Revue de presse Mediscoop du 17-02-2021
Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]
La prise de sémaglutide administré une fois par semaine à la dose de 2,4 mg en plus de recommandations hygiéno-diététiques est associée à une diminution importante du poids chez les personnes obèses ou en surpoids.
Cet anti-diabétique se repositionne dans la lutte contre l’obésité à part entière avec des demandes d’autorisations en cours dans cette nouvelle indication. Ces résultats sont parus dans le NEJM.
Les traitements contre l’obésité ont échoué les uns après les autres. Espérons que cette fois sera la bonne. Le sémaglutide administré une fois par semaine permet aux adultes obèses de perdre beaucoup de poids en complément de recommandations hygiéno-diététiques.
C’est ce que montre un essai en double aveugle sur 68 semaines ayant inclus 1961 adultes présentant un indice de masse corporelle de 30 ou plus, mais non diabétiques. Ils ont tous reçu des conseils hygiéno-diététiques et une partie d’entre eux a reçu en plus une injection sous-cutanée de sémaglutide une fois par semaine (à une dose de 2,4 mg) et l’autre partie un placebo avec un ratio 2:1. Le critère principal était le changement en pourcentage du poids corporel et la réduction de poids d’au moins 5%.
La variation moyenne du poids corporel entre l’inclusion et la semaine 68 a été de −14,9% dans le groupe sémaglutide par rapport à −2,4% avec le placebo (différence −12,4, −13,4 à −11,5; P <0,001). Plus de participants ont obtenu une réduction de poids de 5% ou plus dans le groupe sémaglutide que dans le groupe placebo (1047 participants [86,4%] contre 182 [31,5%]), 10% ou plus (838 [69,1%] contre 69 [12,0 %]) et 15% ou plus (612 [50,5%] contre 28 [4,9%]) à la semaine 68 (p <0,001 pour les trois comparaisons).
La variation du poids corporel entre le départ et la semaine 68 était de -15,3 kg dans le groupe sémaglutide comparé à -2,6 kg dans le groupe placebo (différence -12,7 kg; -13,7 à -11,7). Les participants sous sémaglutide ont présenté une réduction plus importante des facteurs de risque cardiométaboliques et amélioration du fonctionnement physique.
Les nausées et la diarrhée étaient les événements indésirables les plus courants avec le sémaglutide ; ils étaient néanmoins généralement transitoires et d’intensité légère à modérée et se sont atténués avec le temps.
Plus de participants dans le groupe sémaglutide que dans le groupe placebo ont arrêté le traitement en raison d’événements gastro-intestinaux (59 [4,5%] vs 5 [0,8%]).
Référence : John P.H. Wilding et al.- Once-Weekly Semaglutide in Adults with Overweight or Obesity
NEJM, fev 2021
Date de publication : 17 février 2021
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Publié le 12/02/2021 – Obésité : un espoir nommé sémaglutide
L’obésité est une maladie chronique à part entière qui a des conséquences d’autant plus importantes à l’échelon mondial, en termes de morbi-mortalité, que son incidence ne cesse de croître dans la plupart des pays et pas seulement les plus favorisés.
L’insulinorésistance, l’hypertension artérielle, les dyslipidémies, le diabète, la maladie cardiovasculaire (MCV) lui sont souvent associés, tout comme la stéatose hépatique non alcoolique et il est légitime de considérer que l’obésité peut mettre en jeu le pronostic vital.
On a pu du reste constater, au cours de cette pandémie de Covid-19, que l’obésité était l’un de ses principaux facteurs de surmortalité.
La nécessité d’un traitement de fond apparaît ainsi clairement et, de fait, au cours des cinquante dernières années, plusieurs tentatives de pharmacothérapie au long cours ont été menées, qui se sont soldées par des échecs.
Les mesures hygiéno-diététiques qui sont aujourd’hui la pierre angulaire de la prise en charge sont de peu d’efficacité dans l’obésité définie par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m2 (ou supérieur ou égal à 27 kg/m2 en cas de comorbidités associées).
Quant à la chirurgie bariatrique, c’est une solution invasive, onéreuse, non dénuée de risques et de complications et qui ne met pas à l’abri des rechutes.
Un traitement de fond du diabète qui fait perdre du poids
Le sémaglutide qui est un analogue du GLP-1 (glucagon-like peptide-1) à longue durée d’action.
Il est déjà utilisé dans le traitement de fond du diabète de type 2 sous le nom d’Ozempic® : administré à raison d’une injection sous-cutanée hebdomadaire, il améliore le contrôle glycémique tout en réduisant le risque d’évènements cardiovasculaires quand il existe une MCV avérée.
