CARDIO-VASCULAIRE HTA

https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/290x200/public/visuels_actus/lait_2.jpg?itok=0PH7ih6L egora.fr Par Pr Philippe Chanson le 06-12-2018

Il est généralement recommandé de réduire la consommation de produits laitiers entiers qui apportent des graisses saturées susceptibles de modifier les lipides sanguins et d’augmenter le risque cardiovasculaire et la mortalité. Cependant, on dispose de peu d’arguments soutenant cette assertion et de peu de données concernant les effets de la consommation de produits laitiers sur la santé, en particulier dans les pays à faibles revenus ou à revenus intermédiaires.

Dans le cadre d’une large étude prospective concernant 21 pays de 5 continents, l’étude PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology Study), a permis d’analyser l’association entre la consommation totale de produits laitiers, les types de produits laitiers consommés et la mortalité ainsi que les événements cardiovasculaires majeurs.

Il s’agissait d’une étude de cohorte portant sur des sujets âgés de 35 à 70 ans, enrôlés dans 21 pays sur 5 continents. Les consommations de produits laitiers de 136 384 sujets ont été analysées à partir de questionnaires alimentaires validés. Les produits laitiers sont constitués par le lait, les yaourts et les fromages. Ces aliments ont été classés en produits laitiers riches en graisses ou faibles en graisses. Entre janvier 2003 et juillet 2018, 10 567 événements composites ont été enregistrés (décès dans 6 796 cas ou événements cardiovasculaires majeurs, c’est à dire décès de cause cardiovasculaire, infarctus du myocarde non fatal, accident vasculaire cérébral ou insuffisance cardiaque dans 5 855 cas) au cours d’un suivi moyen de 9.1 années.

Une consommation élevée de produits laitiers (>2 par jour en comparaison d’une absence de consommation de produits laitiers) était associée à une réduction du risque du paramètre composite (mortalité ou événement cardiovasculaire majeur). En effet, le hazard ratio était de 0.84 (IC 95 % = 0.75 à 0.94, p = 0.0004 pour la tendance). Cette consommation élevée était aussi associé à une réduction de la mortalité totale (HR=0.83 ; 0.72 à 0.96, p = 0.0052), à une réduction de la mortalité non cardiovasculaire (HR=0.86 ; 0.72 à 1.02, p = 0.046), à une réduction de la mortalité cardiovasculaire (HR=0.77 ; 0.58 à 1.01, p = 0.029), à une réduction des maladies cardiovasculaires majeures (HR=0.78 ; 0.67 à 0.90, p = 0.0001) et à une réduction des accidents vasculaires cérébraux (HR=0.66 ; 0.53 à 0.82, p = 0.0003). L’association avec l’infarctus du myocarde n’était pas significative (HR = 0.89 ; 0.71 à 1.11, p = 0.163).

Une consommation supérieure de lait (plus d’une fois par jour en comparaison d’aucune fois) était associée à une diminution du risque du paramètre composite (HR = 0.90 ; 0.82 à 0.99, p = 0.05). Une consommation supérieure de yaourts (plus d’une fois par jour vs aucune fois) était aussi associée à une réduction du risque du critère composite (HR = 0.86 ; 0.75 à 0.99, p = 0.0051) alors que la consommation de fromage n’était pas associée de manière significative avec le critère composite (HR=0.88 ; 0.76 à 1.02, p = 0.1399). La consommation de beurre était basse et n’était pas significativement associée à des critères cliniques (HR = 1.09 ; 0.90 à 1.33, p = 0.41).

En conclusion, la consommation de produits laitiers est associée à une réduction du risque de mortalité et d’événements cardiovasculaires majeurs dans cette cohorte multinationale provenant de différents pays.

Sources :   Dehghan M. et al. Association of dairy intake with cardiovascular disease and mortality in 21 countries from five continents (PURE) : a prospective cohort study. Lancet 2018 ; 392 : 2288-97.