Accueil > Sport santé et préparation physique > Newsletters > mis à jour le 16/02/2022
La nutrition est un des piliers de notre capital santé.
Les apports des macronutriments et des micronutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme sont dépendants de la qualité de notre alimentation.
Les bénéfices de la nutrition sur la santé sont de mieux en mieux connus notamment pour préserver de nombreuses maladies en suivant les recommandations nutritionnelles nationales.
Les effets positifs de l’apport des vitamines constituent un des volets de recherche actuel et a pu bénéficier de nouvelles recommandations de l’ANSES* en 2021…
De récentes études ont montré qu‘une alimentation équilibrée et une supplémentation en certains nutriments constituent des pistes sérieuses pour faire face à des possibles infections, et également comme facteurs de l’amélioration de la performance.
Durant la crise du COVID-19, certaines publications scientifiques ont mis en valeur le rôle fondamental de la vitamine D, comme éventuelle solution face à cette infection virale.
Des appels de professionnels de santé ont d’ailleurs été émis pour recommander une supplémentation générale en vitamine D dans un but d’améliorer la protection vis-à-vis de cette pathologie, voire d’en réduire le risque de forme sévère.
Le 8 janvier 2021, La Revue du Praticien a ainsi publié e une tribune signée par 73 experts, 5 sociétés savantes et une association, appelant à cette supplémentation dans la population générale, comme chez les personnes atteintes de COVID-19.
Quelle importance revêt donc le respect des recommandations concernant la vitamine D chez le sportif ?
* Recommandations de l’ANSES 2021
Vitamine D : définition et recommandations
La vitamine D est un nom générique pour désigner l’ensemble des 6 types de vitamines D qui ont été recensées dans la nature. Les vitamines D2 et D3, sont les principales formes que le corps humain synthétise ou absorbe.
Les sources en vitamine D sont multiples et variées. Elles peuvent être endogènes (la vitamine est produite par le corps lui-même) ou exogènes (la vitamine est apportée depuis l’environnement, via la nourriture).
La première source, endogène, relève d’une biosynthèse initiée principalement dans la peau lors de l’exposition au soleil durant laquelle les rayons ultra-violets B (UVB) réagissent avec le 7-déhydrocholestérol (provitamine D cutanée) pour produire la pré-vitamine D3.
La création de vitamines par ce mécanisme dépend cependant de la latitude géographique à laquelle on se situe (puissance en rapport avec l’angulation des rayons solaires), de la surface de peau exposée au soleil (moins il y a de surface de peau exposée, moins il y a de biosynthèse) et de la pigmentation de la peau (plus la peau est foncée, moins la production de vitamine est importante).
Le sport en extérieur, notamment par beau temps, présente donc un réel intérêt pour satisfaire une partie des apports recommandés en vitamine D.
Les apports exogènes en vitamine D quant à eux s’effectuent par l’alimentation : les sources de vitamine D sont à la fois végétales et animales.
La vitamine D2 vient des végétaux et champignons alors que la D3 provient des apports animaux.
La source de vitamine D la plus connue et la plus importante est l’huile de foie de morue, mais nous pouvons citer également le saumon, le thon, la truite, la sardine, le jaune d’œuf et les champignons séchés. Une alimentation variée permet de couvrir les besoins quotidiens en vitamines D, qui sont d’environ 15 microgrammes journaliers (recommandations pour les adultes, ANSES 2021).
Rôle de la vitamine D
La vitamine D tient différents rôles dans le métabolisme du corps humain.
Elle possède une fonction hypercalcémiante (production d’un excès de calcium) qui facilite le maintien d’un taux de calcium suffisant dans le sang et permet d’assurer une minéralisation optimale des tissus (notamment os, cartilage et dents), une contraction musculaire efficace, une bonne transmission nerveuse et une coagulation adéquate.
Elle est également impliquée dans la régulation hormonale, la différenciation et l’activité des cellules du système immunitaire, ainsi que dans les mécanismes de différenciation de certaines cellules cutanées.
La vitamine D est également impliquée dans la régulation de la fonction immunitaire. En effet, la vitamine D3 favoriserait l’activité de certaines cellules immunitaires, comme les macrophages et monocytes, qui donnent des réponses non spécifiques à une infection et aiderait donc le corps à lutter plus efficacement contre certains types d’infection.
Il a d’ailleurs été démontré qu’une carence en vitamine D amenait à un risque d’infection virale accrue (infections respiratoires, comme la grippe ou la tuberculose).
Un apport suffisant en vitamine D amènerait donc à un effet protecteur vis-à-vis des infections virales, même s’il est néanmoins modéré.
