants ont été analysés. Sept portaient uniquement sur l’arthrose du genou et deux incluaient également une arthrose de la hanche. La plupart des participants étaient des femmes, avec un âge moyen de 54,5 à 65,9 ans.
L’analyse a montré que les antidépresseurs entraînent une amélioration négligeable de la douleur par rapport au placebo.
La réduction moyenne de la douleur sur une échelle de 0 à 10 était de 1,7 point avec le placebo et de 2,3 points avec les antidépresseurs (différence moyenne -0,59, -0,88 à -0,31).
Néanmoins, 45% des participants recevant des antidépresseurs présentaient une réponse clinique définie par la réduction de 50% ou plus de la douleur moyenne sur 24 heures, contre 28,6% recevant un placebo,et avec un niveau de preuve élevé (RR 1,55, 1,32 à 1,82).
Le gain n’était en revanche pas significatif sur la fonctionnalité et la qualité de vie.
Et le nombre total d’événements indésirables était plus important dans le groupe antidépresseur (64%) par rapport au groupe placebo (49%) (RR 1,27, 1,15 à 1,41) de sorte que 11% des participants recevant des antidépresseurs se sont retirés des essais en raison d’un événement indésirable, contre 5% recevant un placebo.
Il n’y avait en revanche pas de différence concernant les événements indésirables graves.
Référence : Alexandra A Leaney et al. – Antidepressants for hip and knee osteoarthritis – Cochrane Library, 21 oct 2022