Crédit Photo : PHANIE Zoom Charlène Catalifaud | 28.11.2018
En France, le taux de mort-nés et de nouveau-nés décédant avant 1 mois est relativement élevé, selon le nouveau rapport sur la santé périnatale Euro-Peristat. L’INSERM, coordinateur du projet, évoque un « bilan contrasté » pour la France. Ce rapport s’appuie sur les données statistiques de 2015 de 31 pays*.
Pas de progrès en 10 ans
La France compte 3 enfants mort-nés pour 1 000 naissances, ce qui la place au 21e rang des pays de l’enquête en termes de mortinatalité. Concernant la mortalité néonatale (mortalité avant 1 mois), elle est au 23e rang, avec un taux de 2,4 pour 1 000 naissances. « Ces résultats de mortalité néonatale sont inattendus, car 20 à 30 % des décès néonatals sont liés aux anomalies congénitales et les interruptions médicales de grossesse permettent de limiter ces décès, indiquent au « Quotidien » Béatrice Blondel et Jennifer Zeitlin, directrices de recherche INSERM. Nous n’avons pas fait de progrès depuis 10 ans, alors que la tendance est à la baisse dans les autres pays. Ces chiffres représentent donc une alerte. »
« Ces résultats doivent inciter à mieux comprendre d’où vient cet excès de mortalité », note Jennifer Zeitlin. « Le corps médical doit mener une réflexion sur ce sujet pour envisager des pistes d’amélioration », ajoute Béatrice Blondel.
Plusieurs facteurs de risque peuvent par ailleurs augmenter la mortinatalité, tels que l’âge des mères plus élevé et les grossesses multiples. En France, 20,6 % des femmes qui accouchent ont plus de 35 ans (14e rang) et le taux de naissance gémellaire est de 17,1 pour 1000 naissances (22erang). « Le fait d’implanter deux embryons en cas de fécondations in vitro reste encore courant », note Béatrice Blondel.
Un tabagisme élevé
« Le niveau de tabagisme des Françaises au cours de la grossesse est élevé et ne baisse pas », regrette Béatrice Blondel. 16,3 % de Françaises fument au cours du 3e trimestre (20e rang sur les 22 pays ayant fourni des données). « Le Danemark et le Pays-Bas ont notamment désormais des taux très bas. Si nos voisins peuvent le faire, nous devrions pouvoir nous en inspirer, c’est l’intérêt de ce type de comparaison », avance Jennifer Zeitlin.
Concernant la pratique des césariennes, la France est bien mieux placée. Avec une pratique maîtrisée – un taux de 20,2 % –, elle se situe au 7e rang. « Le fait que les professionnels de santé se soient emparés de cette problématique a porté ces fruits et a permis d’arriver à un nombre raisonnable de césariennes », s’enthousiasme Béatrice Blondel.
« Certains pays ont aussi pour objectif de limiter les interventions, mais n’y parviennent pas encore. En revanche, dans d’autres comme la Pologne, le débat sur cette pratique n’a tout simplement pas lieu », souligne Jennifer Zeitlin.
* Les 28 pays membre de l’Union européenne, l’Islande, la Norvège et la Suisse.
Source : Lequotidiendumedecin.fr