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Publié le 16/05/2019

La consommation quotidienne d’alcool diminue régulièrement en France depuis les années 90. Elle est passée de 36 % pour les hommes et 12 % pour les femmes en 1992 à 15 % et 5 %, respectivement, en 2014. En revanche, la consommation a augmenté chez les jeunes, chez lesquels le binge drinking est devenu une façon courante de boire de l’alcool.

Le binge drinking est la consommation d’une grande quantité d’alcool dans un laps de temps réduit, dans l’objectif d’atteindre rapidement l’état d’ivresse. La pratique est très répandue chez les étudiants dans de nombreux pays occidentaux, avec une prévalence de 30 à 40 % dans cette population.

Le binge drinking peut avoir des conséquences graves à court terme, allant jusqu’au coma voire au décès, mais ses conséquences à long terme ne sont pas encore parfaitement évaluées et notamment le lien avec une dépendance à l’alcool à l’âge adulte.

Une équipe française vient de publier les résultats d’une étude rétrospective. L’objectif était de déterminer si la pratique fréquente du binge drinking entre 18 et 25 ans était un facteur de risque de dépendance à l’alcool à l’âge adulte. Au total 83 adultes (25-45 ans) présentant une dépendance à l’alcool ont été comparés à 83 autres personnes du même âge non dépendantes. Les consommations d’alcool étaient disponibles pour 3 périodes : avant l’âge de 18 ans, entre 18 et 25 ans et entre 25 et 45 ans.

3 adultes dépendants sur 4 ont des antécédents de binge drinking

Dans cette cohorte, 75,9 % des sujets dépendants à l’alcool avaient pratiqué le binge drinking entre 18 et 25 ans contre 41 % des sujets contrôles. Après analyse multivariée, le binge drinking fréquent (plus de 2 fois par mois) est associé à une dépendance à l’alcool entre 25 et 45 ans (OR 2,83 ; 95 % CI 1,10 à 7,25).

Il apparaît aussi dans ces données que la pratique du binge drinking fréquent diminue après 25 ans chez les sujets qui ne deviennent pas dépendants, passant de 41 % entre 18 et 25 ans à 3,6 % entre 25 et 45 ans, reflétant sans doute la nécessité de se conformer aux  obligations sociales et familiales. Elle augmente en revanche (de 75,9 % à 81,9 %) chez les sujets qui deviennent dépendants.

Les auteurs rappellent que l’adolescence et le début de l’âge adulte sont des périodes de changements structuraux au niveau cérébral et que, parmi les facteurs environnementaux contribuant à ces changements, la consommation d’alcool, et particulièrement le binge drinking, sont connues pour être des éléments perturbateurs du développement cortical.

Cette étude souligne l’importance d’alerter le public sur les dangers du binge drinking et de prendre des mesures de prévention pour éviter les conséquences immédiates mais aussi à long terme. Ils recommandent des mesures psychosociales plutôt que pharmacologiques en première ligne de traitement, alors que des traitements pharmacologiques sont préférables pour l’alcoolo-dépendance.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE : Tavolacci M-P. et coll. : Does binge drinking between the age of 18 and 25 years predict alcohol dependence in adulthood? A retrospective case–control study in France. BMJ Open 2019;9:e026375

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