Actualités publiée le 11/01/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Advances in Nutrition
Être du type noctambule est-il mauvais pour la santé ? Oui, répond définitivement cette étude de l’Université de Northumbria (Newcastle) au grand dam de tous ceux qui n’ont pas le choix et travaillent par quart ou de nuit. L’étude présentée dans la revue Advances in Nutrition confirme ainsi l’ensemble des risques associés à une horloge interne décalée, en particulier le risque accru de maladie cardiaque et de diabète de type 2.
Cette méta-analyse d’études visant à préciser les risques pour la santé associés aux chronotypes « lève-tôt » ou « oiseau de nuit », aboutit à un nombre croissant de preuves confirmant le risque accru de maladies cardio-métaboliques chez les personnes ayant une préférence pour le soir. L’analyse confirme également un facteur majeur de risque : ces individus s’alimentent de manière plus erratique, avec des apports nettement plus élevés d’aliments malsains.
Les conclusions doivent sensibiliser à une évidence : le corps humain fonctionne et est conçu pour fonctionner selon un cycle de 24 heures, régulé par notre horloge interne, appelée rythme circadien ou chronotype. Cette horloge interne régule de nombreuses fonctions physiques, telles que l’alimentation et le métabolisme ou le sommeil et l’éveil.
C’est un nombre croissant de preuves qui sont identifiées par cette analyse sur l’augmentation du risque de maladies cardiaques et le diabète de type 2 associé au chronotype « du soir ». Les personnes qui se couchent plus tard ont en effet tendance,
- à avoir une alimentation moins saine,
- à consommer plus d’alcool, de sucres, de boissons caféinées et fast-food que les lève-tôt ;
- leurs habitudes alimentaires sont plus erratiques, avec l’absence fréquente de petit-déjeuner, plus de grignotage ou de repas décalés dans la journée ;
- leur régime alimentaire contient moins de céréales, de seigle et de légumes, globalement un moins grand nombre de repas, mais des repas plus copieux ;
- des niveaux plus élevés de consommation de boissons contenant de la caféine, du sucre et des apports moins élevés de fruits et de légumes par jour ;
- leurs repas plus tardifs dans la journée sont déjà un facteur documenté de risque accru de diabète de type 2 car le rythme circadien qui influe sur le métabolisme du glucose est décalé ; comme les noctambules mangent souvent peu de temps avant le coucher, leur taux de glucose augmente lorsqu’ils sont sur le point de dormir. Cela affecte leur métabolisme car leur corps ne suit pas son processus biologique normal ;
- globalement, les « noctambules » sont ainsi 2,5 fois plus susceptibles de souffrir de diabète de type 2 que les « lève-tôt » ;
- sont bien évidemment concernés par ces effets délétères les personnes qui travaillent en quarts et doivent ainsi ajuster constamment leur horloge biologique en fonction de leurs heures de travail. Ces personnes présentent une sensibilité à l’insuline réduite et une moindre tolérance au glucose, ce qui les expose à un risque accru de diabète de type 2.
Quelques tendances clés :
- Nos préférences pour un chronotype précoce ou tardif varient ave la période de la vie : le chronotype du matin est plus courant chez les enfants et peut apparaître dès l’âge de 3 semaines. Notre chronotype évolue pendant l’enfance : si plus de 90% des enfants de 2 ans ont une préférence pour le matin, ce pourcentage diminue à 58% à l’âge de 6 ans et évolue davantage vers une préférence pour le soir à la puberté. Cette préférence du soir continue jusqu’à la cinquantaine environ. Puis, avec l’âge avancé, nous préférons à nouveau « le matin » ;
- l’ethnicité et la vie sociale influent également sur notre chronotype. En particulier, l’analyse identifie des différences entre les personnes vivant dans les zones urbaines et rurales ;
- l’exposition au soleil influe sur le sommeil et donc sur le chronotype : chaque heure supplémentaire passée à l’extérieur est associée à 30 minutes de sommeil anticipé et le bruit, l’éclairage ambiant et globalement les environnements urbains peuvent également influer sur une préférence du matin ou du soir.
Le concept de dette de sommeil trouve avec cette analyse ses justifications, avec un manque de sommeil plus important pendant la semaine de travail, rattrapé généralement mais par les lève-tôt plutôt, durant les week-ends.
L’auteur principal, le Dr Almoosawi, chercheur au Centre de recherche sur le cerveau de Northumbria commente ces données : « les gènes, l’ethnie et le sexe déterminent la probabilité que vous soyez du matin ou soir. À l’âge adulte, le chronotype du soir est bien associé à un risque plus élevé de cardiopathie et de diabète de type 2, principalement dû à un comportement alimentaire malsain. Ainsi, les patients qui contrôlent moins bien leur diabète sont plutôt du soir ».
Source: Advances in Nutrition 30 November 2018 DOI : 10.1093/advances/nmy070 Chronotype: Implications for epidemiological studies on chrono-nutrition and cardiometabolic health
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