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L’accroupissement en sport est-il source de traumatisme ? | valdemarne.fr

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Dans nos sociétés occidentales, les positions d’attente ou les postures prises lors d’activités impliquant une certaine attention (jouer à un jeu de société, écouter un cours etc.) sont majoritairement des positions assises.

Cependant, toutes les populations de la planète n’ont pas forcément adopté la station assise.

Que ce soit dans les tribus et peuples primitifs, ou certaines civilisations modernes aux traditions culturelles différentes des habitudes occidentales, la position assise n’est pas ou peu adoptée à la faveur de la position accroupie.

Cependant, ce mouvement n’est pas qu’une simple position d’attente.

Le « Squat », (équivalent anglais de l’accroupissement) est un mouvement connu depuis bien longtemps par les culturistes et haltérophiles, celui-ci a été (de nouveau) mis en exergue en Occident, par l’émergence du CrossFit durant les années 2000.

Bien que l’accroupissement ne soit plus pratiqué quotidiennement à notre époque, un certain nombre d’auteurs affirment que ce mouvement est naturel et qu’il serait commun à toute l’humanité.
Ces derniers insistent sur le fait qu’être dans la capacité de s’accroupir serait un réel signe de bonne santé, notamment sur le plan articulaire et musculaire ainsi que sur le plan digestif.

Cependant, dans le milieu du fitness, ce mouvement d’accroupissement réalisé avec des charges est sujet à débat, dans le sens où il serait dangereux, pour les genoux, notamment si on l’exécute avec le genou qui dépasse les pointes de pieds.

Qu’est-ce qu’un accroupissement dans les activités sportives ?    

Connu dans toutes les salles de musculation l’un des « exercices roi », le squat fait partie des trois mouvements (avec le soulevé de terre et le développé couché) plébiscités par les pratiquants de force athlétique.

Au-delà du travail effectué sous des poids libres, il s’agit en réalité d’un accroupissement : « to squat » signifie littéralement « s’accroupir » en anglais.

En français, le verbe s’accroupir a pour sens originel « s’asseoir sur la croupe » (d’un animal) et a progressivement évolué pour définir le fait de s’asseoir sur ses propres talons.

L’accroupissement est alors un acte moteur qui consiste à amener les hanches vers les talons ou vers le sol, en faisant une flexion de genou, tout en restant stable.

Il s’agit d’un mouvement polyarticulaire qui mobilise simultanément plusieurs articulations (hanches, genoux, chevilles, dos) et plusieurs groupes musculaires (quadriceps, ischio jambier, fessiers…).

On parle dès lors d’un mouvement en triple flexion hanche-genou-cheville, lorsqu’on descend et donc de triple extension quand on se remonte en position « debout ».

Cela implique une coordination entre les différents groupes musculaires (pied/jambes/cuisses/dos) pour effectuer ce mouvement, mais également une bonne proprioception et une mobilité suffisante des articulations sollicitées.

L’accroupissement est nommé de différentes manières en fonction du degré de flexion atteint par le genou :

1.    « Squat partiel » : tout squat qui n’atteint pas les 90° de flexion de genou.
2.    « Demi-Squat » : pour tout squat qui atteint en 90° de flexion de genou et l’horizontalité des fémurs.
3.    « Squat profond » : les fémurs sont au moins parallèles au sol, et en deçà.
4.    « Squat complet »: les ischios jambiers recouvrent les mollets, sans rétroversion du bassin.  Certains l’appelle même « squat asiatique », car il n’est pas rare que les asiatiques adoptent cette position, pour attendre, jouer ou discuter.
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Du fait de ces différents angles de flexion, le travail peut se faire de diverses manières : à poids de corps, avec des haltères (dans les mains), ou avec une barre d’haltérophilie plus ou moins chargée.

Cette charge peut être positionnée en arrière au niveau du haut des scapulas (« back squat » ou « squat arrière »), devant (« front squat » ou « squat clavicule ») ou au-dessus de la tête (« overhead squat » ou « flexion d’arraché ») ou reposant sur les coudes (« Zecher squat »).

