Revue de presse Mediscoop du 25-11-2019

Le Figaro

Anne Prigent constate dans Le Figaro qu’« on en parle peu. Et pourtant, l’épilepsie est la troisième maladie neurologique la plus fréquente, derrière la migraine et les démences. Entre 600.000 et 700.000 personnes seraient touchées par cette, ou plutôt ces pathologies ».

La journaliste rappelle ainsi que « l’épilepsie est […] un ensemble de maladies aux manifestations et origines très diverses «dont le point commun est la survenue répétée de crises d’épilepsie» », selon le Pr Fabrice Bartolomei, chef de service neurophysiologie et épileptologie à l’hôpital de la Timone (Marseille).

Anne Prigent ajoute que « lorsque la maladie est diagnostiquée, le traitement repose sur les médicaments qui freinent l’hyperexcitabilité du cerveau. Efficaces dans 70% des épilepsies, ils permettent de supprimer ou d’espacer les crises ».

« Mais le traitement n’a pas d’effet chez 3 patients sur 10. Ils sont pharmaco-résistants. Dans leur cas, une chirurgie peut être envisagée. Il s’agit alors d’enlever la zone du cerveau à l’origine des crises », continue la journaliste, qui note que « la proportion de patients éligibles à la chirurgie demeure cependant faible ».

Le Pr Sylvain Rheims, chef du service de neurologie fonctionnelle de l’hôpital Wertheimer (Lyon), précise ainsi que « pour pouvoir opérer, nous avons besoin d’avoir une idée précise de la région concernée. De plus, cette dernière ne doit pas être trop étendue, ni superposée à des régions importantes du cerveau pour des fonctions comme le langage ou la motricité ».

Anne Prigent indique que « pour savoir s’ils pourront ou non être opérés, les candidats à la chirurgie vont subir une phase impressionnante d’examens, qui vont de l’interrogatoire clinique à l’électroencéphalogramme, en passant par l’IRM. La phase ultime consistant en une exploration stéréo-électro-encéphalographique (SEEG) : il s’agit de placer des électrodes dans le cerveau et d’enregistrer les aires qui génèrent les crises ».

Le Pr Rheims note qu’« au final, la moitié des patients passant une SEEG vont être opérés ».
Anne Prigent remarque néanmoins que « malgré une sélection des patients particulièrement poussée et en dépit des progrès techniques réalisés, le taux de réussite de la chirurgie de l’épilepsie plafonne ».

Le Dr Luc Valton, neurologue au CHU de Toulouse, indique que « 7 personnes sur 10 opérées vont être libres de crises dans les 2 ans qui suivent, et 40 à 50% dans les 10 ans qui suivent l’opération. Probablement parce que nous n’arrivons pas à localiser assez précisément la zone épileptogène à retirer ».

La journaliste observe que « la solution pour améliorer les performances de la chirurgie pourrait être apportée par la modélisation informatique des réseaux neuronaux. C’est en tout cas ce que tente de démontrer un essai clinique, coordonné par le Pr Bartolomei : Epinov Trial ».

Elle explique qu’« un «cerveau virtuel» personnalisé, développé au sein de l’équipe de Viktor Jirsa à l’université Aix-Marseille, permettra de modéliser les crises d’épilepsie de chaque patient passé par une exploration SEEG ».
Le Pr Bartolomei précise que « dans un premier temps, il s’agit d’évaluer si le cerveau virtuel est un outil pertinent pour guider l’indication et la localisation de la chirurgie réalisée chez un patient donné ».
Anne Prigent poursuit : « L’étude sera conduite pendant 4 ans dans 13 services hospitaliers en France. Elle inclura près de 400 patients, adultes et enfants de plus de 12 ans dont la moitié bénéficiera d’une modélisation. Le premier patient sera opéré à Marseille début 2020, et les résultats sont attendus dans 3 ans ».

« Dans une deuxième étape, le cerveau virtuel pourrait permettre de prédire les résultats du geste chirurgical envisagé, sur la survenue ultérieure des crises », continue la journaliste.
Anne Prigent note enfin qu’« il reste cependant un grand nombre de personnes qui ne pourront jamais bénéficier de la chirurgie en raison des conséquences néfastes qu’elle pourrait engendrer. Pour ces patients, les alternatives sont plutôt rares. Elles font notamment appel à des méthodes de neurostimulation ».

La journaliste observe que « l’innovation pourrait une nouvelle fois venir de Marseille : l’équipe du Pr Bartolomei et du Dr Fabrice Wendling, à Rennes, vient en effet de recevoir un financement européen pour développer la stimulation électrique transcrânienne. Une méthode non invasive qui consiste à envoyer des impulsions électriques sur le scalp ».

Date de publication : 25 novembre 2019