Or, il est apparu, dans les études de phase 2, que cet antidiabétique était à même d’entraîner une perte de poids chez les patients atteints à la fois d’un diabète de type 2 et d’une obésité.
Ces observations ont conduit à entreprendre un essai randomisé de phase 3, mené à double insu contre placebo, intitulé STEP (Semaglutide Treatment Effect in People with Obesity) consacré spécifiquement à l’évaluation du sémaglutide dans la prise en charge de l’obésité.
129 centres, 16 pays et près de 2000 patients
Au total, 129 centres répartis dans 16 pays (en Asie, Europe, Amérique du Nord ou du Sud) ont participé à cette étude internationale dans laquelle ont été inclus 1 961 patients adultes non diabétiques mais souffrant tous d’une obésité avec un IMC ≥ 30 kg/m2 ou ≥ 27 kg/m2 avec au moins une complication liée au surpoids.
Deux groupes d’effectif inégal (2:1) ont été constitués par tirage au sort et traités pendant 68 semaines : dans le groupe sémaglutide, le médicament était administré par voie sous-cutanée à raison d’une dose hebdomadaire de 2,4 mg.
Le même protocole a été instauré dans le groupe placebo. Des conseils hygiéno-diététiques ont été prodigués à tous les participants.
Les critères de jugement principaux ont été au nombre de deux : d’une part, la variation en pourcentage du poids corporel, d’autre part la proportion de patients chez lesquels ce dernier a diminué d’au moins 5 %.
Les résultats sont hautement significatifs, quel que soit le critère de jugement.
Ainsi, entre le début de l’étude et la semaine 68, le poids corporel a diminué en moyenne de -14,9 % dans le groupe traité, versus -2,4 % dans le groupe placebo, ce qui conduit à une différence intergroupe de -12,4 points de pourcentage (intervalle de confiance à 95 % [IC], -13,4 à -11,5 ; p < 0,001).
L’objectif d’une réduction du poids corporel d’au moins 5 % a été plus souvent atteint dans le groupe sémaglutide que dans le groupe placebo (1 047 participants [86,4 %] versus 182 [31,5 %] ; p < 0,001).
Il en a été de même pour une diminution d’au moins 10 % (n = 838 [69,1 %] vs n = 69 [12,0 %] ; p<0,001) et d’au moins 15 % (n = 612 [50,5 %] vs 28 [4,9 %] ; p < 0,001).
Près de 13 kg de différence avec le groupe placebo !
En kilogrammes, la variation moyenne du poids corporel entre l’état basal et la semaine 68 a été de -15,3 kg dans le groupe traité et de -2,6 kg dans le groupe placebo, soit une différence intergroupe en valeur absolue de -12,7 kg (IC 95%, -13,7 à -11,7).
La perte de poids s’est accompagnée de bénéfices secondaires notables, qu’il s’agisse d’une amélioration des facteurs de risque cardiométaboliques ou d’une sensation de mieux-être sur le plan physique.
Des effets indésirables digestifs
Les évènements indésirables les plus fréquents ont été à type de nausées et de diarrhées : le plus souvent légers ou modérés, ces effets se sont avérés transitoires.
Cependant, ils ont conduit à l’arrêt du traitement chez 59 patients du groupe traité [4,5 %] versus 5 malades dans le groupe placebo [0,8 %].
Une étape importante dans la prise en charge de l’obésité
L’étude STEP constitue une étape importante dans la prise en charge future de l’obésité, ceci à plus d’un égard.
Elle montre qu’un traitement prolongé (68 semaines) par cet analogue du GLP-1 peut aboutir à une baisse substantielle du poids corporel, cliniquement significative et capable d’influer sur le pronostic de l’obésité.
Le sémaglutide en tant qu’agoniste des récepteurs du GLP-1 va-t-il permettre de renouer avec la pharmacothérapie de l’obésité ?
L’étude STEP est certainement un premier pas dans cette direction, mais il faut encore concrétiser les espoirs qu’elle suscite.
Se pose en priorité le problème de l’acceptabilité à très long terme de ce traitement.
La voie sous-cutanée n’est sans doute pas la plus favorable à l’observance mais il semble qu’une forme orale soit d’ores et déjà disponible.
Il reste donc quelques étapes à franchir mais les résultats de STEP incitent à aller plus loin, le recul dans le traitement du diabète de type 2 étant déjà de très bon aloi. STEP by STEP sans bruler les étapes.
Dr Peter Stratford
RÉFÉRENCE: Wilding JPH et coll. : Once-Weekly Semaglutide in Adults with Overweight or Obesity. N Engl J Med 2021 (10 février) : publication avancée en ligne. doi: 10.1056/NEJMoa2032183.
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