Revue de presse Mediscoop du 20-12-2017 – ![]()
Les Échos note en effet que « de plus en plus de chercheurs alertent sur les effets inquiétants des réseaux sociaux sur le cerveau, et sur leurs dangers pour les adolescents. Facebook a reconnu la semaine dernière que la consommation de contenus, quand elle est passive, peut avoir un impact négatif sur le bien-être ».
Le journal évoque les travaux de l’Américaine Jean Twenge, professeur en psychologie à l’université de San Diego, qui « étudie les différences de santé mentale entre générations depuis 25 ans. Il y a 2 ans, elle a remarqué que les courbes de plusieurs paramètres qu’elle surveille régulièrement s’étaient effondrées depuis 2012 : la fréquence des rencontres entre jeunes, la proportion de lycéens possédant un permis de conduire, ayant déjà eu des relations sexuelles ou un simple rendez-vous. Dans le même temps, le pourcentage d’adolescents dépressifs, déclarant se sentir seuls et commettant des tentatives de suicide a atteint des sommets, explique-t-elle dans son livre « iGen », le surnom qu’elle donne à la génération née entre 1995 et 2012 ».
Les Echos indique que « celle-ci souffre de «la pire crise de santé mentale depuis des décennies», estime Jean Twenge. Et le coupable serait le smartphone. Les adolescents «scrolleraient» infiniment sur les réseaux sociaux, se renfermant sur eux-mêmes et souffrant de la comparaison avec leurs pairs qui mettent en scène leur quotidien sur Facebook ou Instagram ».« Ils n’arriveraient même plus à se séparer de leurs portables la nuit, certains chercheurs parlant de «nomophobia» – pour «no mobile phobia». Un problème qui n’épargne pas les adultes, mais qui touche encore plus les jeunes ayant grandi avec un téléphone dans les mains », souligne le quotidien.
Le journal observe toutefois que « des peurs similaires sur l’effet des télévisions, des ordinateurs et des consoles de jeux vidéo ont été exprimées lors de leur arrivée dans les foyers. Et si la corrélation entre temps passé sur son smartphone et dépression existe, la causalité reste difficile à prouver : est-ce sa consultation qui affecte la santé mentale, ou les personnes déjà fragiles qui passent plus de temps en ligne ? ».
« Ce que les chercheurs commencent à pouvoir affirmer, c’est que les réseaux sociaux ont un effet sur le cerveau proche de certaines substances addictives, comme la cigarette. Ofir Turel, professeur en systèmes d’information à l’université de Californie, a prouvé que « l’usage excessif de Facebook est associé à des changements dans le circuit de la récompense ». Car, contrairement à la télévision, les réseaux sociaux offrent des «récompenses variables» : l’utilisateur ne sait jamais combien de likes il va récolter ou sur quelles vidéos il va tomber », explique Les Échos.
Le quotidien ajoute que « d’autres chercheurs pointent l’influence négative des smartphones sur les capacités cognitives : une récente étude de l’université de Chicago montre que leur simple présence diminue la faculté à mémoriser, raisonner et résoudre de nouveaux problèmes ».
Les Échos relève en outre que « pendant longtemps, Facebook est resté silencieux sur ce sujet. Difficile pour lui d’admettre les dangers de ces fonctionnalités addictives, car elles sont au cœur de son business model : faire que les utilisateurs passent le maximum de temps sur sa plate-forme pour vendre le plus d’espaces publicitaires possible ».
« Mais le réseau social a dû faire face à une charge de plus en plus vive d’anciens responsables mettant en garde contre le «monstre» que Facebook avait créé. La critique la plus vive est venue mi-novembre de Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de la société, lors d’un discours devant des étudiants à Stanford. «Nous avons créé des boucles déclenchant des réactions de court terme nourries à la dopamine qui sont en train de détruire le fonctionnement de la société», a-t-il déclaré, évoquant son «immense sentiment de culpabilité» et expliquant ne pas vouloir «mettre cette merde» dans les mains de ses enfants », remarque le journal.
Les Échos note que « Facebook s’est enfin décidé à réagir, en levant le voile sur les travaux d’une équipe de recherche dédiée à répondre à une question : «Est-ce que passer du temps sur les réseaux sociaux est mauvais pour nous ?» […] Leur conclusion ? L’outil est neutre – tout dépend de son utilisation. Certes, ils admettent les effets négatifs de la consommation passive de contenus. […] Mais les interactions avec des proches à travers des commentaires et des messages, ainsi que l’utilisation du réseau social pour se remémorer des souvenirs « améliorent le bien-être », affirment-ils ».
Date de publication : 20 Décembre 2017