Sciences et Avenir    SANTÉ – DOPAGE GÉNÉTIQUE

Par Nicolas Gutierrez C. le 19.06.2022 à 16h00

Modifier des séquences d’ADN ou d’ARN pour augmenter le flux sanguin ou la masse musculaire permet d’améliorer les performances sportives.

Ce détournement frauduleux de la thérapie génique est suspecté par les autorités mondiales antidopage.

Mais les tests de dépistage sont encore à venir. Explications.

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Tirant parti des progrès rapides des techniques de thérapie génique, le dopage génétique pourrait toucher des disciplines sportives telles que l’athlétisme, le cyclisme ou l’haltérophilie.

Une course contre la montre est lancée pour détecter des fraudes jusqu’ici invisibles.

ROBERTO SCHMIDT / AFP

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°904, daté juin 2022. 

La triche dans le sport va-t-elle devenir complètement indétectable ?

Si l’objectif de cette activité physique est de se surpasser et de vaincre ses concurrents, il peut aussi entraîner des sportifs à vouloir optimiser leurs performances grâce au dopage.

Certes, les méthodes de détection mises en place par les autorités antidopage s’améliorent sans cesse, rendant de plus en plus difficile de tricher sans être pris.

Cependant, une nouvelle stratégie de fraude potentiellement indétectable pourrait changer la donne : le dopage génétique.

Une menace qui approche à grands pas grâce à l’évolution très rapide des techniques de thérapie génique et autres façons de modifier l’expression des gènes, telle l’injection d’ARNm utilisée par les vaccins à ARN contre le Covid-19.

Ce risque croissant a poussé l’Agence mondiale antidopage (AMA) à remettre à jour ses protocoles de détection en 2021, mais des experts craignent que cette fraude persiste à rester indécelable.

Entraîner la production des protéines voulues

« Le dopage génétique est une utilisation non thérapeutique de la thérapie génique par des athlètes en bonne santé afin d’améliorer leurs performances sportives : des séquences d’ADN ou d’ARN sont introduites dans des tissus spécifiques pour altérer l’activité de certains gènes et l’expression des protéines « , résume Valentina Gineviciene, spécialiste en génomique du sport à l’Université de Vilnius (Lituanie).

Ce matériel génétique constituerait des séquences codantes pour des protéines associées à la performance physique, telles que l’érythropoïétine (EPO) qui augmente le nombre de globules rouges et donc la teneur en oxygène du sang.

La respiration devient alors plus aisée et la récupération est plus rapide.

DOPAGE GÉNÉTIQUE