Val-de-Marne - Conseil départemental (aller à l'accueil) mis à jour le 16/11/2020

L’hypertension artérielle (HTA) est une maladie chronique qui touche près d’un adulte français sur trois et qui est globalement insuffisamment ou non traitée.

Il apparait que 20 % des personnes hypertendues n’ont aucun traitement et que seulement la moitié des patients traités ont une pression artérielle contrôlée (ce qui veut dire que les chiffres de pression artérielle systolique et diastolique atteignent les valeurs attendues en fonction du contexte).

Alors que le manque d’activité physique (AP) est un des facteurs favorisant le développement de l’HTA, il apparait pertinent de questionner les relations entre AP et HTA.

Qu’est-ce que l’HTA ?

L’HTA est une pathologie cardio-vasculaire qui se traduit par une pression artérielle (PA) anormalement élevée. Elle est le plus souvent asymptomatique (le patient ne s’en rend pas compte). Son origine est multifactorielle.

L’HTA est définie par une pression artérielle systolique (PAS) supérieure ou égale à 140 mmHg (millimètre de mercure) et une pression artérielle diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90 mmHg, chiffres mesurés au repos (5-10 minutes) en consultation. Une pression artérielle normale est comprise au repos entre 120/80 et 129/89 mmHg.

Elle se décline en 3 stades :

Le développement de la HTA est favorisé par la sédentarité, l’obésité, le stress, la consommation excessive d’alcool, le tabagisme, une alimentation mal adaptée (notamment trop riche en sel), le manque d’activités physiques et des facteurs génétiques et familiaux.

L’HTA représente l’un des principaux facteurs de risque de l’apparition ou de l’aggravation d’un certain nombre de maladies cardio-vasculaires :  maladies coronariennes, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, artériopathie périphérique et insuffisance rénale.

Les options thérapeutiques pour contrôler les chiffres de PAS et PAD associent à des degrés divers des traitements non médicamenteux et des traitements médicamenteux. Il parait judicieux et pertinent de commencer par des modifications du mode de vie qui associent plusieurs paramètres : arrêt du tabac, modération voire suppression de la consommation d’alcool, perte de poids (quasiment toujours nécessaire), réduction des apports quotidiens en sel, alimentation équilibrée et reprise ou début d’une activité physique (AP) régulière.

Cependant ces modifications proposées aux patient(e)s ne sont souvent pas bien suivies (mal comprises, vécues comme trop contraignantes et donc négligées ou vite abandonnées) ou sont insuffisantes. La mise en place d’un traitement médicamenteux s’avère alors nécessaire.

Les effets de l’activité physique chez les personnes souffrant d’HTA

Avec le vieillissement, le risque de développer une HTA chez une personne sédentaire est augmenté de 35 à 70% par rapport à celui d’une personne active.

Le maintien d’une activité physique suffisante apparait comme un moyen efficace et non médicamenteux pour réduire le risque de développer une HTA.

La Haute Autorité de Santé (HAS) souligne d’ailleurs que l’activité physique régulière est l’un des deux traitements non médicamenteux majeurs de l’HTA.

La pratique d’une activité physique régulière permet d’aider au contrôle de la pression artérielle. Lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, elle engendre une baisse significative et durable des chiffres tensionnels et réduit le risque de complications de l’HTA (accidents vasculaires cérébraux, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde et décès d’origine cardiovasculaire).

Les bénéfices des exercices effectués en endurance et des exercices en résistance (renforcement musculaire) possèdent des effets à court et à long terme.

Les effets à court terme (réponse aigüe à l’exercice) :

  • Les exercices en endurance entraînent une baisse significative sur les valeurs de PAS (en moyenne -2,4 mmHg chez les normotendus et -6,9 mmHg chez les hypertendus traités) et les valeurs de PAD ( -1,6 mmHG et -4,9 mmHg) de pression artérielle jusqu’à 24 heures après l’exercice. Cette durée, qui diffère individuellement, dépend du type d’exercice réalisé, de son intensité, de la nature de la sollicitation (exercice fractionné ou non), et de sa durée totale. D’autres travaux ont également montré que les exercices fractionnés courts avaient parfois plus d’effets sur la PA qu’un exercice continu. Les résultats concernant ces exercices intermittents sont cependant encore trop hétérogènes et les études méritent d’être multipliées.
  • Suite à des exercices en résistance, la baisse de pression artérielle post effort est de plus courte durée, selon le type d’effort et la nature du traitement médicamenteux associé.

