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Le président de la FFVoile, Jean-Luc Denéchau, aime naviguer dans le concret et n’use pas de la litote pour parvenir à ses fins, celles de l’avenir de la voile française.

Parité, voile pour tous, Équipe de France, brevet Capitaine 200 automatique pour les skippers du Vendée Globe, préparation des JO : quand ça fonctionne, il applaudit.

Quand ça ne va pas, il l’a dit aussi à Didier Ravon lorsqu’ils s’étaient rencontrés en marge du dernier Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest.

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Jean-Luc Denéchau : « On a besoin de grandes compétitions telles que le Spi Ouest France, la Massilia Cup, la SNIM… pour donner envie aux gens de régater ». | DR / DIDIER RAVON

Didier RAVON. Modifié le 23/04/2022 à 19h07

Voiles et Voiliers : On voit de plus en plus de jeunes régatiers, notamment des filles. Vous confirmez ?

Jean-Luc Denéchau : Oui. Entre 2016 et 2020, l’âge médian des pratiquants licenciés, est passé de 18 à 13 ans. Il y a un engouement des jeunes pour la voile qui est fort.

Lire aussi : Jean-Luc Denéchau, président de la FFVoile, s’exprime sur l’affaire François Gabart

En ce qui concerne la participation féminine, il y a un travail de la fédération afin de la promouvoir…, en Optimist, on n’est pas loin de la parité fille-garçons

Voiles et Voiliers : Comment l’expliquez-vous ?

Jean-Luc Denéchau : C’est sans doute dû au confinement. Beaucoup de parents préfèrent que leurs enfants fassent un sport de plein air plutôt que dans un gymnase.

En ce qui concerne la participation féminine, il y a un travail de la fédération afin de la promouvoir, et on voit par exemple dans les compétitions en Optimist que l’on n’est pas loin de la parité fille-garçons.

Ensuite, il faut qu’on sache les conserver, et cela fait partie d’une des missions de la FFVoile.

Et puis je pense qu’il y a un petit effet Vendée Globe, dont le succès a été incroyable.

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Jean-Luc Denéchau, président de la FFVoile, lors du 44e Spi Ouest France. | DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCE

Voiles et Voiliers : Justement, quelle est la tendance observée quant aux licences suite à ce long confinement ?

Jean-Luc Denéchau : Pour les jeunes, on est en progression de 5 % en ce qui concerne les licences.

Pour les Passeports voile, c’est plus 15 %. Pour les adultes, on est encore à moins 3 % par rapport à 2019.

Donc on a besoin de grandes compétitions telles que le Spi Ouest France, la Massilia Cup, la SNIM… pour donner envie aux gens de régater.

15 millions d’euros

Voiles et Voiliers : Sans rapport : le montant du budget annuel de la FFVoile s’élève à combien ?

Jean-Luc Denéchau : Grosso modo, c’est 15 millions d’euros. On a 40 % qui viennent des subventions, 38 % qui viennent de nos licences, titres, etc., 10 % des partenariats, 4 % de la boutique, et le reste provient de recettes diverses.

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De plus en plus de jeunes filles régatent, que ce soit en dériveur ou en habitable comme ici en Open 5.70. | DIDIER RAVON

Voiles et Voiliers : Il y a un effet Jeux olympiques 2024 en France, où en voile il y aura la parité parfaite ?

Jean-Luc Denéchau : Oui, je pense que c’est dans l’air du temps, que ce soit dans les gouvernances de fédération, dans la médiatisation par rapport à la place des femmes.

En voile, on a la chance de pouvoir mettre à armes égales hommes et femmes, handivoile…

C’est quelque chose de vraiment positif.

Il n’y a pas la même appétence pour les Jeux Olympiques avec la gouvernance précédente qui avait déposé et obtenu les JO à Marseille

Voiles et Voiliers : Justement, les JO 2024 auront lieu à Marseille. On a vu récemment sur place que les travaux de la future marina olympique ne semblaient pas très avancés…

Jean-Luc Denéchau : Ce que l’on peut dire, c’est qu’il n’y a pas la même appétence avec la gouvernance précédente qui avait déposé et obtenu les JO à Marseille.

Il y a évidemment la continuité républicaine qui doit fonctionner, mais il y a eu beaucoup de retard à l’allumage.

Là, c’est parti, mais pour le Test Event de 2023 (une épreuve à Marseille sur le même format que les JO avec un équipage par nation – N.D.L.R.), les installations ne seront pas finies.

Heureusement, le plan d’eau sera là (rires). Il y a un travail à faire afin que la ville de Marseille puisse prendre conscience du bénéfice qu’elle peut retirer d’avoir les Jeux.

À la fédération, nous sommes toujours parfaitement ouverts pour travailler avec la municipalité, avec les QPV (Quartiers Prioritaires de la Ville) afin de faire découvrir la voile à des jeunes.

On tire l’avantage que l’on veut des Jeux, mais il faut que nous les réussissions.

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La marina olympique à Marseille au Roucas-Blanc avant le début des travaux. | SAILING ENERGY

Voiles et Voiliers : Si l’on revient sur l’équipe de France qui semble très forte au vu du début de saison, on note aussi beaucoup de jeunes équipages rêvant de JO. Il y a une place pour eux ?

