OS – OSTÉOPOROSE

Béatrice Bouvard

Par le Pr Béatrice Bouvard (CHU d’Angers – Angers) [Déclaration de liens d’intérêts]

Article commenté:
Physical Activity and Psychosocial Factors Associated With Risk of Future Fractures in Middle-Aged Men and Women – C Rogmark, A Fedorowski, V Hamrefors – J Bone Miner Res. 2021 doi:10.1002/jbmr.4249

► Retrouvez l’abstract en ligne

Les résultats des études concernant l’impact de la pratique d’une activité physique sur le risque de fractures chez les individus d’âge moyen sont contradictoires.
L’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs liés à l’activité physique et à la situation psycho-sociale associés aux fractures incidentes chez les hommes et les femmes d’un âge moyen.

Il s’agit d’une étude prospective à partir de la cohorte suédoise The Malmö Diet and Cancer study qui a inclus 30.447 participants de 1991 à 1996.

Les participants étaient nés entre 1923 et 1950 et habitaient à Malmö.

La cohorte a été suivie jusqu’au 31 décembre 2016.

Parmi les variables analysées, l’activité physique quotidienne correspondait à l’activité de loisir effectuée l’année précédente répartie en quintile.

Un score d’activité a été obtenu en combinant l’intensité de chaque activité avec la durée de l’activité.

Les antécédents de fractures et les fractures incidentes ont été collectés à partir du registre suédois des patients via les codages ICD10.
L’association entre les paramètres à baseline et le risque de fracture incidente a été analysée par régression selon un modèle de Cox.

L’âge moyen des participants à l’inclusion était de 58 +/- 7,6 ans, la médiane de suivi de l’inclusion jusqu’à la première fracture incidente ou la fin du suivi était de 20,7 ans.
8240 participants (27%) ont eu au moins une fracture pendant le suivi.

Les fractures de l’avant-bras et des mains étaient les plus fréquentes suivi des fractures de hanche et des fractures des membres inférieurs et des pieds.

Les participants avec une fracture incidente étaient plus âgés, avaient un IMC plus bas, et avaient le plus souvent un antécédent de fracture avant l’inclusion et/ou un antécédent parental de fracture.
Après ajustement, l’âge, le sexe féminin, un IMC élevé, les antécédents de fracture et les antécédents familiaux au premier degré de fractures étaient associés à une augmentation du risque de fracture incidente.
Comparé au quintile d’activité physique le plus bas, les autres quintiles étaient significativement associés à une diminution du risque de fracture incidente de 9 à 11%.

Le niveau d’éducation n’était pas associé à une augmentation du risque de fracture. Le tabagisme actif à l’inclusion était significativement associé à une augmentation de 20% du risque de fracture. La consommation modérée d’alcool était associée à une diminution du risque de 10% de fracture comparé aux abstinents ou aux consommateurs excessifs.

Vivre seul était également associé à une augmentation du risque de fracture, tout comme avoir une profession demandant une importante activité physique.

En analysant uniquement les individus avec une fracture de hanche (n=1600), l’association avec le tabagisme et une faible activité physique était plus importante, alors que le fait d’avoir importante activité physique au travail n’était plus associé.

La non-consommation d’alcool et la forte consommation d’alcool était liées à un risque plus important de fracture de hanche qu’une consommation modérée.

Le risque de fracture augmentait avec le nombre de facteurs de risque dans les 2 sexes : chez l’homme, le taux d’incidence était de 5,3 fractures pour 1000 personnes-année en l’absence de facteur de risque jusqu’à 23,2 pour 1000 personnes-année en présence de 6 à 8 facteurs de risque.

Chez la femme, le taux d’incidence passait de 10,7 pour 1000 personnes-année à 28,4 pour 1000 personnes-année entre 0 et > 6 facteurs de risque.

Avec toutes les limites du recueil de données pour la plupart auto-déclarées, cette étude suggère que la pratique d’une activité physique de loisir, même modérée, à un âge moyen est associée à une réduction du risque de fracture sur une durée de suivi de 20 ans.

Un argument supplémentaire pour promouvoir l’activité physique quel que soit l’âge !

Date de publication : 1er mars 2021