Accueil Course au large Globe40

Frans Budel et Ysbrand Endt ont remporté mercredi à Lorient la première édition de la Globe40.

Si les autres bateaux ont profité de la possibilité de changer d’équipage sur certaines étapes, eux ont couru ensemble les huit étapes, en ont remporté une et s’imposent au général.

À l’arrivée au ponton de la Base sous-marine, Frans, le chef d’entreprise et Ysbrand, le marin professionnel, sont revenus sur cette victoire.

Le Class40 Sec Hayai, skippé par Frans Budel et Ysbrand Endt a franchi la ligne d’arrivée de la huitième et dernière étape entre Grenade et Lorient en deuxième position et s’adjuge la victoire au classement général. Une image contenant texte, clipart

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Le Class40 Sec Hayai, skippé par Frans Budel et Ysbrand Endt a franchi la ligne d’arrivée de la huitième et dernière étape entre Grenade et Lorient en deuxième position et s’adjuge la victoire au classement général. | JEAN-MARIE LIOT

Loïc MADELINE. Publié le 16/03/2023 à 11h18

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INTERVIEW. « Nous avons toujours poussé le bateau au maximum » : Sec Hayai vainqueur de la Globe40 (ouest-france.fr)

Voiles et Voiliers : Quel est votre sentiment à l’issue de cette victoire ?

Frans Budel : C’est super, c’est super, c’est super ! Nous sommes les vainqueurs, nous le voulions, nous l’avons fait.

Ysbrand Endt : Nous sommes au septième ciel ! Nous avons démarré en 2019 avec beaucoup de préparation et je lui ai dit que nous avions le potentiel, en tant que marins, de gagner cette course, mais le bateau est très vieux et c’est notre talon d’Achille.

Alors, nous avons décidé de mettre l’accent sur la fiabilité, sur un maximum d’entraînement et de toujours viser entre la deuxième et la troisième place de chaque étape.

Cela devait nous permettre de remporter la course. Et puis, nous avons gagné à Auckland l’étape de l’océan Indien et à partir de là, nous n’avons plus lâché la tête du classement général. Nous sommes au paradis, au paradis !

Voiles et Voiliers : Au départ vous aviez le plus vieux bateau de la flotte…

Ysbrand Endt : À la fin aussi !

Voiles et Voiliers : Et vous aviez des concurrents de haut niveau. Comment avez-vous géré cela ?

Frans Budel : Les autres concurrents sont également de bons marins, et dans un souci de sécurité, ils disaient toujours « n’y allez pas trop fort, ne tirez pas trop sur le bateau… »

Mais nous n’avons jamais cessé de pousser. Et si je relâchais un peu la pression, c’est Ysbrand qui la mettait et réciproquement. C’est notre secret.

Nous devions faire les bons choix pour compenser notre déficit de vitesse

Ysbrand Endt : Effectivement et nous savions aussi que tous les choix techniques, comme tous les choix stratégiques – comme ceux à faire lors du passage des îles ou lors de l’arrivée des dépressions – chacun de ces choix devait être le bon, c’était indispensable pour compenser notre déficit de vitesse.

Nous ne cherchions pas à faire des pointes de vitesse mais nous cherchions la vitesse moyenne la plus élevée.

C’est une grosse différence et s’il y a un secret, c’est ici qu’il faut le chercher.

Nous avons aussi bénéficié du travail d’une très bonne voilerie française (All Purpose, ndlr) qui nous a livré des super voiles qui nous ont permis de pousser le bateau sans arrêt.

C’est en additionnant toutes ces petites choses que nous avons réussi à gagner cette course.

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Frans Budel, à gauche, et Ysbrand Endt : les deux Néerlandais reviennent sur leur victoire dans la première édition de la Globe40, tour du monde en double et avec escales. | JEAN-MARIE LIOT

Voiles et Voiliers : C’était très serré, notamment avec Amhas, au départ de la Grenade, vous aviez peu d’avance. Avez-vous eu peur de perdre la première place sur cette dernière étape ?

