Bien que les particules fines inférieures à 10 microns et 2,5 microns ont été associées au risque de cancer du sein, l’effet serait plus marqué avec le dioxyde d’azote. – Par Catherine Crépeau
20/07/2021
Reconnus pour leurs effets sur le cancer du poumon, les polluants atmosphériques comme les particules en suspension pourraient aussi être un facteur de risque du cancer du sein, selon une méta-analyse publiée à la fin juin dans le Environmental Health Perspectives.
Les chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’Université Grenoble Alpes, en France, ont analysé les études associant l’exposition aux polluants atmosphériques et l’incidence du cancer du sein.
Bien que les particules fines inférieures à 10 microns (PM10) et 2,5 microns (PM2,5) ont été associées au risque de cancer du sein, l’effet serait plus marqué avec le dioxyde d’azote (NO2), un gaz émis lors de la combustion d’énergies fossiles tels que ceux des moteurs thermiques des véhicules et du chauffage urbain.
Pour mesurer les effets du dioxyde d’azote, les chercheurs ont considéré 36 études portant sur plus de 3,9 millions de personnes et 120 000 cas de cancers du sein.
Cela leur a permis d’identifier 36 associations entre ce composé chimique et un cancer du sein, toutes rapportées chez des femmes en Amérique du Nord et en Europe.
Par comparaison, 27 et 32 associations ont pu être constatées en ce qui concerne les particules en suspension de moins de 10 et 2,5 microns, respectivement.
L’effet estimé du dioxyde d’azote serait plus élevé chez les femmes préménopausées que chez les femmes ménopausées, ainsi que pour les cancers du sein hormono-dépendants, dont les tumeurs expriment des récepteurs aux estrogènes et à la progestérone, bien que toutes les études n’aient pas pu considérer ce critère.
L’exposition aux polluants atmosphériques associés au dioxyde d’azote pourrait être responsable de 1 677 cas de cancer du sein, soit environ 3 % des cas diagnostiqués chaque année en France, selon les chercheurs.
Les approches observationnelles utilisées dans les études analysées n’ont pas permis de distinguer l’effet potentiel d’autres polluants tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont l’effet cancérigène est aussi établi par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Une autre étude épidémiologique publiée en avril montrait également une hausse du risque de cancer du sein en cas d’exposition prolongée à quatre polluants atmosphériques: le polychlorobiphényle 153 (PCB), le dioxyde d’azote (NO2) et les particules fines PM2,5 et PM10.
Les chercheurs du Centre Léon Bérard au sein du département Prévention cancer environnement (Lyon) révélait également une association entre un sur-risque de cancer du sein et une exposition à long terme au benzo[a]pyrene (BaP), un polluant atmosphérique classé comme perturbateur endocrinien.
Il se forme lors de la combustion incomplète de matières organiques comme le brûlage de végétaux à l’air libre, les gaz d’échappement automobiles ou la fumée de cigarette.
Un risque augmenté de 20 % lorsque les femmes sont exposées pendant la période de transition ménopausique.
Des biais à considérer
L’Inserm souligne que la méta-analyse tient compte des biais méthodologiques associés aux études établissant des liens entre la pollution et le cancer en se concentrant, notamment, sur celles qui présentent une mesure précise des expositions et celles qui tiennent compte des principaux facteurs de risque de cancer du sein.