Revue de presse Mediscoop du 05-10-2022

Hystérectomie, vigilance vis-à-vis du risque de diabète ultérieur Une image contenant texte

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Par Mme Céline Lefebvre (Paris) [Déclaration de liens d’intérêts]

– Date de publication : 5 octobre 2022

Hystérectomie, vigilance vis-à-vis du risque de diabète ultérieur (mediscoop.net)

Une hystérectomie, surtout si elle est pratiquée avant l’âge de 45 ans, augmenterait le risque de diabète de type 2.

Celui-ci est d’autant plus sérieux qu’une ovariectomie y est associée.

Cette analyse française robuste présentée au congrès européen de diabétologie confirme les quelques données disponibles.
L’hystérectomie a déjà été associée au risque d’hypertension et de maladies cardiovasculaires, mais seules deux études, conduites aux Etats-Unis et à Taïwan, avaient examiné la relation avec le risque de survenue de diabète de type 2 (DT2).
Selon une analyse issue de la cohorte de femmes françaises E3N, cette intervention n’est pas anodine sur le plan métabolique.

81.144 femmes non diabétiques (moyenne d’âge 51 ans ; intervalle 45-60 ans à l’inclusion) ont été suivies de manière prospective sur une durée moyenne de 16,4 ans.
Le risque accru de diabète associé à une hystérectomie est avéré, de l’ordre de 27% en analyse multifactorielle (ajusté sur les facteurs confondants tels que les antécédents familiaux de diabète, l’alimentation, l’activité physique, le niveau socio-économique, etc.).

Comme l’expliquait à l’EASD 2022 son investigateur principal, le Pr Fabrice Bonnet, diabétologue au CHU de Rennes et au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif), « une femme ayant eu une hystérectomie se retrouve statistiquement plus à risque de diabète, d’où une vigilance particulière vis-à-vis de son devenir métabolique, plus d’une quinzaine d’années après l’intervention.

Les moins de 45 ans apparaissent comme les plus à risque, avec un risque global de DT2 de 52% plus élevé que chez celles sans hystérectomie dans ce groupe d’âge. »

Enfin, un bénéfice incontestable ressort sur le plan métabolique à préserver les ovaires ; le fait d’avoir une hystérectomie avec préservation des ovaires étant toujours associé à un risque accru de diabète mais bien moindre (HR : 1,13, IC à 95% 1,03-1,25, p=0,013) comparativement à une hystérectomie avec ovariectomie (HR : 1,23, IC à 95% 1,13-1,35, p<0,001).
Au moins deux hypothèses pourraient expliquer ces résultats, dont la dépression, plus marquée chez les femmes hystérectomisées dans E3N. Or, la dépression expose à un risque accru de diabète ultérieur.
Par ailleurs, plus la sécrétion d’hormone antimüllérienne (AMH, qui témoigne de la fonction ovarienne) est basse, plus le risque de diabète est élevé. Et en effet, dans la cohorte E3N, le risque de DT2 est plus important en cas d’hystérectomie couplée à une ovariectomie.

Référence : Fabrice Bonnet et al. – Risk of incident diabetes after hysterectomy: results from the E3N cohort study.
OP 26 The dark side of diabetes – 151 The European Association for the Study of Diabetes (EASD) 22/09/22