Actualités – publiée le 22/02/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Birth
De trop longues périodes de sommeil pendant la grossesse sont identifiées par cette étude de l’Université du Michigan, comme associées à un risque accru de mortinaissance. C’est en explorant la manière dont les habitudes de sommeil maternelles peuvent être associées à la santé du fœtus, que l’équipe est parvenue à ces conclusions, documentées dans la revue Birth.
La mortinatalité affecte environ 1 grossesse sur 160 dans les pays riches, avec environ 10 fois plus de décès que le syndrome de mort subite du nourrisson. Environ la moitié des mortinaissances surviennent après 28 semaines de grossesse et beaucoup restent inexpliquées. En synthèse, si l’on en croit ces résultats, dormir plus de 9 heures d’affilée par nuit pendant la grossesse pourrait être un signal d’alarme prédictif de ce risque de mortinaissance tardive.
Concrètement, c’est l’analyse de données d’une enquête en ligne menée auprès de 153 femmes ayant vécu, au cours du mois précédent, une mortinaissance tardive (soit intervenue au cours des 28 dernières semaines de grossesse) et auprès de 480 femmes ayant eu une grossesse en bonne santé, interrogées au cours du troisième trimestre ou ayant récemment accouché, qui suggère cette association entre de longues périodes de sommeil maternel et ce risque accru de mortinaissance. L’association s’avère d’ailleurs indépendantes des autres facteurs de risque.
Quelques réveils nocturnes, un signe de bonne santé du fœtus ? « Les femmes enceintes déclarent se réveiller et se lever plusieurs fois dans la nuit », indique l’auteur principal, Louise O’Brien, chercheur à l’Université du Michigan au Département de Médecine du sommeil, de neurologie et d’obstétrique et de gynécologie : « Les réveils multiples durant la nuit au cours de la grossesse semble être plutôt protecteurs sous l’angle de la mortinatalité ».
L’hypotension artérielle en cause ? Une trop faible pression artérielle a été associée à des problèmes de croissance fœtale, à la naissance prématurée et à la mortinatalité. Des études complémentaires seront donc nécessaires pour confirmer et approfondir les liens qui peuvent régir la relation entre sommeil maternel et la mortinatalité, en se concentrant sur la manière dont le système nerveux autonome et le système hormonal sont régulés pendant le sommeil durant la grossesse. La tension artérielle atteint son point le plus bas pendant le sommeil mais en cas de réveil, l’activité du système nerveux s’accentue et provoque une augmentation transitoire de la pression artérielle. Il est possible que ces brèves augmentations de la pression artérielle permettent d’éviter de trop longues périodes de pression relativement basse.
Trop de réveils nocturnes et de mauvais résultats de la grossesse ? Un sommeil trop perturbé a également été associé à des résultats négatifs de la grossesse, comme le retard de croissance ou a contrario, une croissance prématurée. Les auteurs rappellent également les preuves de cette association entre les troubles du sommeil et de mauvais résultats de grossesse. En synthèse et prises ensemble, ces données ajoutent à la preuve du rôle clé joué par le sommeil maternel dans le bien-être et le développement fœtal. Réduire le risque de mortinaissance passe ainsi par la prise en compte du sommeil maternel, un facteur de risque somme toute modifiable.
« Le suivi du sommeil maternel a trop longtemps été négligé en tant que facteur possible de risques en santé maternelle et néonatale. Alors que de nombreux facteurs de risque de mortinatalité ne peuvent pas être modifiés une fois que la grossesse est commencée, toutes les interventions possibles permettant d’éviter de mauvais résultats, comme des interventions portant sur le sommeil maternel, sont à prendre en compte ».
Source: Birth 18 January 2019 DOI : 10.1111/birt.12416 Maternal sleep practices and stillbirth: Findings from an international case‐control study
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