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La petite aventure de Jolan Trécherel, architecte naval devenu concepteur de bijoux en carbone recyclé, prend de l’ampleur, depuis les débuts dans le garage paternel.

Son entreprise a installé son atelier à Quimper cette année, et travaille avec des écuries de course au large.

L’ancien régatier en Laser, en s’appuyant toujours sur des pièces en carbone destinées à la benne, vise désormais également la confection d’objets d’arts plus volumineux, et s’allie pour cela à la Coupe de l’America.

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Jolan Trécherel, fondateur de Karbon créations, souhaite « proposer toujours plus de produits ». | FABIEN PASSARD

Fabien PASSARD. Publié le 01/11/2024 à 12h13

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Karbon façonne la matière pour donner une autre vie aux pièces de voiliers de course

« Il y a toujours une histoire dans nos objets. On souhaite prolonger l’histoire sportive des pièces. »

Attablé dans une crêperie minuscule de Larmor-Plage, Jolan Trécherel prend le temps, en ce doux vendredi de septembre, de retracer l’histoire de la marque Karbon, qu’il a créé en 2019.

Une histoire qui commence, comme souvent, dans un garage, avant de se poursuivre dans les locaux de Vincent Riou, à Port-la-Forêt, en 2022.

Puis, deux ans plus tard, le passionné de voile installe ce projet professionnel d’une vie dans des ateliers émancipés, ou presque, au sein de la pépinière d’entreprises de Quimper.

Et toujours en poursuivant le même objectif : recycler des pièces de carbone en objets d’ornement.

Un AC75 fabriqué à Quimper

« Je ne voulais pas m’éloigner de la mer, mais finalement Quimper c’est tellement puissant, on est très bien là-bas », se satisfait le natif de la capitale de la Cornouaille, qui travaille entouré d’une petite équipe s’étoffant peu à peu.

Ainsi, il s’est associé récemment avec Nathalie Colin, ancienne directrice artistique de Swarovski.

De quoi booster l’envie de « créer des pièces haut de gamme », via une nouvelle marque indépendante de Karbon, nommée Jolan, dont le site sera bientôt en ligne.

Dans le nouveau catalogue, figurera notamment « une pièce d’exception », aux dires de l’homme de 36 ans, une réplique de l’AC75, proposée via une sous-licence commerciale négociée avec Orient Express.

Dégainant son smartphone, Jolan nous fait découvrir « l’objet d’art » en images.

D’un noir brillant, épuré, semblant insensible à la pesanteur, comme le modèle grandeur nature lorsqu’il flotte sur l’eau.

Cette pièce phare existe pour le moment en deux exemplaires estimés à 12 500 € pièce, et exposés l’un à Barcelone, où la dernière Coupe, remportée par les Néo-Zélandais, s’est disputée, et l’autre au siège du groupe Accor, à Issy-les-Moulineaux.

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L’AC75 d’Orient Express format miniature, et une autre pièce de la nouvelle marque Jolan. | OUEST-FRANCE

« Ma passion, c’est lier le sport à l’entrepreneuriat, alors travailler pour la Coupe de l’America, c’était un rêve.

Je n’ai pas pu y travailler en tant que skipper, ni ingénieur dans un team, mais de cette manière c’est très beau aussi », développe, des étoiles dans les yeux, celui qui fut un régatier de haut niveau.

« Je faisais du Laser, jusqu’au championnat du monde en 2011.

Le lendemain, j’ai arrêté. La compétition prenait trop de place dans mon quotidien, entre le mental, la préparation physique toute la semaine, plus les régates le week-end, c’était dur de conjuguer avec autre chose.

Je n’ai jamais vraiment pris de plaisir en voile, j’étais juste là pour gagner », concède l’ami de Jean-Baptiste Bernaz, pape de la discipline et marin de l’année 2022.

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Découvrant la matière aussi prodigieuse que polluante du carbone en tant que stagiaire matériaux composites en 2009 au technopole Sophia Antipolis, il obtient ensuite un diplôme d’architecte naval.

Puis, de 2014 à 2019, intègre le bureau d’études du constructeur Pogo.

Son projet mûrit alors doucement dans sa tête, et occupe une partie de son temps libre.

Jusqu’à ce qu’une demande de la joaillerie Aqun lui fasse passer le cap de s’y dédier à plein temps.

Et ça ne semble pas un vain mot, puisqu’en ce vendredi, il n’y avait guère que le temps du midi pour échanger avec le chef d’entreprise et récent papa, entre deux rendez-vous, dont l’un au siège de Gitana.

Malizia, Les P’tits Doudous, China Dream…

« Je travaille surtout avec des grosses écuries.

Les petites n’ont pas vraiment le temps de mener ce type de collaborations », éclaire le gaillard.

Outre Orient Express Racing team, sa société a collaboré avec MaliziaLes P’tits Doudous ou encore China Dream, pour le rayon voile, et notamment l’écurie française DS Performance, pour le recyclage de leurs pièces en carbone accidentées ou endommagées.

Les 24 H du Mans concentrent un important vivier pour Karbon.

« Les deux univers sont proches, estime l’alchimiste.

Et le sport automobile nous permet de réaliser de plus grosses quantités, des séries de 1 000 à 1 500. »

Quand ce ne sont que quelques dizaines de pièces parfois avec des clients de course au large.

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La machine d’usinage numérique s’intègre dans les modestes 180 m² des nouveaux ateliers de Karbon à Quimper, où de grandes pièces d’usine n’ont pas leur place. | OUEST-FRANCE

L’homme ne s’interdit pas d’agréger d’autres métaux à son carbone fétiche, ainsi du titane, de paillettes d’or ou encore de l’argent.

Pour mettre en avant son procédé original, le recrutement d’une personne chargée du volet commercial est désormais crucial, notamment en vue de « trouver de nouveaux points de vente, plus luxueux, travailler avec l’hôtellerie ».

Les bijoux homme représentent un gros segment.

Les produits iconiques de la marque restent pour le moment les colliers, bracelets et autres bagues.

Une collection de bijoux élégants, épurés et accessibles (de 25 à 220 €), qui peuvent orner les corps féminins ou masculins.

« Les bijoux homme représentent un gros segment, renseigne celui qui s’enquiert actuellement de son alliance. 

Trouver le bon bijou pour les hommes n’est pas simple, et on a notre carte à jouer là-dessus. »

L’addition est payée, nous rejoignons la côte pour une petite séance photos.

T-shirt bleu marine et teint lilial, Jolan se questionne, en regardant les dizaines de voiliers coiffer la citadelle de Port-Louis pour tirer des bords sous le soleil : « Je ne sais même pas si j’ai encore envie de naviguer.

Je crois que je préfère rêver de ce que l’objet que je porte a accompli. »

écologie Orient Express Racing Team Les P’tits Doudous America’s Cup Class-AC Malizia – Seaexplorer

Vincent Riou Laser Course au large