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Un courrier de Kit McConnell, directeur des sports du Comité International Olympique (CIO) que nous venons de nous procurer, semble très clair : il n’y aura sans doute pas de voile habitable en double aux Jeux Olympiques de Marseille en 2024 !

Explications… et curieux arguments du nouveau président chinois de World Sailing, la fédération internationale de voile.

La course habitable en double n’a pourtant jamais été aussi en vogue… | DIDIER RAVON

Didier RAVON Modifié le 15/04/2021 à 11h40

C’est une lettre personnelle en anglais postée de Lausanne le 12 avril, siège du CIO, le Comité International Olympique, et adressée à Quanhai Li, le récent président chinois de World Sailing.

Celui-ci, élu en novembre dernier devant le Danois Kim Andersen (qui, lui, était favorable à l’arrivée de la voile mixte habitable et en double) en novembre dernier, a dû « boire du petit-lait » en la recevant.

Car le président chinois Quanhai Li n’a jamais caché qu’il était contre la course au large aux JO.

Il a manifestement parfaitement fait jouer ses réseaux et un redoutable lobbying….

Ce devait être une épreuve phare et novatrice, mais…

Ce devait être l’une des épreuves phare et novatrice des JO de Paris 2024.

Une course au large de deux à trois jours en double depuis Marseille vers la Corse ou le long du littoral méditerranéen, selon la météo, en double mixte (une fille un garçon) sur un monotype de 30 pieds, et filmée en direct.

On parlait même de commencer les Jeux par cette épreuve, formidable vitrine pour la voile en mondovision. L’idée géniale, portée depuis quasiment quinze ans par Jean-Pierre Champion, puis par Nicolas Hénard, successivement présidents de la FFVoile jusqu’à cette année, avait été adoptée par World Sailing à une large majorité, signe du travail effectué et aussi de la légitimité de la discipline, parfaitement illustrée par la Sardinha Cup, la Transquadra, la Transat Jacques Vabre ou la Transat en double en Figaro 3.

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Marie Riou et Benjamin Schwartz, champions d’Europe 2020 en double. | DR

Mais il fallait l’aval du CIO.

Afin de pas désavantager des nations moins portées sur la course au large, il n’était pas question de définir immédiatement le bateau pouvant permettre aux spécialistes de la course au large (France, Italie, Allemagne, Suisse, Irlande, Grande-Bretagne, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie…) de rapidement dominer, et ce afin de garder une certaine équité.

Et le CIO voulant absolument cette parité et mixité en 2024, se disait – du moins au début – séduit par ce projet.

Mais l’élection surprise de Quanhai Li, sans aucun tropisme ni pratique à haut niveau de la voile, a changé la donne.

Vice-président du CIO durant de longues années, brillant et habile politicien, Quanhai Li n’a cessé de se « mettre dans la poche » les nations asiatiques évidemment, mais aussi celles de l’Europe de l’Est et des pays émergents, qui auraient préféré de loin conserver la planche RS : X ou le Finn (les deux ne seront plus en 2024) avec lesquels il est vrai, ils ont beaucoup investi, notamment en recrutant des coaches de l’Occident.

Des arguments curieux… dont les potentielles attaques de pirates !

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Marie Riou et Benjamin Schwartz en entraînement dans la rade de Marseille. | DR

De fait, par ses nombreuses relations et un évident entregent, il a inversé la tendance, face au président, l’Allemand Thomas Bach, ancien champion olympique de fleuret, mais pas « voileux » pour un sou.

Ce courrier policé du CIO justifiant de l’impossibilité d’organiser une course au large de deux ou trois jours « après approfondissement » est effarant.

Outre le coût (les bateaux seront pourtant fournis avant d’être revendus), la soi-disant complexité de la mise en place d’une telle course (les bénévoles qui organisent des centaines de régates en France vont rigoler…), la complexité et le prix exorbitant pour retransmettre les images de la course en direct, c’est la sécurité des athlètes qui semble s’avérer problématique, pas uniquement sur le fait qu’un marin puisse tomber à l’eau… et « pourrir les JO ».

Pire, la Méditerranée – de la Provence à la Côte d’Azur, le golfe du Lion, la Corse voire les Baléares – serait affreusement mal surveillée par les autorités françaises à commencer par la Marine nationale… donc dangereuse, avec des risques évidents d’attaques par d’éventuels pirates ou autres groupuscules « profitant » des Jeux olympiques.

C’est écrit noir sur blanc.

Le CIO veut la mixité, mais ne semble pas prêt à adopter le double mixte habitable. | DIDIER RAVON

Qui a navigué dans le bassin occidental méditerranéen, sait qu’au moindre problème (généralement une avarie), le CROSS, donc la Marine nationale, et la SNSM sont sur zone aussitôt avec une efficacité et un professionnalisme unanimement reconnus !

Et ce courrier se permet d’ajouter qu’il faudrait d’abord tester une épreuve type championnat du monde via World Sailing…

Ce qui se fait régulièrement en course au large depuis des lustres.

Le comité exécutif du CIO annonce – de façon très jésuite – qu’il donnera sa réponse définitive le 8 juin.

Dont acte. Sans vouloir être pessimiste, ça semble « mort ».

Il y a de quoi être abasourdi et en colère !

Comptons sur la FF Voile et le COJO à la tête des JO 2024 pour se bagarrer… et vite !

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