Publié le 28/09/2018
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) ou encéphalomyélite myalgique est caractérisé par une fatigue profonde évoluant depuis au moins 6 mois aggravée par l’exercice physique. Les autres symptômes sont des céphalées à la lumière, un sommeil non réparateur, une dysfonction cognitive, des myalgies et douleurs articulaires, moins souvent des maux de gorge et des adénopathies sensibles. Le début peut être graduel ou brusque. Le SFC touche électivement les femmes entre 20 et 40 ans. La cause en est inconnue. Les formes pédiatriques sont associées à des troubles circulatoires, une tachycardie et une hypotension posturale. Une étude récente chez les adolescents et jeunes adultes a montré, en comparaison des témoins, une diminution asymptomatique de l’amplitude des mouvements dans plusieurs aires. L’étirement passif des articulations exagère les symptômes du SFC.
Une étude de la cohorte de Baltimore (Johns Hopkins CFS Cohort Study) a eu pour but de déterminer si les anomalies évoluaient avec le temps, en association avec un traitement symptomatique et si les modifications de l’amplitude des mouvements étaient corrélées avec l’ensemble des symptômes.
La diminution de la mobilité articulaire régresse sur un suivi de deux ans
Les participants ont été soumis à un examen comportant une mesure de la mobilité articulaire (score de Beighton) par des manœuvres d’essai d’affaissement en position assise, de dorsiflexion des chevilles, d’élévation passive de la jambe droite, de flexion complète des genoux et hyper-extension en position ventrale. Chaque manœuvre était affectée d’un score (normal = 0, anormal = 1) et les évolutions de chaque articulation mesurées avec un goniomètre. Les examens à partir du début puis tous les 3 à 6 mois, ont concerné 11 aires des membres et la colonne avec un score de 0 (normal tout au long de l’évolution) à 11 (anormal dans toutes les aires testées). Le délai jusqu’à normalisation du score (≤ 2 chez les contrôles) a été enregistré. Les modifications de la mobilité ont été objectivées en additionnant les scores (de 0 à 11) le long des 24 mois de l’évolution.
L’âge moyen à l’enrôlement était de 16,5 ans (10 à 23). L’évolution à 2 ans a été connue pour 53 patients (96 %). La proportion de sujets avec un score > 2 a diminué de 78 % au début à 20 % à 24 mois (P < 0,001). Les scores de mobilité articulaire se sont améliorés d’une médiane à 5 au début à 2 à 24 mois (P < 0,001). Les améliorations de la somme des degrés de mobilité étaient positivement corrélées avec les évolutions favorables sur l’échelle de qualité de vie de la fonction physique (r = 0,30 ; P < 0,03).
En conclusion, au cours du syndrome de fatigue chronique, les jeunes patients ont progressivement moins d’handicaps dans la mobilité articulaire, en corrélation avec l’amélioration de la qualité de vie. Compte-tenu de certaines publications contestables sur le SFC, ce travail mérite considération mais demande confirmation.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE
Rowe PC et coll. : Two-year follow-up of impaired range of motion in chronic fatigue syndrome. J Pediatr., 2018; 200: 249-253
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