Jean-Luc Denéchau : Évidemment ! Il y a certes ce que j’appelle l’« effet JO France », mais aussi la volonté de profiter que les Jeux se déroulent à Marseille pour faire participer et échanger avec la relève et l’équipe de France…

Nous avons deux actions avec Guillaume Chiellino, le Directeur Technique National, et Philippe Mourniac, Directeur des équipes de France.

La sélection va devenir plus drastique pour intégrer l’équipe de France

Voiles et Voiliers : C’est-à-dire ?

Jean-Luc Denéchau : La sélection va devenir plus drastique pour intégrer l’équipe de France, puisque désormais, il va falloir faire un top trois mondial (jusque-là, c’était un top six).

On veut de la haute performance, mais aussi multiplier la « base » et faire participer les jeunes équipages aux entraînements de l’Équipe de France.

Cela a un double intérêt : derrière, ça pousse fort, et ces jeunes acquièrent de l’expérience.

On a déjà en ligne de mire 2028 (Los Angeles) et 2032 (Brisbane), car 2024, c’est demain. On essaye de les soutenir au maximum à tous les niveaux, même si on se concentre aussi sur la haute performance ; l’objectif étant de faire mieux qu’à Tokyo 2020 (la France a obtenu trois médailles, deux en argent et une en bronze – N.D.L.R.).

À partir du moment où ils intègrent la relève, on est présent pour les aider.

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Le dernier Spi Ouest France Banque Populaire Grand Ouest a attiré près de 400 bateaux. | DIDIER RAVON

Voiles et Voiliers : La 4ème édition de la Drheam Cup entre Cherbourg et La Trinité en juillet prochain connaît un succès grandissant. Comment l’expliquez-vous ?

Jean-Luc Denéchau : La force de la Drheam Cup Grand Prix de France de Course au Large, c’est d’avoir su fédérer.

Toutes les classes de bateaux y viennent ou veulent venir et du coup, très rapidement, c’est devenu une classique, comme si elle existait depuis des décennies tels que le Fastnet ou Sydney-Hobart

L’alchimie « Pro-Am » fonctionne très bien, et Jacques Civilise son créateur, est parvenu en seulement trois éditions à créer une grande classique.

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La FFVoile espère que l’opération « La mer est à vous » se renforce à Marseille avec les JO. | DIDIER RAVON

Voiles et Voiliers : Vous avez été élu en mars 2021 en plein confinement. Vous êtes un peu le président du Covid, et aviez annoncé vouloir poursuivre l’inclusion « la mer est à vous » initiée en 2018 par votre prédécesseur, Nicolas Hénard ?

Jean-Luc Denéchau : (rires) Oui c’est un peu ça, je suis le « Président Covid » !

Je suis tous les jours à mon bureau et sinon sur le terrain (Jean-Luc Denéchau est à plein temps à la FFVoile et salarié – N.D.L.R.).

Le projet « La mer est à vous » fonctionne bien. L’idée est de proposer à des jeunes éloignés de l’emploi d’intégrer durant cinq mois un club de voile.

On va avec eux construire leur parcours professionnel, les aider à rédiger un CV, les inciter à se fondre dans un équipage, prendre leur autonomie… et ce afin qu’ils puissent trouver une formation ou un métier dans le maritime.

Les marins du Vendée Globe notamment vont enfin obtenir le brevet de capitaine 200

Voiles et Voiliers : Enfin, un arrêté ministériel définissant des équivalences entre le brevet Capitaine 200 et les coureurs au large vient d’être publié. C’est une petite victoire ?

Jean-Luc Denéchau : Oui, on peut dire ça. Cela fait plusieurs années que nous travaillons sur cette équivalence (le Capitaine 200 est un diplôme des Affaires Maritimes de la Marine Marchande).

 Jimmy Pahun, député dans le Morbihan mais aussi régatier réputé, a poussé ce dossier « marin d’exception », tout comme Yannick Bestaven, le vainqueur du dernier Vendée Globe.

J’ai reçu le soutien d’Annick Girardin, ministre de la Mer.

Les marins du Vendée Globe notamment vont enfin obtenir le brevet de capitaine 200.

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Yannick Bestaven, vainqueur du dernier Vendée Globe a notamment œuvré pour que les circumnavigateurs obtiennent le « Capitaine 200 » par équivalence. | JEAN-LOUIS CARLI / ALEA / VG

Il était inconcevable qu’un marin ayant disputé la Volvo Ocean Race ou le Vendée Globe ne soit pas en capacité de convoyer de manière professionnelle un bateau entre La Rochelle et La Trinité ou entre Marseille et Hyères.

Quand je pense par exemple que Jean-Pierre Dick qui a disputé cinq tours du monde en course, a dû faire cette formation sur huit mois pour obtenir le diplôme, afin de pouvoir embarquer sur son bateau (le JP 54 The kid) des amateurs afin de disputer des transats.

Voiles et Voiliers : Il y a des marins qui sont désormais diplômés ?

Jean-Luc Denéchau : Oui, Marie Riou et Yannick Bestaven… mais beaucoup d’autres vont les rejoindre bientôt.

Près de cent skippers sont concernés.

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