Cette diversité d’exécution du squat permet de faire varier à la fois l’intensité de l’exercice et son impact sur la capacité de l’athlète à gérer correctement la charge.

Quelques idées reçues sur l’accroupissement

De nombreuses affirmations, parfois non fondées et présentes dans le monde du fitness, sont sujettes à débat autour du mouvement du squat et de ses éventuels impacts négatifs sur l’articulation du genou.

Le stress mécanique imposé au genou dépend notamment du degré de flexion et de la charge mobilisée.

Les squats profonds sont-ils source de blessures pour les genoux ?

Les squats profonds ont la réputation d’être source de blessure pour les genoux.

Il est sous-entendu que cette profondeur de squat (grande flexion de genou) est plus délétère que les demi-squats ou les squats partiels, qu’ils soient chargés ou non.

Les squats profonds seraient délétères à la fois sur le plan :

  • Articulaire : Le squat profond provoquerait une détérioration plus rapide des zones articulaires du genou par une succession de contraintes excessives,
  • Ligamentaire : Une sollicitation accrue des tendons par des forces trop importantes,
  • Tendineux : Des squats profonds seraient provocateurs de tendinopathie.

Cependant, plusieurs études se sont intéressées aux contraintes exercées sur l’articulation du genou lors d’une triple flexion cheville-genou-hanche (source sci-sport.com) en comparant les squats profonds aux différents squats partiels.

Les résultats de ces études montrent que :

  • Plus le squat est profond, plus la surface articulaire de contact est large, que ce soit au niveau de l’articulation patello-fémorale ou de l’articulation tibio-fémorale répartissant les contraintes sur ces deux entités articulaires,
  • Il n’y a pas de preuves que les haltérophiles de haut niveau, exécutant des squats profonds à haute intensité, subissent une dégénérescence des surfaces articulaires comparativement à des personnes sédentaires,
  • Les squats profonds ne provoquent pas de stress mécanique au-delà de la contrainte maximale supportée par les ligaments croisés.

Il est également démontré une hypertrophie de ces ligaments, supposant un effet protecteur.

  • Les tendons sont hypertrophiés par la pratique de squat profond et possèderaient donc une capacité à mieux résister aux contraintes.

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Par ces différents arguments scientifiques, il semble que le squat profond doit être inclus dans toutes les pratiques sportives, notamment en termes de prophylaxie.

Est-il dangereux de dépasser les pointes de pied avec les genoux ?

Bon nombre de pratiquants de musculation ont entendu cette fameuse phrase qui indique qu’il est interdit de dépasser les pointes de pied, lors d’un accroupissement, reprenant le même argumentaire que le point précédent en termes d’effets délétères.

Dans une étude, Fry et coll. (2003) ont montré que lorsque l’avancée du genou est empêchée, les contraintes sont la plupart du temps reportées au niveau des hanches et du dos.

Lorsque le genou peut avancer au-delà de verticale de la pointe de pied, le buste reste plus droit et la charge est mieux répartie (même à poids de corps) sur l’ensemble des étages articulaires.

Cette capacité à avancer les genoux est en réalité directement liée à la mobilité de la cheville, notamment en dorsiflexion.

Dill et coll (2014) observent une flexion de genou plus profonde lorsque la mobilité de cheville est plus grande.

Ainsi, le fait de ne pas laisser avancer le genou au-delà de la verticale des pointes de pieds serait délétère pour l’exécution d’un accroupissement.

Conclusion

L’accroupissement est un acteur moteur qui consiste à impliquer une triple flexion cheville/genou/hanche.

Très pratiqué dans le milieu de la musculation et du culturisme, il fait face à de nombreuses idées reçues, qui peuvent être limitantes.

Des études ont permis d’apporter un éclairage scientifique sur la nature non traumatisante de la position la plus profonde du squat et ont même identifié des bénéfices relatifs à la stabilité du genou à la suite de son utilisation régulière.

Benjamin DUMORTIER

Références