Par Pr Philippe Chanson le 18-04-2019
On dispose de plus en plus d’arguments pour penser qu’une consommation élevée de produits alimentaires dont les multiples ingrédients ont été préparés par toute une série de procédés industriels est associée à une incidence supérieure de maladies métaboliques et cardiovasculaires.
Ces aliments sont faciles à réchauffer et à manger, peu chers et très attrayants sur le plan gustatif. Ils vont des plats tout préparés aux boissons sucrées, aux sandwichs en paquet….
La consommation de ces aliments industriels a augmenté au cours des dernières décennies et est associée à un profil nutritionnel déséquilibré.
Afin d’évaluer l’association entre la consommation d’aliments préparés et la mortalité globale, les données de l’étude d’observation prospective française NutriNet-Santé ont été analysées chez les sujets de plus de 45 ans.
L’étude a commencé en 2009 et a été suivie jusqu’en 2017 (médiane de suivi de 7.1 années). Les participants étaient sélectionnés s’ils avaient complété au moins un des trois questionnaires alimentaires qui leur étaient demandés par Internet au cours des 2 premières années de suivi.
Le groupe des aliments industriels était caractérisé par des formules de plats ou de poissons prêts à consommer ou prêts à réchauffer, généralement combinés à des additifs.
44 551 participants ont été inclus dont 32 549 (73.1 %) étaient des femmes d’âge moyen 56.7 ± 7.5 ans. Les aliments industriels comptaient pour 14.4 ± 7.6 % du poids total de l’alimentation consommée, correspondant à une proportion moyenne de 29.1 ± 10.9 % de la consommation énergétique totale.
La consommation d’aliments industriels préparés était associée à un âge plus jeune (p < 0.001), un revenu plus faible (p < 0.001), un niveau éducatif plus bas (p < 0.001), le fait de vivre seul (p < 0.001), un IMC supérieur (p < 0.001) et un plus faible niveau d’activité physique (p < 0.001).
Un total de 602 décès (1.4 %) sont survenus au cours du suivi. Après ajustement pour toute une série de facteurs confondants, une proportion supérieure d’aliments industriels consommés étaient associée à un risque supérieur de mortalité globale (hazard ratio par 10 % d’augmentation = 1.14 ; IC 95 % 1.04-1.27, p = 0.008).
En conclusion, une augmentation de la consommation d’aliments industriels, qu’il s’agisse de plats préparés ou de boissons sucrées, etc. est associée à une mortalité globale supérieure chez les adultes. Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer ces données et mieux comprendre les mécanismes par lesquels ces plats industriels touchent la santé.
Sources : Schnabel L. et al. Association between ultraprocessed food consumption and risk of mortality among middle-aged adults in France. JAMA Intern Med 2019 ; 79 : 490-498.