https://cdn6.lequotidiendumedecin.fr/sites/qdm/files/public/styles/image_principale/public/images/862631/79131_IMG_40877_HR.jpg https://cdn4.lequotidiendumedecin.fr/sites/qdm/themes/custom/qdm/logo.pngAnne-Lucie Acar | 08.11.2018

Une fille sur 10 déclare avoir subi une forme d’insulte ou de… Crédit Photo : SEBASTIEN Zoom

À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, UNICEF France publie les résultats de sa 4e consultation nationale des 6-18 ans. Une mine d’enseignement pour les chercheurs.

26 458 enfants de France métropolitaine et de Guyane, âgés de 6 à 18 ans, ont accepté de répondre à 165 questions sur le harcèlement. Il en ressort que 32 % d’entre eux déclarent subir des attaques et des moqueries blessantes à l’école. Leurs réponses, passionnantes, ont été analysées par Serge Paugam, sociologue, et Édith Maruéjouls, géographe du genre, et ont donné lieu à un rapport foisonnant, rendu public ce jeudi 8 novembre.

Inégalités perceptibles                                             

Depuis 2013, UNICEF France explore au travers de sa consultation les inégalités qui peuvent se traduire par des difficultés d’intégration sociale et d’épanouissement pour les enfants et les adolescents. Cette année, l’organisation a voulu étudier plus précisément les inégalités entre les filles et les garçons : le rapport met ainsi en évidence les discriminations spécifiques auxquelles doivent faire face les filles dès leur plus jeune âge.

La question du lieu de vie est déterminante : les enfants et les adolescents qui vivent dans un quartier populaire ou prioritaire ont un risque plus élevé de vivre des privations multiples que ceux qui vivent en centre-ville, et les filles sont en première ligne. En effet, celles-ci sont globalement plus affectées que les garçons par l’effet des facteurs sociaux. Autre point important souligné dans le rapport : la tenue vestimentaire est « une forme de discrimination sans issue pour les filles », est-il écrit.

Dans ce contexte, alors que près d’un tiers des répondants déclarent subir des attaques et des moqueries blessantes à l’école, les filles se disent mieux intégrées dans le système scolaire et identifient davantage la fonction protectrice de l’école. Un élément positif qui leur permet de bénéficier au mieux des ressources que le milieu scolaire peut leur apporter.

Risques numériques

Pour certaines, le répit n’est toutefois que de courte durée. Que ce soit sur Internet, dans les transports en commun ou dans l’espace public, l’enquête montre que les filles sont deux fois plus harcelées que les garçons. Une fille sur 10 déclare avoir subi une forme d’insulte ou de harcèlement dans les pouvoirs publics. En outre, dans les quartiers prioritaires, les filles restent davantage confinées dans l’espace domestique ou dans les lieux où elles se sentent en sécurité : elles laissent ainsi l’espace public aux garçons, ce qui n’est pas une solution sur le long terme…

Alors que plus de 62 % des répondants communiquent par Internet avec leurs amis et que 58 % sont présents sur un réseau social, Internet peut aussi se révéler un lieu de frustration et de mauvaises rencontres. C’est valable pour les filles, bien sûr, mais également pour les garçons : 9,5 % des jeunes interrogés (sexes confondus) déclarent avoir été agressés ou harcelés sur les réseaux, avec un maximum à 24 % chez les adolescents de 18 ans.

Recommandations nécessaires

Les données collectées grâce à cette enquête ont conduit UNICEF France à émettre un certain nombre de recommandations pour favoriser l’égalité entre les filles et les garçons. Et pour cheminer vers un accès aux droits qui soit le même pour toutes et tous. Faire de la place pour les activités « filles » dans les loisirs, renforcer l’information sur la sexualité, la santé sexuelle et reproductive et les risques liés aux addictions, accompagner l’enfance connectée avec vigilance ou encore construire un véritable espace partagé, avec une mixité des publics et des usages : telles sont, dans les grandes lignes, les préconisations avancées dans le rapport. Un programme ambitieux mais nécessaire, qui doit se poursuivre avec le concours de l’État, des parents et des enseignants. « Les progrès pour tous les enfants ne pourront se faire sans un changement radical du statut des filles », conclut Sébastien Lyon, directeur général d’UNICEF France.

Source : Lequotidiendumedecin.fr