Les effets à long terme (réponse chronique) :

  • Chez l’hypertendu l’activité physique en endurance réduit en moyenne la PA de 5 à 7mmHg. Cette baisse de la PA est indépendante de la perte de poids et de la réduction de la masse grasse. L’activité physique pratiquée trois jours par semaine (7) abaisse la PA, avec un effet plus important chez les hypertendus que les normo tendus. Les efforts d’intensités légère et modérée apportent des bénéfices réels, ce qui ne semble pas être le cas pour les efforts d’intensité élevée (supérieures à 70% de l’intensité maximale).
  • L’activité physique en renforcement musculaire d’intensité modérée améliore aussi les chiffres tensionnels, avec une réduction équivalente des PAS et PAD d’environ 3 à 4mmHg. Les exercices de renforcement musculaire d’intensité modérée mobilisant les grands groupes musculaires ne sont pas contre-indiqués pour des personnes souffrant l’HTA.
  • L’entraînement combiné (associant exercices d’endurance et de résistance d’intensité modérée) semble favorable pour un maximum de bénéfices : renforcement musculaire, hausse de la VO2max, baisse de la PA et amélioration de la fonction endothéliale, sans effets négatifs sur la compliance artérielle (définie comme la possibilité de distension de la paroi artérielle en fonction de la pression sanguine). L’évaluation de la condition physique initiale des personnes volontaires concernées et le respect de la progressivité des pratiques sont impératifs, au risque de ne pas obtenir les bénéfices attendus.
  • Pour d’autres formes d’entraînement comme l’entraînement par intervalles (HIIT), le renforcement musculaire par contractions excentriques, le Yoga et le Tai-chi, des bénéfices sur l’HTA ont été notés. Des études complémentaires sont cependant nécessaires.

Pour résumer les effets observés sur la PA en fonction du type d’activité :

  • Dans les activités d’endurance, les bénéfices sur l’HTA apparaissent sous la forme d’une baisse de la PA est observée chez les sujets hypertendus (-6,9mmHg /-4,9mmHg) pour les intensités légères, modérées et élevées et d’une efficacité démontrée pour d’autres paramètres de santé.
  • Dans les activités de renforcement musculaire, une baisse sensiblement moins importante de la PA (-3,2mmHG /-3 ,5mmHg) est relevée pour le régime de contraction concentrique. Des nouvelles investigations apparaissent cependant nécessaires pour statuer sur l’impact de l’utilisation du régime de contraction excentrique. Concernant le régime de contraction isométrique, des études soulignent des effets importants sur l’augmentation de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque et des problèmes locaux d’ischémie. Les exercices isométriques prolongés sont donc à éviter avec les sujets hypertendus.

Avec un programme d’activité physique adaptée, on obtient notamment :

  • Une meilleure adaptation du débit cardiaque
  • Une diminution des résistances artérielles périphériques

L’observance thérapeutique est une condition fondamentale pour lutter efficacement contre l’HTA. Elle se définit comme le respect de la prescription médicamenteuse et non médicamenteuse (comprenant entre-autre le respect des recommandations de pratique d’une AP) par le patient souffrant de l’HTA.

L’activité physique doit être régulière et poursuivie sur le long cours pour que les effets bénéfiques de celle-ci sur l’HTA se maintiennent, ces derniers disparaissant en effet progressivement sur 2 mois en cas d’arrêt de pratique. La prescription écrite d’activité physique délivrée par un médecin est en ce sens une aide précieuse car il a été démontré qu’elle favorisait une meilleure observance chez une personne dans son changement de mode de vie.

Limitation et contre-indications de l’activité physique en HTA

Chez les sujets hypertendus sans complications cardio-vasculaires documentées, une activité physique d’intensité légère ou modérée peut être proposée de façon quasi systématique car sans risque pour ces patients. L’instauration d’une intensité élevée ne peut être envisagée qu’après un bilan cardiaque chez des patients sélectionnés.

Les médicaments prescrits pour traiter une HTA, peuvent avoir des effets secondaires qui perturbent la pratique d’une AP. Chez les patients hypertendus traités, un avis médical est nécessaire pour évaluer les risques, expliquer les possibles effets secondaires et/ou envisager une modification du traitement, selon l’envie et l’adhésion du patient.

Classée comme thérapie non médicamenteuse, l’activité physique possède une efficacité médicalement reconnue et joue un rôle déterminant dans la prise en charge des personnes souffrant d’HTA. Une seconde partie détaillera les recommandations préconisées en fonction de la nature de l’activité physique.

Thierry PINJON, UPEC

Références

  • Dr. P. Bacquaert Bougez et hypertension artérielle IRBMS.com 2018
  • Dr. P. Bacquaert Hypertension artérielle et Activités Physiques Adaptées (APA) IRBMS.com 2018
  • B. Gojanovic.Activité physique, sport et hypertension artérielle. Revue Médicale Suisse. 2015
  • Haute Autorité de Santé, Prescription d’activité physique et sportive Hypertension artérielle, 2018
  • Cornelissen VA, Fagard RH. Effects of endurancetraining on blood pressure, blood pressure-regulatingmechanisms, and cardiovascular risk factors. Hypertension 2005;46:667-75.