Nutri-score Le Quotidien du Médecin Crédit Photo : S. Toubon  Zoom   Coline Garré | 22.10.2018

L’échelle Nutri-score, qui se déploie en France depuis novembre 2017 pour aider les consommateurs à discriminer la qualité nutritionnelle des produits, ressort grande gagnante d’une comparaison entre 5 logos menée dans 12 pays, par un consortium de chercheurs de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren, Inserm, Inra, Cnam, Paris 13, Bobigny) et de l’université de Curtin (Perth, Australie), et dont les résultats sont publiés le 18 octobre dans la revue « Nutrients ».

Pour tenter d’endiguer l’épidémie de maladies non transmissibles, responsables de 39,5 millions de décès dans le monde en 2016, deux grands types de logos ont été mis en place. Certains apportent une information spécifique pour des nutriments clés : les apports de références (ARs, appliqués par l’industrie agro-alimentaire depuis 2006), les feux tricolores Multiples (FTM, implémentés au Royaume-Uni depuis 2004), ou encore des logos d’avertissement sanitaire comme le symbole chilien « Warning » (implémenté en 2016). D’autres, synthétiques, caractérisent la qualité nutritionnelle globale des aliments : le Nutri-score et le Health Star Rating système (HSR, en Australie et Nouvelle-Zélande depuis 2014).

Jusqu’à présent, les études comparant les logos ne les prenaient pas tous en compte ; et rares étaient celles qui exploraient différents contextes socio-économiques. C’est là que réside l’originalité de cette nouvelle étude randomisée, qui a comparé entre avril et juillet 2018 5 logos auprès de 12 015 participants, issus de 12 pays : Allemagne, Argentine, Australie, Bulgarie, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, France, Mexique, Royaume-Uni et Singapour.

Les participants étaient invités par questionnaire en ligne à classer trois produits (d’une marque fictive) de trois catégories d’aliments : pizzas, gâteaux et céréales pour le petit déjeuner, selon leur qualité nutritionnelle (meilleure, intermédiaire, moins bonne). L’expérience a d’abord été conduite en l’absence de logo, puis avec l’un des logos.

Le pouvoir des couleurs 

Les cinq logos permettent d’améliorer le nombre de bonnes réponses (i.e. si les produits ont été correctement classés selon leur qualité nutritionnelle), par rapport à l’absence de logo – ce qui confirme l’hypothèse que les logos aident bien les consommateurs à choisir leurs produits en fonction de leur qualité nutritionnelle. Mais avec une efficacité bien différente.

Par rapport à l’absence de logo, le Nutri-score améliore le taux de bonnes réponses de 47 % pour les pizzas, de 229 % pour les gâteaux et de 95 % pour les céréales. À l’opposé, le logo des industriels (ARs) est le moins efficace : il n’augmente que de 12 % les bonnes réponses pour les pizzas, de 17 % pour les gâteaux, et de 27 % pour les céréales. Cela s’explique, selon l’étude, par son affichage par chiffres et par portion, requiert pour le comprendre un niveau d’éducation élevé. Entre ces deux pôles, se situent les autres logos : les feux tricolores (+ 30 % pour les pizzas), le HSR (+ 19 %), et le warning (+ 13 %).

Comparé aux ARs, le Nutri-score triple la capacité des consommateurs à classer les produits, tandis que les feux la double presque (taux d’amélioration 1,77 fois). Viennent ensuite le HSR (odds ratio 1,37) et le warning (1,28). La supériorité du Nutri-score se retrouve dans tous les pays, même ceux qui possèdent déjà un système, comme le Royaume-Uni (feux multicolores depuis 2004) et l’Australie (HSR depuis 2014) soulignent les chercheurs. Parmi les clefs de son succès : sa présentation synthétique et intuitive et l’emploi de la couleur qui a le double mérite d’attirer l’attention sur le logo, et de jouer sur la symbolique vert (positif) / rouge (négatif).

Source : Lequotidiendumedecin.fr