https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A4/E0/carac_photo_1.jpg Publié le 22/08/2018

Alors que l’espérance de vie a tendance à augmenter un peu partout dans les pays développés, une orientation inverse se fait jour aux États-Unis, où est constatée une baisse de l’espérance de vie à la naissance. Cette baisse est sous-tendue principalement par une augmentation des taux de mortalité des personnes entre 25 et 64 ans.

Ce constat a été attribué essentiellement aux overdoses, aux pathologies hépatiques en lien avec l’alcool et aux suicides. Certains travaux ont toutefois suggéré que cette augmentation de la mortalité ne concernait ni les sujets noirs non hispaniques ni les hispaniques, les « minorités » les plus importantes aux États-Unis.

Aucune différence entre les différentes ethnies, désormais

Le British Medical Journal publie les résultats d’une analyse reprenant les statistiques par le prisme des différences entre groupes ethniques. Les données analysées sont celles de la période 1999-2016 et concernent la mortalité dans la population États-Unienne des 25-64 ans.

Les résultats confirment que l’espérance de vie aux États-Unis n’a pas suivi les progrès constatés dans les autres nations industrialisées, et au contraire décroit actuellement. Il apparaît que l’augmentation des taux de mortalité apparue dès les années 1990 dans certains groupes ethniques, touche maintenant les autres groupes, non seulement les blancs non hispaniques, mais aussi les indiens et les natifs de l’Alaska.

Bien que la mortalité toutes causes diminuait initialement chez les noirs non hispaniques, les hispaniques, les asiatiques et les personnes origines des îles du Pacifique, cette tendance est terminée depuis 2009-2011 et l’accroissement de la mortalité toutes causes dans la classe d’âge des 25-64 ans n’accuse désormais aucune différence entre les ethnies.

Des causes « plus profondes » que les overdoses et les opiacés

Les explications semblent plus complexes que l’hypothèse des overdoses et de l’hyperconsommation d’opiacés. Les pathologies liées à l’alcool, les suicides, les accidents et les pathologies organiques diverses, bref, une douzaine de pathologies, pèsent en effet encore plus lourd dans la balance des responsabilités.

Un récent rapport identifiait des causes plus profondes, systémiques, tenant, non seulement aux carences du système de soins et à la prévalence des comportements à risque, mais aussi aux inégalités socio-économiques, à un environnement peu favorable à une bonne santé et à des politiques publiques dommageables.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES

Woolf SH et coll. : Changes in midlife death rates across racial and ethnic groups in the United States: systematic analysis of vital statistics
BMJ 2018; 362: k3096

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