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La décision était très attendue lors du meeting annuel de World Sailing aux Bermudes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à Marseille en 2024, il va y avoir du changement avec trois nouvelles séries – la planche à voile à foil (iFoil), le kitesurf (Formula Kite) et la course au large (Keelboat Offshore) – mais aussi la parité filles-garçons selon le souhait du CIO.
La planche à foil sera aux JO de Paris 2024 ! | DIDIER RAVONAfficher le diaporama
Didier RAVON. Publié le 13/11/2019 à 16h20
On se doutait bien que les jours de la planche à voile RS:X, olympique depuis 2008, étaient comptés, et ce d’autant qu’à l’issue du dernier championnat du monde sur le lac de Garde en Italie, un test de matériel (des planches munies de foil) pour son remplacement éventuel a été organisé par World Sailing avec un panel d’athlètes du monde entier, dont la Française Hélène Noesmoen. Israël et la Chine qui brillent dans cette discipline, et ont tout misé avec succès pour former les champions et préparer la relève, ont eu beau déposer un amendement afin de garder la fameuse planche ayant permis à Charline Picon de devenir championne olympique à Rio, le « Council » n’a pas suivi et entériné l’arrivée de la planche à voile à foil.
Ce ne sont certainement pas les Français Nicolas Goyard et Alexandre Cousin qui viennent de terminer premier et deuxième lors des championnats du monde en Allemagne, qui vont s’en plaindre. De toute manière, les tricolores qui régatent en RS:X ne ratent jamais une occasion de « foiler », de Pierre Le Coq à Thomas Goyard (4e du dernier mondial) ou encore Julien Bontemps, vice-champion olympique à Pékin, 6e lors du dernier mondial, et qui œuvre depuis longtemps comme metteur au point pour de grandes firmes.
On va enfin présenter tout l’éventail de la voile, du kite aux planches à foil, des dériveurs plus classiques (Laser 470) aux skiffs (49er et 49er FX), et du cata à foils (Nacra 17) à la course au large
Le Nacra 17 à foils, ici en rade de Marseille, est logiquement reconduit. | DIDIER RAVON
À Marseille, on verra aussi l’arrivée du Kitefoil (Formula Kite) mixte, et donc par équipe (une fille et un garçon). Là aussi, les bleus sont sur le toit du monde, de Nicolas Parlier quadruple champion du monde à Alex Mazella qui vient de remporter le titre il y a quelques jours en Sardaigne, ou encore Théo de Ramcourt ou Alexia Fancelli.
La voile sera la discipline tous sports confondus où il y aura la plus grande mixité
« Ce qui est certain, c’est que l’arrivée de ces disciplines pour 2024 à Marseille, c’est juste extraordinaire ! » explique Guillaume Chiellino, directeur des équipes de France « On va enfin présenter tout l’éventail de la voile, du kite aux planches à foil, des dériveurs plus classiques (Laser 470) aux skiffs (49er et 49er FX), et du cata à foils (Nacra 17) à la course au large. Cela va permettre que notre sport reste universel. Cela ne nous dérangeait pas que la RS:X reste, car l’équipe de France est très forte, mais cela ne nous ennuie pas non plus que ça passe en foil.
On est sûrs de notre niveau en RS:X, et il y a un fort potentiel en planche à foil, mais on sait que quand une série devient olympique, le niveau monte vite d’un cran ». Et d’ajouter : « aux JO de 2024, la voile sera la discipline tous sports confondus où il y aura la plus grande mixité, et c’est une très bonne nouvelle ! »
Le célèbre 470 sera mixte après les JO de Tokyo. | DIDIER RAVON
Le 470 passe au mixte
Jean-François et Claire Fountaine, ont été l’un des très rares équipages mixtes à régater en 470 quand le dériveur dessiné par André Cornu en 1962 a été sélectionné pour les Jeux olympiques de 1976. Vainqueur de la Semaine préolympique de Kingston au Canada en 1975, l’actuel maire de La Rochelle et la vice-présidente de la FFVoile ont donc été précurseurs il y a 45 ans… À Marseille pour les JO, on ne verra plus que des équipages mixtes. Et les coureurs français n’ont pas attendu que la décision soit entérinée pour s’essayer en double mixte, par exemple lors des récents Jeux mondiaux militaires à Whuan (Chine) avec Marina Lefort et Jérémie Mion (quatrièmes) ou lors du 50e Grand Prix de l’Armistice à Maubuisson le week-end dernier, toujours avec Marina Lefort, mais cette fois avec Paco Lepoutre.