Bien qu’un accord consensuel ne soit pas encore acté sur ce sujet, la vitamine D semble jouer un rôle préventif chez certaines maladies, notamment dans de nombreux cancers comme les cancers colorectaux et du sein, mais une supplémentation s’avèrerait nécessaire pour obtenir des bénéfices sur l’état de santé dans d’autres variants de cette maladie.
La vitamine D a un rôle majeur dans la restauration de la masse osseuse. Une carence peut entrainer une diminution de la densité minérale osseuse et augmenter le risque de fracture.
Vitamine D et facteurs de la performance sportive
Des études concernant le rôle de la vitamine D sur les facteurs de la performance sportive ont montré qu’au niveau musculaire, elle semble jouer un rôle important que ce soit dans la construction, la production de force et la construction musculaire.
En effet, la vitamine D favorise la construction musculaire notamment des fibres II (rapides) en activant certains gènes impliqués dans la croissance musculaire.
Des études émettent l’hypothèses d’une corrélation positive entre le niveau de vitamine D sanguine et la production de force : les sportifs qui sont en déficit en vitamine D semblent avoir une production de force moindre lors de de tests de force, comme le squat jump par exemple.
Cependant, cette corrélation nécessite des preuves plus solides pour conclure à une causalité réelle, car des études débouchent sur des résultats contradictoires et utilisent des protocoles différents.
La vitamine D joue également un rôle dans la régulation de sels minéraux en favorisant l’assimilation du calcium au niveau de l’intestin.
Un rôle à la fois et en contribuant donc à l’amélioration de la conduction nerveuse et la contraction musculaire), la vitamine D contribue de manière indirecte à une meilleure qualité de la contraction musculaire.
Il apparait par ailleurs, que les sportifs ayant un niveau satisfaisant de vitamine D possèdent de meilleures concentrations d’ATP intramusculaire.
Chez les sportifs blessés, elle parait comme un élément favorisant une convalescence plus rapide, lorsque son niveau est normal.
Les sportifs manquent-ils de vitamine D ? Y a-t-il intérêt de supplémenter ?
Dans la population sportive, on observe des carences en vitamine D similaires à celles présentes dans la population en général.
Les sportifs pratiquants en intérieur semblent avoir des carences de vitamine D sanguine plus importantes que les sportifs évoluant majoritairement en extérieur. Le manque d’exposition à la lumière naturelle en serait partiellement la cause.
Cependant, ces déficits peuvent également être liés à une alimentation insuffisamment variée, ou à une combinaison de ces deux facteurs.
En cas de carence malgré une alimentation suffisamment équilibrée, la question d’une éventuelle supplémentation peut alors se poser.
Les résultats des études portant sur les supplémentations en vitamine D chez des pratiquants réguliers d’activités physiques, ne montrent pas de différence entre les groupes non supplémentés et les groupes supplémentés en termes de performance ou de prévention des blessures. Les auteurs concluent dans la majorité des cas, qu’une supplémentation doit être prise de manière individualisée, en fonction de la quantité de vitamine D dans le sang et après réalisation d’un diagnostic diététique.
Cependant, des études de meilleures qualités doivent être entreprises afin de démontrer la nécessité ou non d’avoir recours à une supplémentation lors de la pratique sportive.
Conclusion
La vitamine D joue un réel rôle dans le maintien en bonne santé et l’activité physique de chacun.
Suivre les recommandations préconisées semble être un avantage non négligeable dans une démarche systémique de santé et de performance.
Cependant, la supplémentation doit s’effectuer uniquement en cas de déficit avéré, en fonction du mode de vie (alimentation et ensoleillement de la peau) et uniquement sur avis et dans le cadre d’un suivi d’un professionnel de santé.
Benjamin DUMORTIER
Références
- Fiolet T. Chaine YouTube « Quoi dans mon assiette » : Immunité et alimentation (thé vert, vitamines, Zinc, Antioxydants, Shiitake…) : le vrai du faux.
- Anses. Vitamine D : pourquoi et comment assurer un apport suffisant ?
- Ogan D. Vitamin D and the athlete: risks, recommendations, and benefits (2013)
- Wiciński M. & Coll. Impact of Vitamin D on Physical Efficiency and Exercise Performance-A Review (2019)
- Knechtle B. & coll. Vitamin D and Sport Performance (2020)
- Mirian de la Puente Y. & coll. Role of Vitamin D in Athletes and Their Performance: Current Concepts and New Trends (2020)
- Książek A. & Coll. Vitamin D, Skeletal Muscle Function and Athletic Performance in Athletes-A Narrative Review (2019)
- Paule N. Correction des déficits en vitamine D chez les sportifs : une obligation pour optimiser leur condition physique.
- Dr Paul N. LES CARENCES EN VITAMINE D SONT FRÉQUENTES CHEZ LE SPORTIF.