Frans Budel : Nous n’avons pas eu peur car nous savions que nous pouvions finir dans les deux premiers sur cette étape.

Nous nous sommes dit que nous devions démarrer vraiment à fond et c’est ce que nous avons fait, nous avons pris un bon départ mais après quelques milles, Amhas nous a dépassés et puis Gryphon Solo nous a également dépassés.

Nous avons fait un bon coup stratégique qui nous a permis de reprendre la tête le temps d’une nuit.

Mais dès le lendemain, Amhas nous a de nouveau dépassés, et nous nous sommes retrouvés 20 milles derrière eux et puis l’élastique s’est détendu.

Ils ont eu 100 milles d’avance, puis nous sommes revenus à 40 mais pendant que nous nous disputions la victoire, nous avons semé Gryphon Solo.

Alors oui, nous avions plutôt confiance mais nous savons que tout peut arriver au large, même à 10 milles de l’arrivée. Et comme on dit, il faut d’abord finir pour finir premier. Et c’est ce que nous avons fait.

VOIR AUSSI :

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« Un challenge de faire un tour du monde sur des bateaux de cette taille » : bilan à chaud

Voiles et Voiliers : Vous avez rencontré de grosses conditions ces derniers jours avec des vagues de 10 mètres et 55 nœuds de vent. Comment avez-vous géré ces conditions extrêmes et quelle était l’ambiance à bord ?

Frans Budel : Pour être honnête, la vie est plutôt bonne à bord d’un Class40 avec 45, 50 ou 55 nœuds de vent.

Il faut être sûr que votre jeu de voile est le bon et qu’il est bien en place, ce qui vent dire qu’il ne faut pas être trop toilé, mais qu’il ne faut pas être sous-toilé non plus.

La vitesse du bateau est très importante. Nous nous sommes dit : il faut que nous marchions toujours à plus de 10 nœuds afin que les vagues ne puissent pas briser sur nous.

Nous sommes partis au tas souvent, deux ou trois fois par heure, mais toujours en allant à plus de 10 nœuds pour ne pas être menacés par les vagues.

Et ce choix nous a bien aidés. Pour être honnête, je dois préciser que nous étions en communication avec Amhas (le bateau de tête), pour discuter du choix de la combinaison de voiles, trois ou quatre ris ? Avec ou sans le J2 ?

55 nœuds de vent, c’est une pression incroyable sur le gréement et il faut vraiment être prudent, mais nous avions dès le départ décidé d’avoir un bateau aux emménagements très confortables, et nous pouvons gérer le bateau 90 % du temps depuis l’intérieur.

Cela nous apporte beaucoup de sécurité, beaucoup de confiance et nous sommes toujours conscients de ce qui se passe dehors. Nous avons toujours eu l’impression d’être en sécurité.

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Sec Hayai, juste avant de passer la ligne d’arrivée au large de Lorient le 15 mars à 20 heures. Cet Akilaria, était le plus vieux bateau de la course.

C’était aussi le mieux préparé, le seul à être équipé d’un chauffage ! | JEAN-MARIE LIOT

Ysbrand Endt : Et nous avions un chauffage !

Frans Budel : Et nous avions un chauffage. Nous sommes les seuls à être équipé d’un chauffage., Il faisait 19° à l’intérieur et nous étions en t-shirt alors que le vent soufflait à plus de 100 km/h à l’extérieur, tranquille !

Voiles et Voiliers : Vos familles et vos proches avaient fait le déplacement à Auckland et à Tahiti et ils sont présents à l’arrivée, vous devez apprécier ?

Frans Budel : C’est incroyable, c’est magique !

Ysbrand Endt : La vie ne peut pas être plus belle. Il y a une expression qui dit : « heureux comme Dieu en France ». Aujourd’hui, nous sommes comme des dieux en France.

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