ÇA VOUS A FAIT RÉAGIR – Par e.libre le 10-07-2018
Vous devez être né d’hier, ou bien votre mémoire est bien courte pour ne pas savoir comment a été créée de toute pièces la pénurie de médecins, d’abord spécialistes au tout début, puis plus insidieuse celle des généralistes.
Il va falloir vous rappeler (ou vous informer simplement) que de très nombreux spécialistes libéraux ne prennent plus de nouveaux patients, et que leurs délais de RV s’allongent de plus en plus.
Il va également falloir vous apprendre que l’âge moyen d’installation en médecine libérale est actuellement de 40 ans, ce qui devrait vous faire réfléchir sur l’attractivité de cette médecine de terrain qui constitue une part importante du tissu et du lien social des citoyens de ce pays. Pourquoi une telle désaffection ? Réfléchissez bien.
Commentaire publié en réaction à l’article « Toi qui veux dégommer la liberté d’installation, je vais te dire pourquoi tu as tout faux »
Posté par Babar le mer, 11/07/2018 – 08:53
Il est exact que cette pénurie a été créée de toute pièce avec comme principale motivation (souvent inavouée et cachée derrière l’argument de l’accueil potentiel d’étudiants) le coût pour la sécurité sociale.
Il serait utile d’en faire un rappel historique. C’est une constante dans l’idéologie néo libérale de limiter le coût des systèmes sociaux.
L’instauration du numerus clausus date du gouvernement Chaban Delmas sous Pompidou en 1971. Après 1968, il est vrai que le nombre de candidats connaissait une croissance supérieure à celle de la population et le chiffre retenu dans les 8600 étudiants était raisonnable. Il aurait dû être maintenu ou mieux légèrement accru en l’indexant sur la croissance démographique. Au lieu de cela, à partir de 1977 sous Giscard d’Estaing et le gouvernement Raymond Barre le numerus clausus sera durci, tendance qui se poursuivra avec la bénédiction de la profession qui y verra l’assurance d’un revenu confortable sans la pression concurrentielle. En 1993 il atteindra le minimum déraisonnable de 3500. Il faudra attendre 1998 pour que les décideurs mais aussi les instances professionnelles prennent conscience avec retard et réticence de cette démographie médicale nuisible à la santé de la population et y remédient encore que très insuffisamment.
Posté par bourgpat le mer, 11/07/2018 – 11:59
Il serait aussi peut être intéressant de comprendre comment des politiques de santé mal mises en place peuvent amplifier l’impression de manque. La réforme du médecin traitant en est un exemple parmi d’autre en plaquant à toute la population sans distinctions, une politique qui serait plus intéressante ciblée sur des populations ayant des besoins spécifiques.
En dentaire on sait depuis des années que l’on a des besoins qui sont plus importants sur certaines parties de la population. Par contre on continue à faire des politiques de suivit global à l’ensemble de la population sans ciblage sur les risques connus. De plus on a une surreprésentation des populations saines lors de ces dépistages systématiques avec des populations a risque qui au contraire les évitent ou ne comprennent pas la finalité du courrier qui leur est envoyé.
Combien de fois on voit des patients qui arrivent avec leur feuille de bilan de prévention périmé pour réclamer leur soin gratuit en urgence pour des douleurs. La communication de la sécu est complètement à côté de la plaque.
Au final on perd du temps de soins à voir des patients qui n’ont pas de besoins et de risques pour ne voir les patients à risques qu’en urgences sans qu’il ne cherchent à bénéficier des examens de contrôles qui auraient pu détecter les soins à faire avant que ceux si ne deviennent douloureux.