Publié le 07/05/2017
Les adolescents passent un temps de plus en plus prolongé sur internet ce qui suscite des inquiétudes pour les parents, les enseignants et en terme de politique de santé sur l’impact négatif des messages, en particulier harcèlement, images pornographiques ; 10 % à 40 % des adolescents seraient harcelés et/ou recevraient des textes à contenu sexuel. Ces constatations ont conduit à mettre en place des filtres pour empêcher l’accès aux messages non désirés. Des progrès notables sont intervenus dans les techniques de filtrage. Mais compte tenu de leur coût, il est plus que jamais nécessaire de s’interroger sur leur degré d’utilisation par les familles et leur efficacité, certains adolescents étant capables de contourner ces filtres.
Seulement un tiers des parents ont recours aux filtres
Des chercheurs en psychologie d’Oxford ont réalisé en 2015 une enquête basée sur 1 030 interviews à domicile de 515 adolescents (258 filles) âgés de 12 à 15 ans (moyenne 13,5 ± 1,18 ans) et de leurs parents. Les participants ont été choisis selon la méthode des quotas pour représenter les différentes aires géographiques et statuts socio-économiques. Les interviews des adolescents et parents ont été conduites séparément. Aux parents, il a été demandé s’ils utilisaient des dispositifs pour contrôler l’usage d’internet par leur enfant, soit par des filtres venant du fournisseur d’accès soit par un logiciel installé sur leur ordinateur. Un tiers (115, 34 % des réponses valides) a déclaré utiliser cette technologie et deux tiers non (277, 66 %) ; 123 (24 %) n’en connaissaient pas l’existence ou l’usage, de façon indépendante de l’âge, du sexe de leur enfant et de leur habitat.
Vidéos effrayantes et messages à connotation sexuelle
Les questions aux adolescents comportaient une liste de 7 expériences négatives dans l’année passée, allant de voir des images sexuelles qui les rendaient mal à l’aise à des vidéos effrayantes. Près d’un sur six (71, 14,4 %) rapportaient au moins une expérience négative ; 49 (9,6 %) se déclaraient capables de contourner les filtres. Comme on pouvait s’y attendre, les filles étaient plus exposées à recevoir des messages « troubles », être contactées par un étranger ou avoir des demandes de photos. Les plus âgés des adolescents rapportaient au moins une expérience négative mais l’analyse n’a pas montré de différences convaincantes avec ou sans filtre contrairement aux annonces, quels que soient le sexe ou la capacité de contourner le filtrage.
Les résultats de cette enquête montre que les filtres internet ne sont pas efficaces pour protéger les jeunes adolescents d’expériences néfastes sur internet. Des essais prospectifs sont nécessaires pour déterminer l’utilité de ces filtres.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE
Przybylski AK, Nash V et coll. : Internet filtering technology and aversive online experiences in adolescents. J Pediatr., 2017; 184: 215-219.
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