Revue de presse Mediscoop du 24-07-2019

Le Monde

Sandrine Cabut s’interroge dans Le Monde : « L’activité physique (AP) serait-elle un des meilleurs moyens de retarder la survenue d’un Alzheimer ? A l’heure où la recherche de médicaments contre cette maladie neurodégénérative accumule les échecs, une étude américaine publiée […] dans JAMA Neurology livre de nouvelles données sur les effets neuroprotecteurs de l’AP ».

La journaliste explique ainsi que « l’équipe de Jennifer Rabin (Massachusetts General Hospital, Boston) a suivi pendant 7 ans 182 seniors (73 ans en moyenne) cliniquement en bonne santé. Au début de l’étude, leur niveau d’activité physique a été évalué avec un podomètre. Ils ont eu également une mesure de la charge amyloïde dans leur cerveau. Une charge élevée reflète une forte accumulation de protéines bêta-amyloïdes, état qui peut précéder de plusieurs années le début clinique d’une maladie d’Alzheimer. ».

« Ces participants ont ensuite bénéficié de tests annuels de leurs performances cognitives et d’IRM cérébrales appréciant le volume de matière grise », poursuit Sandrine Cabut.
Elle constate que « parmi les personnes avec une charge amyloïde élevée – donc plus à risque de maladie d’Alzheimer –, les performances cognitives chutent nettement moins au cours des 7 ans de suivi chez celles ayant une activité physique importante (8300 pas par jour) que chez celles ayant une AP limitée (2900 pas par jour) ».

La journaliste relève en outre que « la perte de matière grise à la fin de l’étude est moindre dans le groupe des individus les plus actifs, surtout chez ceux avec une charge amyloïde élevée ». Sandrine Cabut précise que « ces bienfaits de l’AP sur le cerveau sont indépendants des facteurs de risque vasculaire (hypertension artérielle, diabète, tabagisme, excès de poids) ».

Les auteurs écrivent ainsi que « des approches interventionnelles ciblant à la fois l’activité physique et les facteurs de risque vasculaire pourraient avoir des effets bénéfiques additionnels pour retarder la progression de la maladie d’Alzheimer ».

Philippe Amouyel (université de Lille), professeur de santé publique et chercheur, réagit : « A l’échelle épidémiologique, la lutte contre la sédentarité est le troisième facteur le plus protecteur de la maladie d’Alzheimer, derrière le niveau d’études, et l’arrêt du tabac. L’étude publiée […] suggère que l’activité physique agit sur la charge amyloïde, donc directement sur l’un des mécanismes de la maladie. Et la force de ce travail réside dans son caractère prospectif ».

De son côté, Séverine Sabia, chercheuse à l’Inserm, déclare que « c’est un travail original mais observationnel, donc avec des biais potentiels qui ne permettent pas d’être si affirmatif. Pour démontrer que l’activité physique protège de l’évolution de la maladie d’Alzheimer, il faut des études d’intervention [comparant l’évolution d’un groupe avec un programme d’AP et un autre sans], et celles actuellement disponibles restent inconcluantes ».

Date de publication : 24 juillet 2019