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La plus belle photo de voile 2022 sera prochainement élue par le jury du Grand Prix Mirabaud et par les internautes qui auront participé cette année encore à ce vote qui vient de débuter en ligne.
L’occasion de se plonger dans la sélection des plus belles photos de l’année 2022.
Lauréat de l’année 2016, Jean-Marie Liot, l’un de nos « photographes-maison », se souvient de sa photo gagnante.
Il raconte son métier et ses astuces pour réussir la photo du siècle de votre voilier.
Imoca sous la mer : la photo avec laquelle Jean-Marie Liot remporta l’édition 2016. | JEAN-MARIE LIOT / ALEA
Nicolas FICHOT.Publié le 17/10/2022 à 18h19
Là, c’est un kitesurf qui se défie de la gravité. Ici, c’est un cockpit d’Imoca noyé sous un déluge salé.
Ou bien une tête de mât sorti des eaux, un bout d’étrave reprenant son souffle entre deux enfournements, un équipier au rappel vu de la mer ou l’ombre d’un N° 1 brassant un Code 0 à contre-jour : on trouve de tout et tout est beau dans la pré-sélection des 80 photos de voile desquelles émergera bientôt la lauréate 2022 du Grand prix Mirabaud de la photo de voile, gagnante dans la catégorie Mirabaud Yacht Racing Image.
Faites votre choix !
Pour participer à ce vote, il vous suffit de cliquer sur ce lien, de vous régaler les yeux puis de faire votre choix toujours d’un seul clic.
Et alors sera élu le successeur du tenant du titre, le photographe de l’AFP Loïc Venance qui avait l’an dernier shooté au large et aux aubes grises un Jérémie Beyou de retour de son Vendée Globe 2020 démarré dans la douleur d’une grave avarie qui l’avait retardé de plusieurs jours et qui s’était déroulé ensuite sous le signe d’une remontada interminable pour lui et presque gagnante.
Jérémie Beyou de retour du Vendée Globe : la photo du lauréat de l’an dernier, Loïc Venance. | LOIC VENANCE / AFP
Quelques années plus tôt, c’est l’un des photographes de Voiles et Voiliers, Jean-Marie Liot, qui avait remporté l’édition 2016 de ce prix doté aujourd’hui de 1 500 € de prime pour le lauréat en catégorie Mirabaud Yacht Racing Image avec un cliché mieux que surprenant de l’Imoca Safran de Morgan Lagravière piégé sous une montagne liquide alors qu’il naviguait au reaching au large de Groix quelques semaines avant de prendre le départ du Vendée Globe 2016-2017.
J’ai la chance d’avoir fait et de faire encore beaucoup de voile : on comprend mieux ce qui va se passer
« Cette photo, j’ai les détails dans mes calepins, je l’avais prise à 11h14 le 15 avril 2016 au large de Groix, se souvient Jean-Marie Liot qui écume les courses depuis plus de 30 ans.
En hélicoptère, pour une banque images du skipper.
Ce qui veut dire que nous avions rendez-vous, lui sur son bateau et nous en hélico.
J’étais déjà avec du matériel canon et pour ce shoot, j’ai aussi le détail : Vitesse au 1/1000e et la bonne ouverture pour profiter de la lumière du matin qui commençait à bien éclairer l’écume.
L’idée c’est de bien anticiper sur le coup de bol.
Et j’ai la chance d’avoir fait et de faire encore beaucoup de voile : on comprend mieux ce qui va se passer, on sent, on devine le coup qui vient : ça aide ! ».
Les votes sont ouverts ! | MIRABAUD YACHT RACING IMAGE
« Pour ce genre de photos, à condition bien sûr de pouvoir guider le pilote de l’hélicoptère, il faut travailler à l’instinct.
Attendre la bonne lumière, mettre le bateau dans le bon axe en lui ayant demandé par VHF de naviguer au reaching pour rajouter de la puissance.
Et on attend la bonne vague dans laquelle il va rentrer. Là, ça a été encore mieux que prévu : une sorte de vague géante improbable qui mange le bateau.
Tout blanc d’écume, l’Imoca. On ne voyait plus que les cagnards, l’hydrolienne, la bôme, les outriggers et le bout du foil jaune pour donner la petite pointe de couleur en haut à droite du cadre : la régalade ! ».
Attendre ce moment magique où les lumières naturelles font tout briller : l’“heure bleue” ou la “golden hour”.
« Je n’ai pas de conseils à donner aux plaisanciers qui voudraient assurer la bonne photo de leur voilier, la “plaque” comme on dit, mais je leur dirais quand même de travailler de préférence le matin ou le soir.
D’attendre ce moment magique, l’heure bleue, ou les lumières naturelles font tout briller : l’“heure bleue” ou la “golden hour”.
Il faut chercher en fond des nuages qui ont de la matière et travailler le cadrage.
Il existe une règle d’or qu’on ne respecte plus assez, la règle du tiers.
On divise le champ de la photo en trois carrés de largeur et de la hauteur.
Cela fait 9 cases et au milieu, surtout, on ne met rien. L’histoire va se faire autour, on ne met pas le sujet trop au centre.
Et on soigne l’éclairage si possible : celui du bateau en attendant un rayon de lumière, de la zone ou de la personne à mettre en valeur ».
Jean-Marie Liot vue par un autre grand de la photo de course, Jacques Vapillon. | JACQUES VAPILLON
« Avec les boîtiers modernes, les dangers d’une sur ou sous exposition sont en principe écartés mais avec trop de mer, l’appareil va surexposer.
Au contraire, si une grosse coque blanche inonde la photo, le reste sera sous exposé.
On fait attention aussi à ne pas mouiller le matériel, l’eau de mer ne pardonne pas. En cas de malheur, de vague vicieuse, on réagit tout de suite : une serviette-éponge dans de l’eau douce et tiède que l’on essore à fond en la tordant et on essuie doucement l’appareil, pour faire la chasse aux cristaux de sel tant qu’il est encore temps ».
La bonne photo, c’est celle qu’on cherchait avant de commencer à travailler. On va la travailler à fond dans sa tête
« Le drone a changé beaucoup de choses dans le monde de la photo nautique mais ce n’est pas non plus la panacée, la solution miracle, dit encore Jean-Marie Liot.
C’est un plus mais ce n’est jamais qu’un appareil à distance : donc il n’y a pas de créativité.
Avec un drone, vous allez assurer mais la bonne photo, c’est celle qu’on cherchait avant de commencer à travailler.
On va la travailler à fond dans sa tête pour savoir exactement ce qu’on veut, on va se mettre en condition, bien préparer le matériel et attendre, si possible se faire oublier, jusqu’à ce que la photo qu’on voulait, on l’ait dans l’appareil.
On appuie et on sourit intérieurement. C’est fait : dans notre tête, on a gagné ! » conclut Jean-Marie Liot, vainqueur du Mirabaud Yacht Racing Image 2016.