Il faut dire que Jérémie Mion, champion du monde 2018 est déjà sélectionné pour Tokyo avec Kevin Peponnet. Malgré la tempête Amélie, le duo a d’ailleurs logiquement remporté le titre de champion de France Élite devant Camille Lecointre et Aloïse Retornaz, elles aussi sélectionnées pour les JO 2020.
Le 49er pour les garçons et le 49er FX pour les filles : seules séries en double non mixte. | DIDIER RAVON
L’adieu au Finn !
Le Laser (garçons) et le Laser Radial (filles) un moment sur la sellette face au séduisant RS Aero pourtant préféré par les athlètes l’ayant testé, ont sauvé leur tête manifestement grâce à un fort lobbying… et sans doute de discrètes tractations. Le Nacra 17 à foils mixte n’a jamais été menacé, pas plus que le 49er (garçons) et le 49er FX (filles). On devrait donc forcément voir des équipages féminins et masculins issus du 470 tenter une préparation olympique sur le skiff australien ou sur le cata surpuissant. Le grand perdant dans cette histoire est bien le Finn aux JO depuis 1952, vétéran des dériveurs olympiques.
Malgré une impressionnante mobilisation, le solitaire pour les grands gabarits disputera ses derniers Jeux à Tokyo. Problème : que vont pouvoir faire les régatiers de 90 à 100 kilos… car plus aucune série n’est prévue pour les « beaux bébés » ? Il y a de fortes chances que l’on voit pas mal d’anciens Finnistes se reconvertir à la course au large. Ce dont nous sommes certains, c’est que le record de Sir Ben Ainslie, quadruple champion olympique consécutif, ne sera donc jamais ni approché, et encore moins battu.
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La NeilPryde RS:X va quitter la scène olympique après Tokyo et seulement quatre olympiades. | DIDIER RAVON
L’énigme de l’habitable
Il y aura donc une épreuve de course au large en 2024, en habitable et en double mixte à Marseille, avec normalement un parcours de 60 à 72 heures vers la Corse et retour, mais sur quel bateau ? Mystère et boule de gomme ! Chez les Anglo-saxons, il se dit que les Français qui sont à l’initiative de l’arrivée de l’habitable et organisent l’olympiade de 2024, ne vont pas en plus fournir un monotype de 30 à 32 pieds !
Pourtant, entre Jeanneau, Bénéteau, JPK ou J Composites, il n’y a que l’embarras du choix et ce qui se fait de mieux sur le marché des voiliers de course-croisière conçus pour le double. Le L30 testé lors des championnats d’Europe en Adriatique, et sur lequel Mathilde Géron et Pierre Leboucher ont fini quatrièmes, n’a pas franchement convaincu. Conçu pour le match racing sur les lacs, il est très gîtard et guère adapté au large à écouter celles et ceux qui ont navigué à bord.
Le kitesurf sera l’une des grandes attractions à Marseille, comme ici lors de la World Cup en juin dernier. | DIDIER RAVON
World Sailing a communiqué laconiquement, précisant que le programme des sélections et autres courses serait confirmé avant fin 2020, mais plus étonnant, que le support choisi ne serait pas annoncé avant le 31 décembre 2023. « La France défend cette idée-là depuis le début » précise Guillaume Chiellino. « On veut promouvoir une pratique qui est la course au large et non pas un bateau. On sait que ce sera un habitable de 10 mètres maximum… et dans le monde il y en a beaucoup. L’idée, c’est que les équipages s’entraînent sur des bateaux assez proches de celui qui sera sélectionné pour les JO.
Car si l’on choisit demain le bateau, toutes les grandes nations vont acquérir ces bateaux-là, prendre une avance considérable, et l’on va tuer l’idée de la course au large. Je pense que plus on connaîtra le bateau tard, et plus l’équité sportive sera respectée. Pour ma part, je pense que le bon timing serait que l’on puisse avoir les bateaux fin 2022, afin que le Test Event un an avant les JO en 2023 à Marseille, soit couru avec le futur bateau olympique ».
Guillaume Chiellino, directeur des équipes de France. | PHILIPPE JUHEL/FFVOILE