Actualités  –  publiée le 2/11/2017 par Équipe de rédaction Santélog

Proceedings of the Royal Society B

C'est un rôle protecteur possible du liquide séminal pour l'embryon, via des effets épigénétiques.

Cette étude de biologie confirme l’influence de la nutrition du père avant la conception sur la santé du bébé. Ces biologistes de l’Université de Cincinnati qui font la démonstration de cet impact du régime alimentaire sur la survie des embryons de la mouche à fruits, confirment ainsi, dans les Proceedings of the Royal Society B, le rôle protecteur possible du liquide séminal pour l’embryon, via des effets génétiques mais plus précisément ici, par effets épigénétiques.

Si les professionnels de la Santé de la Femme insistent sur l’importance d’une bonne nutrition pour les femmes enceintes, du respect d’un poids de santé et si possible dès le projet de conception, peu d’études se sont attachées à celle du régime alimentaire du père. Pourtant la nutrition du père pourrait jouer un rôle similaire dans la santé du bébé.

Les chercheurs biologistes modifient ici la nutrition de mouches des fruits mâles et observent une corrélation forte entre l’alimentation et la survie de leur progéniture. Si l’on sait qu’un père est responsable de la moitié des gènes de sa progéniture, l’étude documente un autre type d’influence, non nécessairement codée dans les gènes, dite « épigénétique », c’est-à-dire qui va modifier l’expression -activer ou désactiver- des gènes. Ces modifications épigénétiques sont le résultat d’exposition à des facteurs environnementaux, comme l’exposition à des toxines, et ces modifications peuvent être transmises du père à sa progéniture via le liquide séminal. Ces modifications épigénétiques peuvent donc aussi être héritées. En 2016, une étude australienne révélait ainsi que les souris mâles soumises à un régime alimentaire excessivement riche étaient plus susceptibles d’avoir une progéniture mâle diabétique, alors que la progéniture femelle n’était affectée. Ce qui suggère que ces traits n’étaient pas « codés » dans l’ADN du père.

Pourquoi une mouche à fruits comme modèle de recherche ? Les mouches des fruits partagent 60% de nos gènes et plus de 75% de nos gènes pathogènes. Plus de 150 ans d’étude ont fait de cette petite mouche un bon modèle de recherche en laboratoire.  Ici, les biologistes ont isolé les mâles Drosophila melanogaster, les ont nourris avec 30 différents régimes différents, avec des concentrations de faibles à fortes de protéines, de glucides et de calories. Après 17 jours de régime, les mâles ont été accouplés individuellement et consécutivement avec deux femelles, qui avaient reçu le même régime alimentaire- afin de limiter la variation des conditions alimentaires des femelles.

L’alimentation du mâle, facteur de survie de la descendance : les chercheurs constatent que :

  • les embryons ont un taux de survie plus élevé et qui s’améliore avec une alimentation saine ;
  • si l’effet s’avère moins apparent lors du premier accouplement, il est flagrant lors du second accouplement ;
  • de même, la mortalité des embryons s’avère plus élevée chez la progéniture des mâles, nourris avec un régime riche en glucides et en protéines.
  • Il existe un lien entre l’état physiologique du mâle et la mortalité de sa progéniture. Les mâles ayant des réserves d’énergie plus faibles ont moins de descendants survivants.

L’étude soulève ainsi la question de l’effet de la nutrition sur les générations successives. « Le liquide séminal a certainement un rôle protecteur à jouer pour l’embryon », concluent les auteurs.

Source: Proceedings of the Royal Society B 11 October 2017. DOI: 10.1098/rspb.2017.1492  Nutritional geometry of paternal effects on embryo mortality

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